Chapitre 27

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La nuit est tombée depuis bien longtemps, mais Amaury est toujours assis à côté de moi, sur la serviette. Des groupes de personnes sont encore là, j'entends parler allemand d'un côté, français de l'autre, et je crois percevoir de l'anglais aussi. A cette heure-ci, l'eau est calme, pas troublée par les mouvements des personnes. La mer est calme, les petites vagues s'échouent sur le sable, laissant derrière elles une légère écume. Le ciel est éclairé par les lumières de la ville, ce qui lui donne une lueur légèrement  rosée dans le bleu nuit qui nous entoure. Quelques mouettes volent au-dessus de nos têtes, d'autres sont posées sur l'eau à quelques mètres du rivage et attendent d'avoir leur repas. Des filles en bikini passent devant nous, et je ne vais pas mentir, elles sont plutôt pas mal foutues. Amaury doit penser la même chose, car il ne les lâche pas du regard bien qu'elles soient déjà plus loin. Au moment où je lève les yeux vers elles, leur groupe s'était arrêté et nous regardait ; elles parlaient entre elles, tout en nous lançant leur plus beaux sourires. Une grande brune soutenait mon regard ; tandis qu'une rousse dévorait mon meilleur pote de ses grands yeux.
« - Waouh No' t'as vu ça ?
- Ouais.
- "Ouais" ? C'est tout ce que tu trouves à dire face à des jolies filles comme elles ? Regarde la blonde avec le maillot orange, ne me dis pas que tu ne la trouves pas mignonne ?
- Honnêtement ?
- Bah oui, crétin.
- Non. Et j'ai Mila.
- J'ai ton frère, et pourtant je regarde quand même ces filles ! Tu sais très bien que ça reste entre nous ce genre de choses, donc vas-y, dis-moi.
- Je trouve la brune plus attirante.
Il y avait deux blondes dans leur groupe. Celle au bikini orange comme l'a si bien dit Amaury, et une autre, un peu plus petite, avec des formes qui sont bon sang plutôt sexy.
- Et l'autre blonde, avec le kaki, elle est plutôt canon aussi, je déclare, doucement, comme si je pouvais être entendu de tous.
Je regrette aussitôt lorsque je vois de qui il s'agit, quand la concernée se retourne à son tour vers nous.
- Putain Nolhan je vais finir par croire que tu te tapes vraiment cette fille !
- Je t'assure que je ne savais pas que ce serait elle !
Un air - beaucoup trop - malicieux sur le visage, Ivána s'approche de nous, laissant ses amies derrière elle, toutes aussi surprises les unes que les autres. Mais plus la blonde s'approche, plus je vois que sa beauté est réelle. Je comprends mieux la guerre entre Mila et elle. Encore faudrait-il que ceci en soit le sujet premier.
- Hey Nolhan, je pensais pas te voir ici, seul, me lance-t-elle.
- Je ne suis pas seul, Amaury est là, maugréai-je.
- Je parlais d'elle.
- On n'est pas obligés de vivre collé l'un à l'autre, elle s'occupe de son côté et moi du mien. 

Elle s'assied sur le sable, un peu trop près de moi à mon goût, et comme cette soudaine proximité ne semble pas la satisfaire entièrement, la voilà qui pose sa tête sur mon épaule, dans un calme et une simplicité consternante. 

- Hé, tu te prends pour qui là ? lui dis-je en la repoussant en veillant à ne pas lui faire mal. 

- Je m'installe confortablement, j'ai le droit non ? réplique-t-elle. 

- Non », lui dis-je sèchement.

Voyant qu'elle ne bouge pas d'un poil, je me lève, un peu brusquement, puis Amaury comprend sans poser de question. Nous rejoignons l'entrée de la plage en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, puis j'entends Ivána m'appeler. Elle ne lâche donc rien, plus têtue qu'elle je ne sais pas si ça existe. Je montre donc mon agacement et mon impatience, ce qui la fait sourire davantage. Celui-ci regorge de malice, de mauvais tour à jouer, son regard bleu en dit long, et ses cheveux longs et blonds sont déteints par le soleil. Ses lèvres sont pleines, rosées, comme si elle avait mis du rouge à lèvres. Involontairement, mon cerveau repense au moment où cette inconnue m'a sauté dessus pour m'embrasser. Il y a des moments où je souhaiterais pouvoir contrôler mes pensées et mon corps. Cette fille sait le charme qu'elle a, et elle n'hésite pas à l'utiliser pour arriver à ses fins. Son maillot kaki et son mini short en jean laissent apparaître les lignes de sa silhouette. Des parties de moi commencent à se réveiller, et je réalise soudain tout ce à quoi je viens de penser. Je dois parler avec cette blonde décolorée, pour savoir ce qu'elle veut une bonne fois pour toutes. Mila me tuerait de me savoir seul avec son ennemie jurée.

Et pourtant, rester est bien ce que je compte faire quand même.

L'illusion de l'espoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant