Chapitre 10

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Deux semaines sont passées, et Isaac et moi nous retrouvons à la veille de notre oral de français, et Mila de son oral d'espagnol. Elle est donc dans ma chambre en train de se concentrer sur ses dernières révisions, quant à moi, je suis dans la chambre de mon frère, avec lui, et nous nous interrogeons mutuellement sur divers sujets. Nous avons passé la journée à réviser, et je pense que nous sommes au point sur tous les thèmes et textes qui pourront tomber. Le roman, la poésie, l'essai, le théâtre, en passant par Les liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos, sans oublier notre cher Montaigne et son éternel Gargantua, puis le fameux Baudelaire, avec son recueil Les Fleurs du Mal. Il est bientôt minuit et j'interroge pour la énième mon double sur le roman, et il est vraiment au point ! Mais il est tellement stressé que je le comprends. Il m'interroge encore une fois, et il est presque une heure et quart du matin quand je retourne à ma chambre. J'y trouve Mila, couchée sur le lit, les fiches dans une main, mais assoupie comme à son habitude, au milieu du lit. Je me mets donc en tenue pour dormir, prépare mes affaires pour demain, sans oublier le nécessaire : convocation, pièce d'identité, tenue correcte. Je prépare celles de Mila car je sais qu'elle a passé son temps sur ses fiches plutôt qu'à penser à ses affaires. Par contre, ses vêtements sont déjà prêts sur le bureau, bien pliés. Ma curiosité est piquée, alors je regarde ce qu'elle a choisi de porter. Une robe rouge superbe, cintrée. J'ai hâte de la voir la porter, car je ne l'ai encore jamais vu, cette tenue. Au pied du bureau, je vois de superbes chaussures, rouges également, à talons, je crois qu'elle appelle ça des escarpins. Après avoir replié correctement sa tenue, je la décale dans le lit -car oui, elle est toujours au milieu- afin de pouvoir me glisser à mon tour sous la couette. Je me colle contre ma copine, la prends dans mes bras, et je m'endors assez rapidement. Je dois me lever dans moins de sept heures, et je sens que ma tête va exploser si je lutte contre le sommeil.

C'est jeudi matin, il est six heures quarante-cinq et mon réveil est en train de sonner. Je donne un coup énorme dessus, conscient que ça n'y changera pas grand-chose, mais me lève tout de même, tout en grinchant que je n'ai pas assez dormi. Mila est encore allongée, à dormir paisiblement. Plus pour longtemps, moi je vous le dis !
« - HÉ HO RÉVEILLE-TOI ! hurlais-je dans la chambre en tirant la couette.
- Mmh laisse-moi dormir encore un peu... grogne-t-elle.
- Mila, c'est le jour des oraux, lève-toi pour te préparer !
- Je suis vraiment obligée d'y aller ? demande-t-elle d'une voix tout endormie, en se relevant difficilement pour se mettre assise.
- Bien évidemment, que tu es obligée ! Allez, debout ! Ou c'est moi qui te traîne jusqu'en bas, habillée ou non !
Je ris après ce que je viens de dire, et je la vois me défier du regard. Je prends ça au pied de la lettre et vais la chercher, la soulève et la mets sur mon épaule, puis me dirige vers l'escalier.
- Nolhan, repose-moi, je suis à moitié nue ! rit-elle en me donnant des coups de ses mains dans le dos.
- Il fallait de lever de suite et pas me défier du regard, princesse ! Que voudras-tu pour le petit-déjeuner ? Un pantalon ? Une jupe ? Ou encore des tartines de confiture ?
Elle se prend au jeu qu'elle a elle-même lancé, et me répond :
- Je pense que je vais prendre une cuillère de dignité, et un bol de pudeur, me dit-elle sans arrêter de se mouvoir sur mon épaule.
- Excellent choix !» lui répondis-je.
Je la dépose sur l'une des chaises de la table à manger, et vais chercher tout ce qu'il faut pour notre repas du matin : du lait, des céréales, du pain et de la confiture, sans oublier le beurre car Mila adore beurrer ses tartines. Je ne comprends pas pourquoi, car à chaque fois que je me décide à le faire, ma confiture glisse aussi vite que je l'ai étalée. C'est pour ça que je préfère les céréales : c'est tellement moins compliqué ! Isaac ne tarde pas à nous rejoindre, et la tête qu'il a me ferait presque peur. J'ai l'étrange impression qu'il n'a pas dormi cette nuit, et à en voir ses yeux, il semble avoir pleuré.
« - Isaac ? Ça ne va pas ?
Mila le regarde aussi, et paraît aussi choquée que moi.
- Je... Je me suis pris la tête avec Amaury quand tu es parti, et disons que je n'ai pas beaucoup dormi à cause de ça... Je ne sais pas ce qui se passe, je ne sais pas non plus pourquoi on s'acharne à se battre l'un contre l'autre, mais il parait qu'un couple qui s'aime se dispute, sinon ce n'est pas un couple... »

Je ne sais que répondre à mon frère, et quand Papa et Marco entrent dans la pièce, je sais que ce n'est plus le moment d'en parler.

L'illusion de l'espoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant