Chapitre 29

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Je suis paumé. Complètement. Trois jours sont passés, et Amaury me jette des regards lourds de sens. Il est loin d'être stupide, je le sais bien. Je pèse le pour et le contre de cette situation, mais rien que de penser à ça me met mal. Mila me fuit, ne me regarde plus dans les yeux, et évite d'avoir à m'adresser la parole. Ivána pose des questions, et si je veux qu'elle me lâche, je lui réponds, mais sans m'éterniser sur la conversation. La rentrée est dans deux jours, les affaires scolaires sont éparpillées sur mon bureau, encore emballées, mais je n'ai pas eu le courage de me replonger dans le monde des cours et des cahiers. Mila ne dort pas ici depuis l'autre soir, et Spencer ne veut pas m'aider. Je ne sais pas ce qu'elle lui a raconté, mais s'il avait des fusils à la place des yeux, je serais mort au combat. Isaac ne veut se mettre personne à dos, alors il évite et Mila, et moi. Super, le frère. Marco a disparu de la maison depuis plus d'une semaine - peut-être même deux ? - je crois qu'Emily veut le garder que pour elle avant qu'il ne retourne sur le campus à la rentrée et qu'ils ne soient "séparés pour si longtemps" comme le dit si bien notre amie. Quant à Camélia, elle ne m'a pas adressé un seul mot depuis qu'elle nous a ramené Sergio, son "mec". Conclusion de mon été : je crois que j'aurais mieux fait de partir seul sur une île déserte afin d'éviter tout ce qui me tombe dessus depuis le début des vacances. Papa et Cyrielle ont été beaucoup pris par leur travail, et dès lors qu'ils le pouvaient, ils s'organisaient des week-ends de folie à travers le pays. Je vais dans le salon, m'affale dans le canapé tout en allumant la télévision. Je sors mon téléphone de ma poche ; 16h47. J'ouvre mon application pour les SMS, et survole le numéro de Mila. 

Moi : Tu es où ? 

Dix minutes. Vingt minutes. Quarante-cinq minutes. 

Moi : Mila, réponds-moi s'il te plait. 

Il est presque vingt heures lorsque mon téléphone vibre. 

Mila : Quoi ? 

Moi : On doit parler, tu ne crois pas ? 

Mila : Je n'ai rien à dire. 

Moi : Alors écoute-moi juste. 

Mila : On se voit lundi en cours. 

Ah. Bon. Je n'insiste pas plus. Je sens une présence derrière moi, et je n'ai pas besoin de me retourner pour savoir de qui il s'agit. 

« - Si tu dois me démolir, fais-le maintenant, que ça se finisse vite, dis-je à mon jumeau, debout dans l'entrée de la pièce à vivre.

- Je t'ai dis que je ne prenais aucun parti. Mais t'as quand même été con l'autre soir, de ce qui a été raconté. 

- Je sais, j'ai pas besoin que tu me le rappelles. 

On sonne à la porte, et pour couper court à cette discussion, je me lève d'un bond et cours vers la porte d'entrée. 

- On en reparlera, Nolhan ! me crie mon jumeau depuis la terrasse. 

Je fais abstraction de sa dernière phrase et me concentre sur la personne qui se tient devant moi. 

- Salut ! 

Je ne me rappelle plus de son nom, mais c'est le frère d'Ivána qui se tient debout, devant moi, avec sa chemise et ses lunettes qui feraient tomber n'importe quelle fille. 

- En quoi je peux t'aider ? 

Il doit voir que je ne me souviens plus de son prénom. 

- Adriel. Est-ce que Mila est là ? 

- Dis-toi que si elle était là, ce ne serait pas moi qui aurait ouvert cette porte. 

- Et saurais-tu par miracle où je pourrais la trouver ? 

- Si je le savais, je ne serais pas là. Ca te convient comme réponse ? 

- Pourquoi tu me parles comme ça ? Je ne t'ai rien fait, et je n'ai pas à prendre pour ma soeur. 

- Certes. Mais le fait que son comportement ait changé depuis qu'elle t'a croisé ne m'aide pas à me calmer. 

- De quoi tu parles ? 

- Elle a changé de couleur de cheveux, elle s'éloigne de plus en plus. 

- Elle a sûrement ses raisons non ? D'après Ivána, tu ne l'aurais pas trop repoussée l'autre soir à la plage. Donc tout remettre sur le dos de ta petite copine, c'est un peu gros. 

-Et tu te permets de juger en plus ? 

- Mila est mon amie. Si tu n'es pas capable de me dire où elle se trouve, alors on se voit en cours. Et c'est tout. Je venais juste pour ça, pas pour régler des histoires qui ne me regardent pas. 

- Adriel ? 

Je ne sais pas vraiment pourquoi je le retiens de partir loin de cette maison, mais je le fais quand même, et il ne recule pas. 

- Oui ?

- Il s'est passé quoi avec Mila... avant tout ça ? 

- Te raconter ce qui s'est passé me ferait vraiment plaisir, mais ce n'est pas à moi de le faire, pas en premier en tout cas. Donc demande-le lui. Mais sois moins con que tu ne l'es, parce que là t'es loin d'être celui à qui elle a envie de parler. 

- J'ai raison de croire que tu ne vas pas la lâcher ? 

- Je suis respectueux. Tant qu'elle est avec toi, je ne tenterai rien. Je suis pas le genre de mec à prendre la copine des autres. Je veux qu'on s'entende bien, toi et moi. Alors joue le jeu, mec ».

Ce gars est incroyable. Il vient de me planter devant chez moi, alors que c'est lui qui venait demander quelque chose.

Rien ne m'empêche de devenir pote avec ce mec. Son côté BCBG n'est peut-être qu'une façade. Et s'il était celui qui va m'aider à récupérer Mila ? 

L'illusion de l'espoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant