L'illusion de l'espoir

Chapitre 35

Ivána m'attend dans ma chambre. Elle est arrivée directement après les cours, et je reconnais que la voir couchée sur le ventre, sur mon lit, en train de bosser sur ses maths, c'est plutôt pas mal à regarder. Elle révise à fond cette matière alors qu'elle est déjà la plus forte de la classe sans rien faire. Je la regarde se concentrer sur ses cahiers, et je pense à ce qui l'a poussée jusqu'ici. Dans ma chambre. Je pense que j'ai pas dû comprendre quelques étapes, tout s'est passé si vite ces dernières semaines. De mon côté, je vais réviser mon français, et après mes cours d'Histoire parce qu'il parait que j'ai un examen là-dessus et que je n'en retiens absolument rien. A peine deux heures se sont écoulées lorsque Isaac vient toquer à la porte, me demandait si j'avais réussi à apprendre le fameux cours d'Histoire. Mon regard exaspéré lui signale que non, et il repart en rigolant. Ce cours aura définitivement ma peau ! Je regarde Ivána, longuement, et la détaille. Des yeux bleus presque gris, des cheveux volumineux blonds, longs et qui donnent un effet coiffés-décoiffés, une petite taille dans un corps plutôt plaisant.

« - Pourquoi tu me dévisages depuis dix minutes, Bouleau ? me demande-t-elle, en levant les yeux doucement.

- Je me demandais pourquoi il y a tant de haine entre toi et Mila. Une guerre au concours de beauté ?

- Ah, ah, si seulement c'était ça. Disons juste que mon cher frère l'idolâtrait un peu, tu vois ? Sauf que dans notre ancien lycée, sa réputation était la même que votre pote là Emily c'est ça ?

- La même réputation qu'Emily ? Impossible, on parle pas de la même Mila, ricanai-je.

- Et pourtant ! Tu sais, je ne suis pas aussi mauvaise que ce qu'elle a dû te dire.

- Je n'en doute pas une seconde.

Je me rapproche du lit sur lequel elle est toujours couchée, et à son tour, elle se redresse pour s'asseoir. Je pose ma main sur sa joue, je lui prends le menton pour qu'elle me regarde, et son regard me montre sa confiance en elle.

- Je n'écoute pas toujours ce qu'on me dit, Ivána. Tu devrais le savoir, non ?

Je lui donne un baiser, qu'elle me rend parfaitement.

- Elle racontait partout vouloir jouer avec Adriel. Alors comme elle l'avait prévu, un jour elle est allée le voir. Lui pensait enfin que ses sentiments étaient réciproques, sauf que non. Je lui en veux pour ça, d'avoir joué avec lui. Et de s'en être vanté dans le lycée. Mon frère était loin de faire partie des populaires, et quand elle est partie, il est tombé très bas, car les "grands" lui ont fait comprendre qu'il était pas le bienvenu et que Mila s'était juste foutue de lui. Depuis, il s'est vengé ; il a changé du tout au tout, la seule chose qu'il ait gardé c'est sa générosité.

- Mais pourquoi tu t'es mis en tête de le venger de Mila en passant par moi ?

- Le premier jour où je t'ai vu, lors de tes oraux, tu m'as plu, c'est vrai. Quand je t'ai recroisé quelques jours plus tard, je l'ai aperçue avec toi. Je pensais à une mauvaise coïncidence. Et il s'est avéré que c'était ta copine, et là, je reconnais que mes pensées étaient vraiment affreuses. Adriel disait que ça n'en valait pas la peine. Mais j'ai tenté.

- Tu sais que, malgré tout ça, Mila est une gentille personne ?

- Je le sais Nolhan.

- Mais tu viens de me dire que

- Elle était ma meilleure amie avant tout ça.

Et là, tout disjoncte dans ma tête. Jamais je n'ai entendu parler de cette amitié passée.

- Viens là.

Mon ton se fait dur, comme si je lui donnais un ordre, sans échappatoire possible. Cependant, elle ne semble pas s'en inquiéter et viens vers moi. Je m'installe mieux sur le lit, et elle vient à califourchon sur moi. Je l'attrape par la taille et je l'embrasse, et la connexion qui se fait est étrange. Electrique, puissante, remuante J'en ai même du mal à la qualifier.

Ivána

Ce baiser est de loin le meilleur que j'ai jamais reçu. Nolhan est très Disons qu'il sait ce qu'il fait. Il est doux et sauvage à la fois, c'est vraiment incroyable. Mila a des bons goûts, ça je dois bien lui laisser. Mais alors à ce point, je l'ignorais. Ce n'est pas comme ça que j'aurais mes examens, mais on ne vit qu'une fois, et au pire je réviserais plus longtemps demain. Mon téléphone vibre, alors je me détache de Nolhan doucement.

Adriel : Dans moins de dix minutes on sera devant la porte, évitez la tenue d'Adam ;)

Je ne peux m'empêcher de pouffer devant son message.

- Adriel me dit qu'ils seront là dans vraiment pas longtemps.

- OK. J'ai soif, tu veux quelque chose à boire ?

- Bah attends, on a qu'à descendre avec Isaac pour aller regarder un film non ?

- Yes.

Je sors de ma chambre, et j'ouvre la porte de celle de mon jumeau sans poser de question et lui propose le plan et sans tarder, il se retrouve en bas avant même que j'aie fini ma phrase. Dans la cuisine, je prépare trois verres avec du Coca, lorsqu'une paire de bras vient m'encercler par la taille.

- La boisson peut attendre, joli brun. Par contre, moi

Elle pose sa bouche sur la mienne, et instantanément, mon corps réagit. Tiens, ça faisait longtemps d'ailleurs. Je la serre contre moi, de manière à ce qu'elle sente ce qu'elle me fait. Je la soulève du sol, l'assoit sur le plan de travail en face de moi, la rapproche du bord pour l'avoir tout contre moi et l'embrasse de plus belle.

La porte d'entrée s'ouvre, et c'est tout ce que j'entends : je m'enivre d'Ivána, tellement que plus rien n'existe. Pas même Adriel qui nous regarde, surpris, ni même Mila qui me fusille du regard. Tout ce dont j'ai conscience, c'est Ivána, son corps et mon excitation. Et le problème est là.