L'illusion de l'espoir

Chapitre 8

Nous sommes au moins de juin, et ce mois de juin est chargé. Les examens, la fête de la musique, les jours fériés, les vacances, la chaleur, les premiers touristes, tout ce qu'on adore et ce qu'on déteste réunis en un seul mois. Étant donné que nous sommes dans un lycée français avec tout de même un bâtiment espagnol, nous avons certains cours avec Emily, Camélia et Amaury, mais nous les avons également en français dans la semaine. Après trois ans et demi, nous nous sommes habitués à parler et comprendre la langue nationale, ce qui est une bonne chose puisque nous pouvons donc suivre les cours de spécialités qui sont obligatoires.  

Il nous reste une quinzaine de jours avant nos examens écrits et oraux que l'on a en première, et après ça, nous serons tranquilles. Mila le passe en espagnol et en français, tandis qu'Isaac et moi le  passons uniquement dans cette dernière langue. Les profs sont de plus en plus stricts et font passer de plus en plus d'examens qu'ils appellent « d'entrainement ».  Aujourd'hui, c'était sur le roman. Je vais leur faire bouffer leurs romans, j'en ai marre ! Bien sûr que je déteste lire, qui aime ça de nos jours ? Mais je fais un effort, car je me dis qu'après ces fichus examens, je n'aurais plus besoin de faire tout ça. La journée se termine, nous convenons de nous retrouver au terrain de volley sur la plage à dix-huit heures, pour se détendre. Nous avions décidé de cette organisation à la mi-avril,  quand la chaleur commençait à se faire ressentir. On y amenait nos affaires de cours pour réviser au grand air, tous ensemble et s'aider si besoin dans les cours, ce qui arrivait plutôt souvent. Maintenant, Spencer se joignait aussi à nous, et il faisait de son mieux pour s'intégrer dans la bande. D'un côté, je n'ai toujours pas compris comment Mila a pu le pardonner, mais ce qui me plait par contre, c'est qu'il a arrêté de me chercher et au contraire, il nous taquine, maintenant. De l'autre côté, les deux me paraissent bien plus souriants et heureux comme ça, ils semblent avoir retrouvé la relation qu'ils avaient perdue, et si c'est le cas, ils étaient vraiment très proches il y a trois ans et demi. Alors je me pose sur le sable, et les regarde. Ouais, OK, je les observe. Mila m'a dit qu'il se soignait, ses agissements étant dûs à une maladie. 

Je crois que j'étais parti très loin dans mes pensées, car quand Mila me saute dessus, je réalise que je ne l'avais pas vue arriver. Elle me fait tomber complètement dans le sable, qui se mélange instantanément à mes cheveux et qui rentre dans chaque fibre de mes vêtements. Je la colle contre moi puis la retourne pour qu'elle soit elle aussi submergée par le sable, et elle se tord de rire. C'est contagieux car j'explose de rire aussi, bientôt suivis d'Isaac et Amaury, puis de Spencer, Camélia et Emily. Nous allons vers l'eau où nous jouons ensemble pendant plus d'une heure, avant de nous rendre à notre second lieu favori : le bar de la plage. Bientôt nous serons majeurs et nous pourrons commander autre chose que des sodas et jus de fruits, mais jusqu'à aujourd'hui, aucun de nous ne s'en est plaint. Le petit coca rafraîchissant, ou encore le jus de fruit bourré de vitamines qui comble le filles, nous trouvons toujours notre bonheur. Les gérants nous connaissent bien depuis le temps, et ils nous laissent tranquilles quand ils s'aperçoivent que nous travaillons nos cours. À la fin de la journées ils nous rejoignirent pour nous aider à réviser les points du cours que l'on n'avaient pas compris.
Il est vingt-et-une heure quand mon téléphone sonne ; c'est Papa qui m'appelle, alors je décroche rapidement :
« - Oui ?
- Vous êtes où ? dit-il un peu durement.
- On était à la plage et là on est en train de finir de réviser, on n'avait pas vu le temps passer, désolé !
- D'accord, mais rentrez vite, il se fait tard quand même.
- On se met en route dans cinq minutes ! À tout à l'heure !
Et on raccroche.
- Bon, les gars, mon père vient de me demander de rentrer, et je crois qu'on a effectivement beaucoup traîné ce soir, car il est vingt-et-une heures passées !
Un petit rire général se fait entendre, et tout le monde est d'accord. Nos routes se séparent deux rues après la plage, et je continue la mienne avec Isaac, Mila et Spencer.
- Isaac ? je lance.
- Ouais ?
- Pourquoi Amaury ne vient pas ? Ça fait plus de deux semaines qu'il n'est pas venu à la maison, et toi non plus tu n'y es pas beaucoup allé...
- Je... Hum. C'est compliqué. On s'est pris la tête pour des conneries, et depuis c'est un peu tendu, me répond-il sans entrain.
- Tout va bien ? Vous n'allez quand même pas vous... Séparer ? je m'inquiète vraiment.
- Il n'y a pas de raison, ou alors je ne les connais pas...
- Dis pas ça, il t'aime c'est certain ! Appelle-le et dis lui de venir ce soir ! Ce n'est pas trop tard tu sais ?
- Merci Nolhan, mais je pense que je vais attendre un peu, encore.
- J'espère que tout s'arrangera.
- Je l'espère aussi ».
Il soupire, et je me sens mal pour lui. Il va falloir que je parle avec mon meilleur pote pour en savoir plus.
Je regarde devant moi, et vois ma princesse dans les bras de son frère, assoupie, plus calme que mon esprit en ce moment même.