L'illusion de l'espoir

Chapitre 4

Mila 

Je sors de sa chambre à reculons, car je ne veux pas partir. Mais quand je vois ses yeux menaçants, je me dis que je dois absolument sortir. C'est donc ça qu'il a ressenti quand je lui avais fait comprendre que je ne pouvais pas être avec lui, au tout début de notre relation ? Je vais m'enfermer à la salle de bains, et je me mets à pleurer d'avoir à choisir entre mon frère et mon copain. Si seulement je pouvais lui expliquer... Il comprendrait peut-être... Je me passe de l'eau froide sur le visage, et je décide de redescendre même si je sais qu'il est en bas. Si mon frère est parti à ses vingt ans de la maison et qu'il a coupé les ponts principalement avec moi, c'est parce que je voulais lui en faire baver comme lui m'en a fait baver. Je ne sais pas ce qui lui prenait de me faire ça, mais ce que je sais, c'est qu'il m'avait fait promettre d'en parler à personne.  Je ne sais pas pourquoi, en grandissant, et surtout maintenant, je n'en parle toujours pas. J'arrive au salon, il me suit du regard et quand il voit que je ne m'arrête pas, il se lève. Bien, il est toujours plutôt intelligent, c'est déjà ça. 

    « - Mila... commence-t-il.

- Non, laisse-moi parler, sale égoïste. A cause de toi, de ce que tu m'as dit il y a trois ans, de ce que tu as encore dit toute cette semaine, Nolhan vient de me lâcher. Soit, je lui parle de tout ce que tu m'as dit et fait, soit je dois l'oublier. Quelle option facile, étant donné qu'on vit maintenant dans la même maison ! Pourquoi tu fais ça Spencer, ça t'apporte quoi exactement ? Ça te fait du bien de me voir souffrir ? J'avais enfin une vraie relation, dans laquelle tu n'étais pas encore intervenu, tu t'es senti obligé ? Merci, Spencer, merci beaucoup ! 

Et là, je ne peux plus, je m'effondre à nouveau, car la douleur brûle à feu vif dans mon cœur. Il s'approche alors de moi, et je le sens comme avant, alors je me crispe.

- Écarte-toi, s'il te plait.

- Et pourquoi ? Je n'ai pas le droit de te réconforter ? il semble surpris. En plus, tu t'es encore embellie, petite Mila...

Bon sang, non, pas encore... Je suis comme paralysée, je ne peux pas parler, et encore moins hurler. Il a repéré les coins les moins passants de la maison, le connard... 

- Allez, laisse-moi voir comme tu as changé !

J'ai beau pensé à tous les mouvements que je veux faire, mon corps ne réagit pas. Et lorsqu'il glisse sa main sous le haut de ma robe, je sais que personne n'arrivera avant qu'il ne parvienne à ses fins. Et là, je me vois trois ans et demi en arrière, quand tout a commencé. Les images tournent, encore et encore dans ma tête, de lui, me faisait encore et encore ce qu'il me fait en ce moment même. Je veux crier, hurler, appeler à l'aide, mais mon corps entier m'abandonne. Je ne comprends pas comment Maman ne l'a jamais remarqué. Je venais d'avoir quinze ans, et elle était souvent dans la pièce voisine. Tout a d'ailleurs commencé le jour de mon quinzième anniversaire. J'étais dans ma chambre, j'étais en train de m'habiller et il m'a glissé un "tu es jolie aujourd'hui, plus que d'habitude ". Je pensais qu'il disait ça sans mal derrière. Il s'est avéré que ses attouchements sur moi ont vu le jour le jour-là. Ça n'a jamais été plus que des attouchements, et après tout, quand on est petits, tous les frères et sœurs se " touchent ", donc je n'ai jamais vraiment compris. Mais j'ai grandi, et aujourd'hui, je m'évanouis, car je sais désormais ce que c'est, je peux mettre un nom dessus.  

- Laisse... moi... C'est tout ce que j'arrive à dire. 

Nolhan

Après ce qui vient de se passer, j'ai besoin de prendre l'air. J'ai déjà réussi à faire tomber un minimum la pression, mais j'ai besoin d'air frais. Je descends les marches deux par deux, et je tourne pour ne pas avoir à traverser le salon où se trouvent Papa, Cyrielle, Patrick et Marco. J'avance doucement quand même pour essayer d'écouter leur conversation, mais un détail capte mon attention : le petit sac à main de Mila. Je m'avance pour voir par la porte en verre si je l'aperçois dehors, mais ce que je vois à la place me fait hurler. Enfin, ça, c'est si j'avais ma voix. Ce qui se déroule devant moi est la pire chose que je pouvais imaginer de la part de Spencer. 

« - Putain enfoiré lâche-la !!! Dégage !!! ma rage envers lui ne cesse d'augmenter. Mila, réveille-toi ! Mila ! ».