L'illusion de l'espoir

Chapitre 5

J'ose espérer que c'était de ça que Mila n'était pas prête à me parler, parce que putain, si elle a vécu pire que ça, elle est encore plus brisée que je ne le pensais ! Je prends un grand verre d'eau et lui en verse un peu sur le visage en lui donnant de toutes petites tapes sur les joues, pour qu'elle revienne à elle.
« - Et TU te méfiais de moi ? Depuis quand tu lui fais ça putain ?! Dégage d'ici ! DEHORS !

Je lui lance le pire regard que je peux à ce moment-là, puis je reviens à ma nouvelle demi-sœur, qui a beaucoup de mal à revenir à elle. 

- Mila, bébé, s'il te plaît, c'est moi, tu ne crains plus rien... 

Elle ne rouvre pas les yeux mais s'agrippe à moi comme si j'étais une bouée de sauvetage.

- Nolhan...

Je la soulève et l'emmène dans ma chambre, et je l'allonge sur le lit sans plus attendre. 

- C'était de ça que tu ne voulais pas me parler, Mila ? Dis-moi que ce n'est rien de pire... 

- Je suis... Désolée... 

Elle se met à pleurer, et je ne peux que la prendre dans mes bras, et lui promettre que plus rien ne lui arrivera tant qu'elle sera avec moi. 

- T... Toi ... 

- Quoi ?

- Ne me laisse plus, Nolhan, ou alors, si tu le veux vraiment, pas tant qu'il est là... 

Ses yeux sont emplis de peur, de tristesse, mais surtout, et c'est le pire, c'est qu'ils ne reflètent rien d'autre. On toque à la porte, et j'attends l'accord de ma blonde pour aller ouvrir. Elle me le donne, alors je vais à la porte, pour y trouver mon père et sa nouvelle femme. Les deux ont dû entendre mes cris de tout à l'heure, et Papa me jette un coup d'œil inquiet, puis sur Mila. 

- Que s'est-il passé ? me demande-t-il.

- Ce n'est pas à moi d'en parler, Papa, et si je n'avais pas été là, je n'en saurais rien non plus.

- Ma chérie, qu'est-ce qui s'est passé ? s'inquiète sa mère. Dis-moi tout, s'il te plait... 

- Tu devrais lui dire, vraiment, je l'encourage. Elle me supplie intérieurement, mais elle sait pertinemment qu'elle doit en parler.

- C'est... Spencer, maman. Depuis mes quinze ans, à chaque fois que je me suis retrouvée seule avec lui, il... Il me faisait des attouchements. Avant qu'il parte de la maison, je ne savais pas ce que c'était, alors ça ne me faisait rien. Mais là... j'ai grandi, je sais que c'est punissable par la loi, mais maman, ce n'est pas ce que je veux... 

- Quoi ? Tu veux dire qu'avant son départ... Oh mon dieu... Et je n'ai rien vu ! 

Elle prend fort sa fille dans ses bras et elle pleure aussi. Papa me prend l'épaule et me dirige à l'extérieur de la chambre. 

- Je ne veux plus la laisser seule Papa, s'il te plait. 

- Elle est avec sa mère et Spencer n'est plus dans le coin. 

- Pour l'instant ! Imagine une seconde qu'il revienne ici, et qu'il s'en prenne à nouveau à elle... 

- Nous veillerons à ce qu'il ne lui fasse plus aucun mal, ok ? Maintenant, respire un grand coup. Le principal est qu'elle aille bien non ?

Je sais qu'il se veut bienveillant, mais l'image de ma copine, évanouie dans les bras de son grand frère qui est en train de la toucher, me donne une poussée d'adrénaline que je vais avoir du mal à apaiser.

- Je pense donc que, malgré la situation, c'est le moment de le dire : il va reprendre des études, et donc il vivra dans la maison de Cyrielle et Mila. Je sais que ça va prendre du temps, et encore plus maintenant, mais essayez de vous entendre ne serait-ce qu'un minimum.

- Je verrais ça au moment venu. Là tout de suite, j'ai juste envie de le tuer, pour ce qu'il a fait vivre à sa sœur. Et je ne dis pas ça parce qu'elle est ma copine. Ça pourrait être Emily ou Camélia, je réagirais de la même manière.

- Tu sais ce que ta mère dirait ?

- Non ?

- Elle te dirait de pardonner pour vivre l'esprit libre, et non embrumé. Je sais que ce qu'il a fait est difficilement pardonnable, mais si ta mère te le disait, je suis sûr que tu y arriverais. Alors fais-le pour elle, pour Mila, et surtout pour toi ».

Le pire avec tout ce qu'il vient de dire, c'est qu'il a raison. Horriblement raison.