CHAPITRE 3

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La semaine s'était déroulée sans embûches. Il n'était rien arrivé de transcendant à Changkyun, à son plus grand malheur. Le jeune homme rêve d'une vie mouvementée, pleine de rebondissements. Il voulait rire, se mettre en colère et même souffrir à en verser toutes les larmes de son corps. Il ne voulait plus être stoïque face au monde, il souhaitait être plus « humain ». Malheureusement, il ne ressentait rien, il était indifférent. Pourquoi ? Était-il un monstre ? C'est ce que se demandait le brun.


Ce vendredi soir, la famille Im est réunie autour d'un repas. Madame Im essaie tant bien que mal de combler le silence pesant. Elle leur conte ses aventures au travail, en tant qu'avocate, ses journées sont chargées et variées. Son mari, lui, est chef d'une grande franchise de vêtements de luxe. Il est également très pris par le travail. Néanmoins, ils ont tous les deux réussis à se libérer pour ce week-end. Enfin, c'est ce qu'ils promettent toujours. La plupart du temps, ils finissent par s'enfermer dans leur bureau respectif afin de terminer certains dossiers ou d'étudier quelques contrats. Changkyun en a l'habitude et ne se fait plus d'illusions. Lors de son enfance, il avait longtemps espéré passer un moment avec ses paternels pourtant ça n'avait jamais été possible. Au fur et à mesure, il avait arrêté de supplier ses parents pour passer quelques instants avec lui. Il avait compris que les promesses étaient faites pour être brisées. Était-ce à partir de ce moment qu'il s'était éloigné d'eux ? Le jeune étudiant ne s'en souvient plus, ça fait si longtemps que le dialogue est rompu. C'est pour cela que le fils écoute d'une oreille distraite sa mère déblatérer anecdote sur anecdote.

- ... et donc je pense que ça peut être une bonne idée d'y aller. Tu es d'accord, Changkyun ? Interroge la femme.

En entendant son prénom, le concerné relève brusquement la tête. Son visage affiche de la confusion et ses paternels le remarquent.

-    Fiston, je suppose que tu n'as pas écouté, n'est-ce pas ? Demande le père.

À ces mots, ledit « fiston » tique. Depuis quand l'appelle-t-il ainsi ? Néanmoins, il se reprend et décide de répondre.

-    Excusez-moi, j'étais distrait.

-    Oh... ce n'est pas grave, ton père et moi disions que ce serait bien d'aller demain au musée d'histoire de Séoul. Il n'est pas si loin de la maison et une collègue m'a dit qu'il y a une nouvelle exposition. Que dirais-tu de venir avec nous ? S'enthousiasme la mère.

-    Non merci, ça ne m'intéresse pas, répond froidement le fils.

-    Je vois... murmure la femme en tentant de sourire.

Le dîner se termine dans le calme, plus personne n'avait envie de parler. Les parents étaient déçus et essayaient de se remettre de cet échec. En y repensant, c'était peut-être de leur faute si leur progéniture se comportait ainsi. Ils avaient sûrement raté quelque chose dans son éducation. Ils se sentaient si impuissants... Étaient-il de mauvais parents ? Ou était-ce la faute à pas de chance ? Ils n'en savaient rien.

Ils finissent par débarrasser les plats alors que Changkyun part dans sa chambre. Il s'assoit sur une chaise face à son bureau et profite du calme pour ranger le tas d'affaires qui le recouvre. Il range ses crayons, sa peinture à l'huile ainsi que ses pinceaux méthodiquement. Ensuite, il met chaque dessin dans un classeur, il en profite pour contempler les dernières esquisses qu'il a réalisé. Son regard tombe sur une en particulier. Celui de l'inconnu ou plutôt Kihyun si sa mémoire est bonne. Il ne l'a pas revu depuis plusieurs jours, il a envie de le revoir. Le dessinateur se met, soudainement, à repenser à sa mission d'espionnage. Le châtain travaille dans un musée... le musée d'histoire de Séoul, se rappelle-t-il.
Tout à coup, il bondit de sa chaise. Bon sang, ce qu'il pouvait être idiot ! Pourquoi avait-il refusé la proposition de sa mère alors qu'elle voulait l'y emmener ? Il lâche un juron, il n'avait pas fait le rapprochement et était resté focalisé sur les inconvénients de cette sortie. Il faut qu'il saisisse sa chance. Il sort rapidement de sa chambre faisant, malencontreusement, claquer la porte. Il descend à la même vitesse les escaliers et traverse le salon afin d'aller dans la cuisine. Par chance, ses parents y sont toujours. D'ailleurs, ces derniers se retournent brusquement en l'entendant arriver. Le fils Im souffle sous le regard empli d'incompréhension de ses paternels.

Rain, pain and tears Où les histoires vivent. Découvrez maintenant