La soirée était vite passée et Hyungwon décida, à vingt-deux heure, qu'il était temps pour lui de rentrer chez lui. Kihyun avait protesté et l'avait presque supplié de rester avec lui mais le mannequin avait poliment refusé. L'hôte finit par céder même s'il était peiné.
La porte claque, le châtain fixe quelques secondes sa porte en bois, il soupire. Seul. Il n'avait que pour compagnie sa terrible solitude. À cette pensée, son cœur se comprime. Il part dans sa cuisine afin de faire la vaisselle, il espère que cela lui fera penser à autre chose. Peu à peu, les muscles de son corps se décrispent. Kihyun a toujours était maniaque, il a pour habitude de replacer correctement les affaires qui ne sont pas positionnées correctement. Lorsqu'il était plus jeune, elle disait qu'il était une fée du logis en plaisantant. À chaque fois, il s'était offusqué sous son regard rieur. Est-ce qu'elle en aurait encore ri aujourd'hui ? Il sort de ses songes lorsqu'il entend une sonnerie, il lâche son chiffon et le pose délicatement sur le bord du lavabo. Il se dirige ensuite dans le salon, où son ordinateur portable reposait sur la table, et il constate que son père le contacte via Skype. Il pince ses lèvres et hésite quelques instants à décrocher. Finalement, il répond à cet appel et force un sourire.
- Ah fils ! Tu réponds enfin, j'ai bien cru que tu allais ignorer ton vieux père, rit l'adulte.
- Papa, tu sais très bien que je ne ferai jamais ça, répond le fils calmement.
- Certes. Laisse-moi t'observer un peu, répond le paternel en approchant son visage de l'écran dans l'espoir de mieux discerner le visage de sa progéniture. Dis donc, tu n'as pas un peu maigri ? Tu manges à ta faim ?
- Mais non ! Bien sûr que je mange à ma faim... où est-ce que tu vas chercher ça ? Tout va bien.
- Hum. Tu as certainement raison, après tout, cela fait longtemps que nous ne nous sommes pas parlé. Tu veux me laisser dépérir, ah ! Je suis si vieux, j'ai déjà un pied dans la tombe, plaisante monsieur Yoo.
- Papa... tu sais très bien que je déteste quand tu parles de ça et puis tu n'as que cinquante-cinq ans !
- C'est bien ce que je dis ! Sourît-il.
- Ah ! Tu m'énerves, râle le châtain.
- Je rigole, fiston.
- Hum. Comment elle va ? Tu as des nouvelles ?
Un long silence s'installe, le père et le fils se regardent à travers leur écran respectif sans rien dire. La tension est palpable, Kihyun retient sa respiration.
- Rien n'a changé, tu le sais bien. Elle est toujours réduite à l'état d'un légume. Enfin parfois, elle a des crises qui la font sortir de sa torpeur... je me demande si ce n'était pas mieux lorsqu'elle était comme... « morte ».
- Je vois ce que tu veux dire, ses crises d'hystéries sont effrayantes et je ne veux plus jamais y assister.
- Moi non plus, Kihyun. Moi non plus, répète distraitement le père. Sinon, ça va le travail ? Il faudrait que je vienne te rendre visite au musée un jour !
- Garde ton argent pour subvenir à tes besoins déjà. C'est le plus important, papa.
- Voyons, je suis assez vieux pour prendre des décisions seul. Je n'ai pas de problèmes d'argent, tente de rassurer le géniteur.
- Papa...
- Ça va, c'est trois fois rien. Tu savais que Monsieur Kim s'est mis à...
Kihyun n'écoute plus. Une notification s'affiche sur son téléphone et accapare toute son attention, il attrape son appareil sous le regard empli de curiosité de son père. C'est un message de Changkyun. Le guide s'empresse d'ouvrir l'application afin de savoir que lui dit le plus jeune.
« Salut Hyung. Je suis désolé d'être parti si précipitamment, je n'ai pas trop envie de justifier ce départ mais sache que tu ne m'as rien fait. Je ne veux pas que tu te fasses du souci pour ça. »
Inconsciemment, ledit « Hyung » laisse un sourire orner son visage fatigué. Son père le remarque.
- Tu parles à Hyungwon ? Questionne-t-il.
- Non, à un autre ami. Il s'appelle Im Changkyun.
- Im... hum ça me fait penser à quelque chose mais je ne m'en rappelle plus, lance-t-il d'un air pensif.
- Tu devrais aller te reposer, il se fait tard, conseille le fils.
- C'est plutôt à moi de te dire ça fiston, glousse monsieur Yoo. Je suis ton père et puis tu travailles plus que moi, je me rapproche de la retraite.
- Bonne nuit papa, répond-il d'un air attendri.
- Bonne nuit fils, je t'aime et j'espère que l'on se verra bientôt.
- Je l'espère aussi et je t'aime aussi. À la prochaine.
Ils se font un signe de la main puis l'appel visuel se coupe subitement. Kihyun repose ses yeux vers son téléphone et se dit qu'il devrait peut-être répondre. Il se lève et se dirige vers sa chambre tout en écrivant.
« D'accord, j'espère que tu vas bien », lui répond-il.
Il pose son téléphone sur sa table de nuit et prend son pyjama. Il se dirige, ensuite, vers la salle de bain et se lave en dix minutes chrono. Lorsqu'il revient, il marche tranquillement vers son lit, une serviette blanche autour du cou. Ses cheveux sont encore un peu humides. Il semble fragile avec son short blanc qui laisse découvrir ses fines jambes blanches et son large t-shirt rouge. Il s'allonge délicatement sur son lit et attrape son téléphone. Changkyun lui avait répondu. Il s'empresse de lire.
« Merci de ne pas poser de questions, je t'en suis reconnaissant. »
Il réfléchit à ce qu'il peut répondre puis se met à taper sur l'écran rapidement :
« C'est normal, ça fait partie de ton intimité. Tout le monde a un jardin secret. »
Le cadet lui répond presque aussitôt :
« Même toi ? »
En voyant ce message, kihyun bloque. Il ne peut amorcer aucun mouvement puisqu'il est tétanisé. Il se met à penser à elle. Il lâche son téléphone, celui-ci tombe au sol et le réveille de sa paralysie. Il se penche pour attraper la machine mais constate que ses mains tremblent. Il renonce à récupérer l'appareil et le laisse parterre. Il se rallonge, il doit faire le vide dans sa tête et ne pas penser à ça. Malheureusement, il est faible, il ne peut empêcher ces pensées putrides et néfastes de l'assaillir.
De simples mots avaient réussi à le mettre dans tous ses états. Que lui arrive-t-il ? Depuis quand n'arrive-t-il pas à raisonner correctement ? Il a l'impression de redevenir un enfant. Kihyun a peur. Il est seul, il veut quelqu'un à ses côtés pour le rassurer. Il ne veut plus de tout ça, à force de se tordre, il va finir par se briser. Le jeune homme prend conscience qu'il doit arrêter de feindre l'indifférence sur les événements de son passé. Il n'est pas intouchable. D'ailleurs, personne ne l'est alors il n'a pas à avoir honte de sa faiblesse. Après tout, l'homme est faible et le sera toujours malgré ses avancées technologiques. Rien ne sert de combler son impuissance par la force de machines. Kihyun vient de s'en rendre compte et c'est sur ces dernières pensées qu'il sombre dans un sommeil profond et sans rêve. L'endormi n'entend donc pas son téléphone émettre des sons à plusieurs reprises. En effet, Changkyun lui avait laissé plusieurs messages qui resteront sans réponse jusqu'à l'aube.
À moins que ces interrogations soient, à l'avenir, ignorées ?
Et un nouveau chapitre ! J'espère qu'il vous plaira. Dites-moi si vous voulez un autre chapitre dans la journée ou durant le week-end parce que celui-ci est assez court.
J'en profite pour remercier toutes les personnes qui lisent mon histoire, ça me touche énormément. Je vais travailler davantage afin de m'améliorer.
Merci.
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Rain, pain and tears
FanfictionIm Changkyun, vingt-deux ans, vit au sein d'une famille brisée. Le dialogue est rompu depuis bien longtemps. Il n'a que deux précieux amis qui doivent supporter son caractère froid et parfois cruel. Yoo Kihyun, vingt-quatre ans, attire de nombreuse...