Partie 1 - Chapitre 4

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 Nous avons fait un petit tour dans la salle commune, puis dans la salle de classe qui contenait un nombre de livres et de manuels plus important que la bibliothèque communale à deux pas de chez moi.

Nous avons filé dans le réfectoire et sommes allés discrètement chercher des barres de céréales dans un placard, un vrai délice, nous avions beaucoup trop faim !

Nous avons regagné notre chambre. Sur la porte avaient été placardées nos photos avec nos prénoms en dessous.

Nous sommes entrés et nous attendaient sur nos lits en plus de nos trousses de toilettes, un haut et un bas en toile pour la nuit ainsi qu'un planning et le dossier avec les innombrables pages de règlements et d'explications.

Nous avons été regroupés dans la salle d'études et Anne nous a expliqué bien précisément la mission, consciente que nous ne lirions pas le formulaire en entier.

— Dans un mois ? s'est écrié Sol.

— Non, dans trente jours, a rectifié Anne. Dans trente jours vous plongerez dans un long sommeil et dans une centaine d'années, ou moins, vous vous réveillerez dans un nouveau monde.

— Sauf ceux qui ne survivront pas, a ricané Arès, un garçon aux gros bras, en se balançant sur sa chaise.

Il avait raison. Lesquels d'entre nous ne reviendraient pas à la vie ? J'y ai réfléchi tout le long de l'heure qui a suivi.

Le réfectoire était une vaste pièce meublée de tables rondes et de chaises en plastique design. A droite de la porte et sur tout le pan du mur qui lui était perpendiculaire, un self avec entrées, plats, desserts.

J'ai saisi un plateau et mon cœur s'est emballé, tant de choses à goûter... Adonis et moi, en un regard, avons compris ce que l'autre ressentait.

Je me suis servi un beau morceau de pain blanc, une salade composée de légumes que je n'avais jamais goûtés, le robot cuisinier m'a fait cuire du riz blanc avec du poulet et y a ajouté une sauce blanche onctueuse et en dessert, je me suis emparé d'une belle part de gâteau au chocolat malgré mon désir de goûter à la tartelette à la framboise. Adonis s'était servi un bol de soupe en plus et à la place du gâteau, il avait choisi une crème à la vanille.

Nous nous sommes installés à la table la plus au centre du réfectoire, Sol nous a rejoints accompagné d'Athéna. Elle a fait signe à Kaya de nous rejoindre et Adonis a proposé à Nadir de venir. Heureusement que nous avions choisi la plus grande table. J'ai dégusté ce repas comme aucun autre auparavant.

Les autres groupes nous ont rejoints bien vite et nous pouvions déjà voir les affinités de chacun, les timides, les extravertis, les riches et les pauvres.

Nous avons fait des suppositions sur le déroulement du mois, le futur. Puis nous avons abordé la vie privée de chacun pour mieux se connaître.

Athéna était la fille d'un riche publicitaire et une politique, Sol avait des parents commerçants, Kaya était fille de médecins, Nadir ne vivait qu'avec son père informaticien et Adonis comme moi vivait dans le bidonville avec sa mère.

Pas de traces d'aucuns des chercheurs, pas même Anne.

Eloir et une vingtaines de scientifiques ont fait leur entrée, parmi eux Charles et Mary. Ils se sont servis et se sont installés dans le fond de la salle. Ils étaient tous bien plus bruyant que nous.

J'ai rarement pris une aussi bonne douche que ce soir-là. La majorité de mes camarades étaient en train d'appeler leurs parents pour leur annoncer qu'ils étaient pris ; nous, à la maison, nous ne possédions pas de téléphone. Pas de fonctionnels du moins. Nous en avions plusieurs mais je ne m'en servais que pour les pièces détachées. De vieux téléphones cassés mais dont certaines parties valaient encore le coup d'être exploitées. Certains téléphones contenaient de l'or, il était difficile à extraire mais quand je le pouvais, quand j'avais le temps, je le faisais avec minutie et je revendais le tout au marché noir.

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