Sur le chemin du retour, nous avons fait un détour par une épicerie et nous y avons volé des barres chocolatées. Elles étaient périmées depuis tellement de temps que la date n'était plus visible sur le sachet. J'en ai ouvert une, elle n'avait pas l'air mauvais alors je l'ai mangée et effectivement elle était très bonne. Avant d'entrer au laboratoire, je n'avais jamais goûté de barres chocolatées. C'était un met destiné aux très riches, le cacao ayant presque totalement disparu de la surface de la terre, de même que certains fruits et légumes. Certaines plantes et animaux avaient aussi été éradiqués. Ainsi, à l'époque, nous n'avions plus de pachydermes ni d'énormes animaux marins appelés baleines il me semble, ni de fauves tels que les lions, tigres et panthères. Je me souviens très bien que les scientifiques faisaient tout leur possible pour conserver les abeilles mais qu'elles venaient à mourir.
Sol donnait des ordres, debout sur les gradins du gymnase baigné par l'abondante lumière du jour.
— Dans cette malle, la nourriture, dans celle-ci, les couvertures, dans celle-là, les draps et dans cette caisse, les fournitures c'est à dire, casseroles et bols. Vous gardez vos habits, sacs de couchage et gourdes dans vos sacs à dos respectifs.
Je rentrais dans la salle au parquet vernis étrangement bien conservé et rejoignais Sol qui dirigeait tel un chef d'orchestre.
— Que fais-tu ? lui demandais-je. Je trouvais cela étrange qu'il y ait plusieurs caisses, je me suis alors approché de l'une d'elle et cela a confirmé ce que j'avais supposé.
— Vous avez pris des nouvelles caisses ? Où les avez-vous trouvées ?
— Oui, me dit Sol en donnant des petits coups du plat de la main sur l'un des coffre. Dans les vestiaires du gymnase.
— Pourquoi ? lui demandais-je dubitatif.
— Pour alléger nos sacs à dos, me répondit-il du tac au tac en pliant une couverture.
— Mais c'est complètement idiot, les malles seront toutes aussi lourdes, lui ai-je dit en fronçant les sourcils.
— Sauf que nous n'aurons pas à les porter. Nous avons réparé une remorque que Roger-Zorba tirera.
— Roger-Zorba? lui demandais-je intrigué.
— Oui, ce n'est pas terrible mais c'est Kaya qui l'a trouvé alors je l'ai autorisée à lui donner le prénom de son choix. Devant mon air d'incompréhension, Sol ricana. Le cheval, me dit-il tout naturellement. Kaya ! appela-t-il.
Elle nous a rejoint, le front perlant de sueur, à bout de souffle et son sac de couchage à moitié plié. Elle le jeta dans les bras de Sol qui la regarda confus.
— J'emmène Adam voir Roger-Zorba, pendant ce temps, plie ce foutu sac ! dit-elle visiblement agacée en boitillant jusqu'à ses béquilles de fortune.
Elle saisit ma main et me traîna presque jusque dehors. A l'arrière de la salle de sport, il y avait un terrain de base-ball comme j'en avais vu à la télévision. Nous ne pratiquions plus de sport en plein air depuis la fin de la guerre de 50. Il restait quelques stades, transformés en musées vivants où l'on pouvait assister à la projection holographique d'anciens matchs de football ou tout autre sport. J'avais eu la chance d'assister à la finale de tennis de Roland Garros 2017, Rafael Nadal remportant sa dixième victoire de ce tournoi face à Stanislas Wawrinka. Un souvenir inoubliable... J'avais trouvé des places dans une poubelle du centre ville. Je connaissais déjà l'issue de la rencontre, le match s'étant disputé plus de quarante ans plus tôt mais ce fut plaisant et impressionnant.
Au milieu du terrain recouvert de verdure, un superbe cheval à la robe parfaitement caramel. Kaya ouvrit la porte grillagée du stadium et me fit signe de la suivre. La bête n'avait pas l'air agressive, au contraire elle s'approcha calmement au sifflement de Kaya qui tendait la main bien devant elle.
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Mercure
Science Fiction" Combien vaut une vie ? Une vie humaine ? La mienne vaut un million d'unité de monnaie et je suis prêt à l'échanger maintenant. Il le faut, c'est ainsi. Seul moi peux les aider désormais. J'espère qu'elle ne m'en voudra pas, qu'elle comprendra pour...