Partie 2 - Chapitre 8

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 Mes yeux étaient comme collés avec une glu surpuissante. Je pouvais sentir le linge frais contre ma peau, l'odeur de lessive, comme celle que ma mère rapportait du point d'eau commune une fois par mois.

Je pouvais entendre une joyeuse mélodie, une vieille chanson de l'avant guerre 50. Une belle chanson que je n'avais jamais entendue. Je pouvais aussi entendre parler autour de moi. Des murmures, rien d'autre.

— Il se réveille. C'est prodigieux. Du jamais vu. Lui et la petite ont le même, a chuchoté une dame à la voix doucereuse.

— Seuls huit d'entre eux sont hors de danger, dit un homme que j'imaginais robuste. Hors de danger ? Hors de la mort ? Nous étions neuf, qui était la neuvième personne ? Parlait-il d'Athéna ? Alors elle était réellement morte, je ne m'en remettrais jamais... Mes yeux s'ouvrirent faiblement.

Penché au dessus de moi, un calepin dans la main, un homme trapu et une femme aux cheveux châtain parfaitement coiffés.

J'étais allongé dans un grand lit aux draps blancs impeccables. La chambre était spacieuse et luxueuse. Les rideaux étaient tirés et le lustre en cristal qui pendait au plafond était allumé de centaines de petites ampoules dorées.

— Bonjour Adam, dit-elle en observant la plaquette qui pendait autour de mon cou. Je ne répondis que par un vague hochement de tête.

-— D'où venez vous ? Que nous voulez-vous ? demanda la femme en ouvrant un bloc note qu'elle cala entre ses bras.

Sur une petite table en métal à mes côtés, trois seringues. Que contenaient-elles ? Je n'en avais aucune idée mais le sérum rosé à l'intérieur ne me disait rien. Je louchais dessus un instant.

— Les montagnes, dis-je en me massant les tempes. Pourquoi nous avoir attaqués ? Et la fille, proche de moi dans la maison, comment va-t-elle ?

— Il y a un groupe de résistance en montagne ? Je pensais qu'il avait été capturé par Le Clan, affirma la jeune femme en griffonnant sur un bloc note. Elle avait complètement évité ma question.

Comment allait Athéna ?

— Moi aussi, visiblement certains ont pu se cacher, supposa l'homme aux dents de devant proéminentes.

— Non, dis-je. Il n'y avait que nous, nous ne faisions pas partie de ce groupe. Comment va la fille ? redemandai-je tendu.

— Seuls ? Comment ont-ils pu survivre ? s'étonna la femme en écrivant toujours avec une rapidité impressionnante.

— La fille ! Je m'énervai. Je me redressai et les regardai tour à tour avec le plus de colère que mon regard pouvait contenir. L'homme évita de me regarder et baissa la tête. Je donnai un grand coup de poing sur le matelas. Il sursauta légèrement.

— Elle... Nous faisons notre possible, assura la femme en fuyant mes yeux.

Toute ma colère se dissipa en une fraction de seconde faisant place à de la tristesse. Puis, me revint en mémoire le fait que si Athéna était dans un sale état était de leur faute et seulement de la leur.

— Où est-elle ? demandai-je la mâchoire serrée.

— Vous ne pouvez pas... N'ayant aucune réponse, je ne lui ai pas laissé le temps de finir. Je sautai au pied du lit, la moquette au sol était si agréable sous mes pieds nus. J'attrapai une seringue ainsi que l'homme dont j'entourais le cou de mon bras. Je l'obligeai à avancer sous le regard agacé de la femme qui passa une main dans ses cheveux.

— Qui êtes vous ? demandai-je.

— Un groupe de survivants, me répondit la femme en ajustant son tailleur.

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