Le sac en toile noire m'a été enlevé dans un souterrain. Un parking souterrain plus précisément. Toujours assis à l'arrière du pick-up, sur ses banquettes étroites et dures, les mains liées dans le dos, on m'a attrapé le biceps droit et on m'a tiré hors de la voiture. Je manquais de tomber, l'arrière de la voiture était bien plus haut que je ne le pensais. Un type qui portait des lunettes d'aviateur me traînait derrière lui.
Nous arrivâmes devant une cage d'ascenseur, il pressa le bouton de son pouce pour appeler l'appareil.
Tout le reste du groupe était aussi traîné de force par une ou plusieurs personnes. Ares, Noah étaient tous deux tenus par deux hommes. Zoë fut la dernière à être tirée de la voiture, elle donna un coup de coude au type qui la tenait.
— Je sais marcher ! ronchonna-t-elle.
Ils nous fîmes tous monter dans l'ascenseur, le même homme qui avait pressé le bouton pour le faire venir, choisit l'étage 0, ce qui me fit comprendre que nous sortions du sous-sol de ce parking et que nous allions au rez-de-chaussée, d'un bâtiment ? Ou juste dehors, à l'air libre. Je dois avouer que ce souterrain m'angoissait légèrement.
Nous déboulâmes sur une rue, une place plus précisément et je n'eus aucun mal à la reconnaître. La place de la rosace des anges. Mes yeux s'écarquillèrent de stupeur. La plupart des immeubles du centre ville étaient partiellement détruits, les pavés de la place avaient par endroit disparu et laissaient place à d'imposants cratères. Les vitrines des magasins étaient toutes fermées par des rideaux en fer rouillé. Le supermarché sous les bureaux de l'entreprise cosmétique, près de la tour politique avait été complètement pillé, les rayonnages étaient en vrac sur le carrelage et les caisses complètement cassées, des tiroirs en sortaient.
Nous passâmes près de la boussole. Le bloc de verre qui la recouvrait était fissuré cependant, il protégeait toujours le cadran et ses aiguilles qui tremblaient légèrement. Elle avait perdu de son éclat mais elle restait fondamentalement intacte.
Notre petite troupe se dirigea vers le quartier d'affaire et alors, je sus presque immédiatement où, exactement, l'on nous menait. Cela ne faisait aucun doute ! Nous étions bien en présence de membres du Clan et l'expression anxieuse de Noah me le prouvait, nous allions au laboratoire. Le haut lieu du Clan.
* * * * * *
Le hall en verre était toujours aussi grandiose que dans mes souvenirs. Tout était exactement pareil, d'ailleurs, le bâtiment était dans un superbe état. Le seul changement, et pas des moindres, c'était toute cette verdure qui avait proliféré le long des murs. Elle avait envahi le sol et s'était enroulée autour des lustres et de l'ascenseur. Tout y était fort sombre, l'atmosphère était donc sinistre. Quelques oiseaux et autres bêtes que je ne voyais pas, faisaient craquer des branches et s'agiter les feuilles de lierre.
Sol, Adonis et les hommes qui les accompagnaient pénétrèrent les premiers dans le tube en verre. Voyant qu'il y avait encore de la place, le type qui me tenait me traîna dedans aussi. Nous atterrîmes à l'avant-dernier étage. Là, nous attendîmes que les autres arrivent dans la même salle d'attente présente à tous les étages du bâtiment. Une pièce spacieuse entourée de baies vitrées et meublée de nombreuses banquettes et tables basses. A ma grande surprise, tout avait été très bien conservé.
Nous avançâmes dans le long corridor, jusqu'au bout de celui-ci. Un des hommes, celui qui maintenait Aïna, frappa trois grands coups dans une lourde porte en bois. Quelqu'un ouvrit et nous laissa entrer. La pièce était un grand bureau, je n'y étais jamais venu. A qui avait-il appartenu ? Charles et Eloir en avaient de plus petits. Qui donc était plus important qu'eux à l'époque ?
Les lieux étaient sombres, malgré la grande baie vitrée sur tout le pan du mur opposé à la porte. Les autres murs en plâtre autrefois banc était crasseux, légèrement jaunes, un jaune tirant vers le marron. Une large table massive trônait en plein milieu de la pièce sous un lustre de style Art déco. Sur cette table était posée une maquette du pays avec, reproduites en minuscules, toutes les villes aux bâtiments encore debout. Des reliefs en carton pâte représentaient les montagnes, canyons et fleuves. Des petites punaises rouges quadrillaient la carte ainsi que des punaises sur lesquelles était accroché un petit drapeau. C'était un drapeau en papier, un C rouge sur fond blanc. Il indiquait les positions du Clan. Des punaises avec une petite boule bleue au bout représentaient les villes robots et d'autres punaises de différentes couleurs représentaient les camps de survivants. Comme la bulle ou la cité des canyons.
Autour de cette table, une dizaine de chaises.
Plus au fond de la pièce, proche de la baie vitrée, un bureau. Simple, classique, en bois foncé. S'empilaient dessus de nombreux câbles, un ordinateur, une télévision et des lecteurs qu'ils soient radios ou CD. Derrière, un fauteuil en cuir noir.
Quand la porte fut claquée, le siège tourna sur lui-même et la silhouette d'un homme, avachi dedans, se découpa.
En une fraction de seconde, je sus à qui nous avions affaire.
— Cela me fait plaisir de vous revoir..., dit-il calmement, un large sourire sur le visage. Je crus bien que les globes oculaires de Sol allaient sortir de son crâne tant ils étaient exorbités.
Il n'avait presque pas changé. Il avait vieilli, sûrement avait-il atteint la vingtaine, il approchait peut-être même les trente ans. Ses cheveux noirs étaient légèrement plus courts qu'auparavant, son teint olivâtre et ses yeux foncés étaient exactement les mêmes. Il avait grandi et pris un peu de poids mais il restait profondément inchangé.
— J'ai bien cru ne jamais vous trouver !
— Je ne comprends plus rien, soupira Sol. Comment se fait-il que tu es vieilli ? Comment pouvons-nous être sûr que c'est bien toi ?
— Je connais vos prénoms et noms de famille, je sais aussi qu'Adam est allé au sous-sol et qu'il y a découvert en premier le virus qui nous a anéantis.
— Pardon ? m'exclamai-je. Le sous-sol ? Quel sous-sol ? demandai-je.
— Alors vous ne vous souvenez de rien ? demanda-t-il. C'est prodigieux... J'ai retrouvé les fiches « projet du contrôle de la mémoire » mais je ne pensais pas qu'ils réussiraient. Je les ai bien trop sous-estimés !
— Les scientifiques ? demanda Sol.
Nadir hocha la tête positivement.
— Je suis étonné qu'elle soit toujours en vie, ricana notre vieil ami. Son regard se posa sur Athéna. Elle évita tout contact visuel avec n'importe qui dans la pièce. Elle avait la mâchoire serrée, une expression crispée, son front était recouvert de sueur.
— Pourquoi ? demandai-je tantôt à Athéna, tantôt à Nadir.
Athéna me toisa, presque implorante, les yeux humides. Elle semblait complètement paniquée. Je redoutais que nous n'apprenions ce que depuis le réveil je soupçonnais.
Nadir se leva de sa chaise et lui fit comprendre en un seul regard qu'il allait tout faire pour la détruire.
— Alors vous ne vous souvenez vraiment de rien ? Rien du tout ?
-------------------------------------------------------
Je suis très heureuse d'avoir partager cette histoire avec vous ! ❤️ Merci d'avoir suivi jusqu'au bout, j'espère que la fin vous plait et qu'elle vous incitera à lire le Tome 2 😉
Je ne peux pas encore donner de dates mais je suis en train de l'écrire. J'ai hâte de le partager ! Bonne vacances, joyeux Noël et Bonne année à tous !
VOUS LISEZ
Mercure
Ciencia Ficción" Combien vaut une vie ? Une vie humaine ? La mienne vaut un million d'unité de monnaie et je suis prêt à l'échanger maintenant. Il le faut, c'est ainsi. Seul moi peux les aider désormais. J'espère qu'elle ne m'en voudra pas, qu'elle comprendra pour...