Nadir était assis face à moi, Sol à ma droite. Il faisait sombre, nous étions à l'arrière d'un fourgon blindé, menottés.
— Nous ne pouvons plus compter que sur nous, dit le premier.
— Comment a-t-elle pu faire cela ? chuchota le second.
— Elle a ses convictions, nous ne pouvons pas le lui reprocher, dis-je.
— Elle les a rejoints ! s'emporta Sol en tapant du pied.
— Parce qu'elle pense que c'est ce qu'il y a de mieux à faire !
— Elle a tort !
— Sol, le reprit Nadir, chacun peut avoir ses convictions. Je la comprends, je défends aussi certaines de ses idées, mais je ne veux pas d'une solution aussi radicale.
— La fin de l'humanité ? Tu comprends qu'elle puisse adhérer à une idée qui prône la fin de l'hum...
Une vive douleur me réveilla. J'étais allongé, à coté d'Ambroise, plus pâle qu'un humain qui n'aurait pas vu le soleil de sa vie. Mon coeur battait si fort que je crus qu'il allait sortir de mon corps, qu'il allait réussir à casser mes os, à me broyer de l'intérieur. J'avais une folle envie de vomir.
Penchée au dessus de moi, le visage crispé de panique, Athéna. Elle épongeait mon front avec un linge frais. Nous étions toujours dans l'avion, le moteur faisait un bruit étourdissant.
— Adam ? sa voix faisait toujours écho dans mon crâne. Adam, dit-elle une seconde fois, l'écho s'atténuait. Comment te sens-tu ? Ces derniers mots furent beaucoup plus nets dans mon esprit. Sa voix cessa de trembler et les traits de son visage devinrent tous visibles.
— Je..., ma gorge me brûlait et je fis signe que je voulais vomir.
Adonis accourut, un seau dans les mains et me le tendit. Je régurgitais, je fermais les yeux pour me concentrer un minimum, essayant de contenir ce qui essayait de sortir mais c'était impossible.
Athéna caressait mon dos et mes cheveux pour m'apaiser. Une fois soulagé, je constatai avec horreur que le seau contenait du sang.
Sol me regarda comme désolé.
— Le Formidable n'est plus si formidable, dit-il faiblement. Je le foudroyai du regard. Il me sourit inquiet, je lui rendis, sachant qu'il ne voulait que me remonter le moral.
Je me remis à vomir, c'était incontrôlable et cela me brûlait l'oesophage. Je voulais arracher mes tripes, me déchirer la peau pour en extirper le mal.
Alors j'étais malade. Je m'étais rendu malade. J'étais tout bonnement et simplement stupide, c'est ce que j'étais. Un imbécile.
Je m'étais rendu malade tout seul. Et cette permanente envie de déglutir qui m'affaiblissait. J'avais toujours les veines des bras bouffies et la tête douloureuse. Je savais désormais ce qu'avait pu endurer Kaya et je m'en voulais terriblement de ne pas avoir fait plus pour l'aider.
Athéna m'aida à m'asseoir entre Sol et elle. Kaya dormait, la tête appuyée sur l'épaule d'Adonis qui somnolait. Herbert dormait aussi, les pieds sur le tableau de bord, la bouche ouverte, un filet de bave coulant sur sa veste en cuir passé.
Ambroise respirait difficilement, je le regardais avec peine, Athéna posa ce même regard sur moi.
— Tu vas t'en sortir, me dit-elle pleine d'espoir.
— Nous savons tous les deux que je n'en ai plus pour très longtemps désormais. Je pensais déjà être infecté, une blessure à la cheville me brûlait depuis un petit moment. Maintenant, nous voila fixés..., dis-je pour amoindrir la situation. Elle parut triste, cala sa tête sur mon épaule et ferma les yeux.
VOUS LISEZ
Mercure
Science Fiction" Combien vaut une vie ? Une vie humaine ? La mienne vaut un million d'unité de monnaie et je suis prêt à l'échanger maintenant. Il le faut, c'est ainsi. Seul moi peux les aider désormais. J'espère qu'elle ne m'en voudra pas, qu'elle comprendra pour...