Partie 3 - Chapitre 2

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On nous conduisit derrière la tour de verre, dans d'immenses hangars communicants, bondés de gens crasseux et malades. Si j'avais eu une chance d'échapper au virus, elle avait été réduite à néant dans cet endroit insalubre.

Le plafond se résumait à de la taule et des poutres soutenant l'édifice et des spots orangers qui éclairaient cette mini-ville. Çà et là, le sol était de bois ou en terre battue.

Nous n'avions toujours pas de nouvelles de Kaya et nous étions dans l'incapacité de nous échapper, les sbires de Herbert nous surveillant toujours. Adonis semblait sur le point de craquer, il serrait la mâchoire et pinçait son poignet droit comme il en avait l'habitude quand il était stressé.

Ma cheville avait cessé de me brûler et de me démanger. J'y jetai un coup d'oeil tout de même. Rien n'avait changé, la légère plaie superficielle était toujours aussi sale et suintait légèrement.

Quadrillé minutieusement, le premier hangar était un marché où flottait de la fumée sentant le poisson ou les épices d'ici et d'ailleurs. Les échoppes étaient en bois et les marchandises présentées dans des paniers tressés. Fruits, légumes, viandes, poissons, médicaments... De petites baraques proposaient des plats à emporter peu ragoûtants, le fait est que nous pouvions voir l'état des cuisines et je dois avouer avoir eu un haut le coeur en voyant certaines. Ce n'était même pas des cuisines à vrai dire. Plus des amas de matériaux électroménagers, posés à même le sol. Parfois, la cuisine se contentait, d'une bassine faisant office d'évier, de bacs de glaçons douteux remplaçant frigidaire et congélateur et un wok sur une bonbonne de gaz faisant office de plaque de cuisson.

— Le Boui-Boui de ma femme, le meilleur du marché, gueula l'homme qui me tenait toujours le bras, une arme pointée dans mon dos. Je lui fis un faible sourire en examinant le petit bar croulant sous les verres et assiettes en terre cuite. Derrière, s'activaient une femme à la peau terne et aux cheveux si fins qu'ils paraissaient bientôt inexistants sur son crâne. A coté d'elle, une jeune fille aux longs cheveux blonds et au visage d'ange. Le type derrière moi me donna une claque sur la joue.

— Ne regarde pas ma fille ! beugla-t-il en me rouant de coups de poing dans le dos.

— C'est ta fille ? railla Sol en passant à coté de moi. Je ne te crois pas un seul instant, continua-t-il.

— A quoi tu joues ? Tu es devenu inconscient ? lui demandai-je en scrutant la réaction de l'homme dont le visage rougissait de colère.

— Tu penses vraiment que cet homme..., il le toisa de haut en bas, ...disons-le : répugnant, horrible, monstrueux, puisse être le père de cette sublime créature. La jeune femme rougit et sourit à Sol. Il lui fit un clin d'oeil et elle pouffa gaiment.

Sol esquiva le coup de poing que tenta de lui mettre le type et lui prit son arme.

— Maintenant, il est à moi, annonça fièrement Sol. Il se mit à déambuler dans les allées du marché, il flânait presque, je le rattrapai rapidement. Le type toujours fou de colère sur mes talons, sa fille le retînt et le supplia de ne pas chercher les ennuis. Il lui accorda un sourire et s'assit près d'elle alors qu'elle regardait Sol s'éloigner.

Autour de nous, les exclus de la bulle, les survivants, nous regardaient inquiets. Nos amis du groupe regardaient Sol avec interrogation. Que lui arrivait-il ?

— Qu'est ce qui te prend ? demandai-je en lui donnant une tape plus violente qu'amicale sur l'épaule. Il se tourna en fronçant les sourcils.

— Rien du tout, me répondit Sol en me redonnant un coup légèrement plus violent sur la clavicule.

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