Hors de la bulle, en périphérie, de l'autre côté de notre dépôt par le train, la partie de la ville presque entièrement détruite. Balayée par les tempêtes de neige et de sable, les édifices tombaient en ruines et il y régnait une atmosphère angoissante. Une légère brise faisait voler des étoffes accrochées pour combler le vide d'une porte ou d'une fenêtre.
Kaya avait les yeux rougis et des cernes qui lui descendaient jusqu'aux pommettes. Ses lèvres étaient violacées et les veines par endroit sur son corps formaient des protubérances.
Quand nous sommes entrés dans la ville, Noah nous a prévenus qu'il fallait faire très attention car nous étions en zone infectée alors la moindre coupure pouvait nous être fatale. J'ai tout de même trouvé cela étrange de ne rien avoir comme symptômes car je savais que je m'étais fait plusieurs petites écorchures dans la montagne et sûrement dans d'autres endroits. Et Athéna qui s'était ouvert le front dans la ville-robot, elle n'avait pas contracté le virus pour le moment. et si tout était une question de temps ? J'avais peur que cela soit la vraie réponse, que nous étions tous contaminés et condamnés à mourir sous peu.
Noah nous a aussi demandé de ne pas faire trop de bruit car nous nous baladions du côté des bains de la Bulle et que s'il y avait des survivants, ils nous voleraient probablement. Il fallait être discret. Nous avions un avantage, le soleil, brûlant ce jour-ci, d'après Noah, les infectés n'appréciaient pas particulièrement le soleil et encore moins les températures élevées. Or, cette journée fut caniculaire. Heureusement que nous avions de bonnes chaussures et que j'avais un foulard pour protéger mon crâne et ma nuque...
J'ai demandé à Noah s'il n'y avait que des contaminés ici et il m'a avoué ne pas trop en savoir sur le sujet. McGwen n'était pas très communiquant à propos de la périphérie. Il m'a confié que beaucoup d'infectés étaient mis dehors seuls mais que parfois des familles entières suivaient le malade et quittaient la ville mais que leurs chances de ne pas être contaminés ici étaient infimes.
— Je me suis fait une raison Adam, m'a-t-il dit. Je savais que j'allais mourir un jour, comment ? Je ne pouvais le deviner. Mais c'est une fatalité, les gens meurent et il se trouve que je mourrai infecté. Si jamais je deviens comme elle, au moindre signe, supprimez-moi, avait-il conclu en s'éloignant, son imposante arme entre les mains.
Nous nous sommes aventurés dans les ruines d'un édifice en pierre. L'intérieur était en piteux état. Un trou immense s'était formé au premier étage, les rayons du soleil entraient par les murs et plafonds écroulés et des détritus pourrissaient d'un bout à l'autre du bâtiment.
Nous avons nourri notre fidèle Roger-Zorba et avons allongé Kaya pour qu'elle se repose. Au moindre signe de convulsion, nous lui donnions une dose de vaccin. Malheureusement, nous savions que nous n'en n'aurions pas éternellement, que le vaccin ne faisait que ralentir la contamination, que Kaya ne guérirait pas.
Nous avons décidé de nous arrêter ici pour la nuit, de toute manière, nous n'avions nulle part où aller. Nous savions que nous voulions, malgré les plaintes de Noah, rejoindre Los Angeles pour y chercher de potentiels survivants mais comment rejoindre la Côte-Ouest ? Cela allait prendre des mois ! Sans compter que nous n'avions pas de carte et que nous allions devoir faire le trajet avec pour seule indication, une boussole. Il allait aussi falloir éviter les villes-robots et celles tenues par Le Clan or, si nous écoutions Noah, Le Clan avait son point central à Los Angeles.
Le seul repas qui nous restait dans l'estomac était celui que nous nous étions pressés d'ingurgiter dans le train. Une petite collation que nous avait fait préparer McGwen. Nos malles étaient presque vides, la viande de la vache était putréfiée et avait fait moisir nos céréales et autres aliments capables de combler nos estomacs. Néanmoins, nous fîmes cuire les restes d'un pot de riz et des herbes telles que de la sauge et de la menthe sauvage, que nous avions cueillies dans la forêt et gardées dans nos sacs à dos, non dans la malle.
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Mercure
Science Fiction" Combien vaut une vie ? Une vie humaine ? La mienne vaut un million d'unité de monnaie et je suis prêt à l'échanger maintenant. Il le faut, c'est ainsi. Seul moi peux les aider désormais. J'espère qu'elle ne m'en voudra pas, qu'elle comprendra pour...