Chapitre 17

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Nous sommes le 19 Juin, jour du match France – Suisse, et l'équipe ne semble pas trop se soucier de celui-ci. Le fait que les familles des joueurs puissent venir après les huitièmes de finale est sur toutes les lèvres et je préfère les voir comme ça, heureux plutôt que stressés. Nous sommes dans le bus direction le stade de Lille, notre hôtel n'étant pas dans la ville pour éviter les hordes de fans. Je regarde Antoine qui me lance un regard désolé puis qui se tourne vers Paul qui n'arrête pas de lui parler. Depuis sa dispute avec Hugo, je n'ai pas pu parler à Antoine à cause des entraînements, des appels qu'il passe à répétition mais aussi à cause des autres joueurs qui sont contents d'avoir 'retrouvé leur ancien Grizi' et qui ne le laisse pas souffler ne serait-ce une minute.

-Il ne faudra pas s'attendre à un grand match ce soir.

Je me retourne vers Olivier qui est à côté de moi et lui souris.

-Pourquoi est-ce que tu dis ça?

-On doit juste limiter la casse, on a gagné nos deux précédents matchs donc on peut se contenter d'un match nul mais j'espère que tu pourras prendre de belles photos.

-Je l'espère aussi mais je ne me fais pas de soucis là-dessus, vous êtes tous photogéniques donc il n'y aura pas de problèmes.

Il me sourit puis reprend son sérieux en me regardant. J'ai dis une bêtise?

-Tu n'es toujours pas allé parler à Hugo?

Je souffle et regarde vers l'avant du bus où se trouvent mon frère et Steve.

-Je ne vois pas pourquoi j'irai lui parler.

-C'est ton frère.

-Oui, justement, c'est mon frère, il n'aurait pas dû me cacher ça. Merde, Olivier! En deux secondes j'ai appris que mon frère était marié et père de deux enfants et il ne m'a jamais rien dit, tu trouves ça normal?

-Non, bien évidemment mais-

-Ne lui cherche pas d'excuses, il n'en a pas. Il n'avait pas à me cacher ça. Tu te rends compte que je suis la tante de deux filles que je n'ai jamais vu et qui n'ont même pas conscience de mon existence?

-Je ne dirais pas ça.

-De quoi?

-Elles savent qui tu es.

-Comment tu peux savoir ça?

-J'ai connu Hugo il y a quelques années et il me parlait déjà de sa sœur qui est parti à l'étranger et qu'il aime plus que tout au monde. Il ne peut pas s'empêcher de parler de toi dès qu'il en a l'occasion. En plus, il y a des photos de vous lorsque vous étiez petits chez lui, sa femme, Marine sait déjà tout de toi, je peux te l'assurer donc n'essaie pas de me faire croire que leurs enfants n'ont jamais entendu parler de toi parce que c'est faux. Je suis d'accord avec toi, il n'aurait jamais dû te cacher ça, je n'étais même pas au courant sinon je te l'aurais dit mais il y a une chose dont je suis sûr, c'est qu'il n'a jamais voulu te blesser.

Je sais qu'il ne voulait pas me blesser mais il l'a fait. Je ne peux pas m'empêcher de lui en vouloir, c'est plus fort que moi.

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Le match s'est soldé par un nul mais bizarrement, je ne suis pas déçue... sûrement parce que nous allons en huitième de final. Les joueurs semblent heureux et encore une fois, la récompense si ils gagnent le prochain match est de taille. Je trie les photos des joueurs et m'arrête sur celles de mon frère. Il peut voir qu'il est concentré sur le jeu mais étrangement, il parait ailleurs comme si il jouait mais qu'il pensait à autre chose en même temps. Je soupire sachant très bien qu'il faudra que je lui parle un jour. Je sens des lèvres se poser sur ma joue ce qui me fait sursauter. J'entends un rire et me tourne pour voir Antoine assis à côté de moi. Je ne l'ai même pas entendu arrivé. Il me sourit et prend mes joues dans ses mains pour m'embrasser longuement. Ce n'est que maintenant que je me rends compte que ses lèvres m'avaient manqué.

-Tu as réussi à prendre de bonnes photos? Me demande-t-il une fois s'être détaché de moi.

-Oui, ce ne sont pas mes meilleures mais elles sont pas mal.

Il me sourit puis soupire et s'installant un peu mieux dans le siège.

-Je suis désolé de ne pas avoir passé beaucoup de temps avec toi, je-

-Je sais que tu avais les autres sur le dos, je comprends, ne t'en fais pas.

Il passe sa main dans mes cheveux et je peux voir de la tristesse dans ses yeux. Ça va faire quelques jours qu'il me regarde comme ça et je commence à avoir peur.

-Alissa, ça va faire une putain de semaine que j'essaie de te dire ça mais soit je n'ai pas le courage, soit les autres nous dérangent mais il faut impérativement que je te le dise avant les huitièmes de finale. J'espère que tu ne m'en voudras pas trop mais vu comment tu es rancunière envers ton frère, je comprends si tu l'es après moi, ça serait totalement normal et-

-Antoine, arrête tes longs discours et dis-moi.

Il soupire profondément avant de relever son visage vers moi. Il allait prendre la parole mais c'est à ce moment précis que les autres joueurs entrent dans le bus. J'entends Antoine jurer et il lance un regard noir aux autres. Paul et Blaise embarquent Antoine avec eux ce qui permet à Laurent de s'asseoir à côté de moi.

-Je ne sais pas de quoi vous parliez mais ça avait l'air important vu la tête d'Antoine.

-Je l'aurais su si vous n'étiez pas entré dans le bus tout de suite.

Il me regarde longuement et semble vouloir me dire quelque chose. Je l'interroge du regard mais il décide de reporter son attention sur Dimitri et Anthony juste devant nous. Je ne sais pas pourquoi mais je suis sûre qu'il sait de quoi Antoine voulait me parler mais de toute façon, je préfère que ça soit Antoine qui me le dise, je peux encore attendre.

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Le trajet en bus s'est passé plus calmement que les précédents ce qui était assez reposant. Nous venons d'arriver à l'hôtel et nous entrons dans le hall. Je suis la dernière avec Laurent à entrer et la première chose que le vis est Antoine... dans les bras d'une femme. J'allais poser une question à Laurent sur l'identité de cette femme lorsqu'elle embrassa Antoine à pleine bouche. Je ne pense pas avoir ressenti une aussi grande douleur de toute ma vie. Je sens mes yeux s'humidifier et je pars dans ma chambre pour éviter que l'on me voit pleurer. J'aurais du écouter mon frère, si je l'avais fait, rien de tout ça serait arrivée.

Broken // Antoine GriezmannOù les histoires vivent. Découvrez maintenant