Broken // Antoine Griezmann

Chapitre 18

-S'il-te-plaît Alissa, laisse-moi entrer.

-Non.

-S'il-te-plaît, laisse-moi t'expliquer.

-Dégage Paul! J'ai envie de voir personne et encore moins toi!

Je l'entends pousser un long soupire puis je l'entends s'éloigner sûrement pour se rendre dans sa chambre. Je ne sais pas si c'est à eux ou à moi que j'en veux le plus. Après tout, il suffisait d'une simple recherche internet pour savoir qu'Antoine était marié. Comment ais-je fais pour ne pas m'en rendre compte avant? Le pire dans tout ça c'est qu'ils étaient tous au courant mais j'ai été trop aveugle pour le voir. Laurent a essayé de me prévenir à plusieurs reprises mais n'a pas eu le courage de me le dire vraiment, Dimitri a voulu me rassurer à sa manière et n'a pas voulu me faire de mal, Paul, au contraire, a peut-être été le pire de tous car il a tout fait pour que nous tombions dans les bras l'un de l'autre, et pourtant, je n'arrive pas à lui en vouloir, je n'en veux qu'à Antoine et à moi-même de n'avoir rien vu. Je me sens tellement stupide, c'était la première fois que je décidais de trahir la confiance de mon frère pour un homme et je n'aurais pas dû. Au fond, je crois que mon frère avait raison depuis le début, je ne serais jamais heureuse avec un homme dans ma vie.

Je soupire et prend mon ordinateur et mon appareil photo pour trier mes dernières photos. C'est peut-être le seul truc qui me permet de penser à autre chose, et encore, je ne peux pas m'empêcher de sentir comme une sorte de pincement au cœur en voyant les photos d'Antoine. Je regarde mon téléphone et vois qu'il est 2 heures 58. Je soupire et dépose mon ordinateur et mon appareil dans leur sac respectif puis vais me coucher en espérant pouvoir dormir ne serait-ce qu'une heure cette nuit.

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Je regarde l'heure sur mon téléphone pour la millième fois cette nuit et vois qu'il est 6 heures 45. Je soupire et vais dans la salle de bain pour prendre une douche. Une fois sous l'eau, mes pensées se redirigent immédiatement sur Antoine, malheureusement. J'aimerais ne plus penser à lui, ne plus avoir son image en tête mais c'est impossible, il s'est lentement immiscé dans ma vie depuis notre première rencontre au point de me paraître indispensable pour vivre. Je coupe l'eau et me sèche pour finalement me regarder dans le miroir. Au final, je peux comprendre qu'il ne veuille pas de moi, je suis relativement petite, maigre, pâle, les cheveux bruns, les yeux noisettes, tout ce qu'il y a de plus banal en ce monde. En plus, pour ajouter une touche laide à mon profil déjà peu flatteur, des cernes ont fait leur apparition suite à la nuit blanche que je viens de passer. Je vais prendre du maquillage dans ma trousse de toilette et essaie de masquer au maximum mon état de fatigue. Je n'aime pas mettre de maquillage, j'ai toujours préféré rester 'nature' même si je ne suis pas particulièrement belle mais j'ai toujours du maquillage sur moi pour masquer mes nuits blanches à photographier tout et n'importe quoi. Une fois satisfaite du résultat, je vais m'habiller puis je fais ma valise en prenant soin de ne rien oublier. Je descends ma valise et vais la déposer dans la soute du bus qui va nous amené à l'aéroport puis vais me balader dans le parc de l'hôtel. Je n'ai pas envie d'aller manger car je n'ai pas faim et je risque de tomber sur Antoine. Je ne veux plus lui parler ni même penser à lui et pourtant c'est ce que je fais... Je soupire et m'assois sur un banc près d'un petit étang.

-C'est magnifique.

Je sursaute et vois mon frère s'asseoir à côté de moi. Bizarrement, je ne ressens plus aucune colère contre lui... sûrement parce que celle-ci est tournée vers un certain joueur français jouant à l'Atlético de Madrid. Hugo finit par me regarder et je vois dans son regard qu'il est triste.

-Je suis désolé Alissa, vraiment. J'ai pensé au début que je ne devais pas t'en parler pour ne pas que tu te sentes obliger de revenir par ma faute mais au final, ce n'était pas une bonne idée, c'était d'ailleurs la pire idée que j'ai pu avoir. Lorsque tu es partie au Japon, j'étais déjà en couple avec Marine et elle attendait déjà notre premier enfant et je me voyais mal te l'annoncer alors que tu venais de partir, donc je n'ai rien dit. Ensuite, je me suis marié avec elle et je me voyais mal t'envoyer un faire-part alors que tu n'étais même pas au courant que j'avais un enfant. J'ai dit à Maman et à Marine que tu ne pouvais pas car tu avais beaucoup de travail et elles m'ont cru. Ce n'est que lorsque tu as eu Maman au téléphone qu'elle a compris que je ne t'avais rien dit et elle m'a engueulé... puis Marine m'a engueulé car elle voulait te rencontrer et aussi parce qu'elle aurait voulu voir ma sœur à notre mariage. Je me suis enfoncé dans mon mensonge jusqu'à ce que tu reviennes en France et j'ai essayé plusieurs fois de te le dire mais je ne savais pas comment le faire donc j'abandonnais à chaque fois. De toute façon, si tu ne l'avais pas découvert, j'aurais du te le dire avant le match des huitièmes car Marine et les filles viennent. Pardonne-moi Alissa, je sais que j'ai mal agis et que j'aurais du te le dire mais-

-Ce qui est fait, est fait, maintenant, on n'en parle plus.

Il semble surpris puis me prend dans ses bras.

-Tu es vraiment la meilleure sœur que j'aurais pu avoir.

-Oui... mais il y a quelque chose que tu dois faire pour te faire pardonner complètement.

Il me lâche et je vois dans son regard qu'il est confus donc je continue:

-Je veux que tu me parles un peu plus de mes nièces.

Il me gratifie d'un grand sourire et sort son téléphone pour me montrer tout un tas de photos qu'il a pris d'elles en me racontant des anecdotes et toutes sorte de bêtises qu'elles ont faites. Étrangement, ce qu'il me raconte fait écho à notre enfance, la grande protège énormément la plus petite et elles ne peuvent pas se passer l'une de l'autre. Il semble tellement heureux de me parler d'elles que je le laisse faire jusqu'à ce que Olivier vienne nous dire que le bus va partir dans quelques minutes et qu'il était donc temps de partir. Je ne remercierai jamais assez mon frère d'avoir toujours été là pour moi et de me remonter le moral même quand celui-ci est au plus bas.