Chapitre n°29

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Point de vue : Gabriel.

Pour la troisième fois consécutive de la semaine, le corps de mon adversaire s'effondrait sur le sol du ring. 

La petite foule qui s'était agglutinée autour des cordes s'était mise à hurler, les gens criaient autant que leur permettaient leurs poumons. 

Je descendais de la piste sous les applaudissements des gens venus observer le combat. 

Il n'y avait clairement pas de quoi applaudir. Je n'étais qu'un petit joueur. J'avais beaucoup moins d'expérience et de combat à mon actif que beaucoup de boxeurs. 

Je rejoignais Emma qui m'attendait dans un petit coin au fond de la salle. Elle me tendait une serviette en m'adressant un faible sourire. 

Je l'embrassais sur la joue et elle essuyait dans un rire la sueur que j'avais laissé sur son visage. 

Je savais qu'au fond d'elle, elle ne voulait pas être ici. Elle avait horreur de la violence, surtout lorsque j'entrais en jeu. Mais Emma faisait l'effort de venir, pour moi. Parce que même si sa présence ne comblait pas l'immense vide que j'avais au fond de la cage thoracique, elle mettait un peu de baume au coeur.

J'en avais fini pour aujourd'hui. Je voulais juste m'effondrer dans mon lit.

Je prenais une douche rapide au club. J'entendais encore la foule hurler devant les matchs qui continuaient sans interruption.

Emma et moi sortions par la porte de derrière dans des fous rires discrets.

La rue était sombre, les éclairages publics ne fonctionnaient que sur les axes principaux à cette heure.

Je regardais Emma dans les yeux et pendant une demi-seconde, j'eus l'impression d'avoir en face de moi Izaya.

Je secouais la tête pour faire disparaître ces pensées. Je n'avais pas de nouvelles d'elle depuis une petite semaine, et rien ne semblait combler son absence. Je m'efforçais de sourire devant ma mère et Emma mais au fond, j'avais l'impression de ne contenir qu'au profond néant au fond de moi.

Un néant sans aucune limite. 

Point de vue : Izaya.

J'éteignais mon téléphone portable. Sarah me harcelait depuis maintenant 4 jours et sur les conseils de Baptiste -à qui je n'avais encore bien sûr rien dit, j'avais ''coupé les ponts pour quelques temps " en prétextant être malade. 

Je n'osais même plus sortir de ma chambre par peur de croiser ma mère dans la maison. 

Lorsqu'elle était enfin réapparue, elle n'avait pas arrêté de poser des questions sur toute cette soirée pendant les repas. Je fixais comme toujours mon assiette en gardant le silence. C'était Arthur qui avait répondu à toutes les questions avec un enthousiasme et une gaieté qui m'avait donné la nausée. 

Depuis ce fameux repas, je n'étais pas descendue dans le salon ou dans la cuisine de toute la journée ni même des derniers jours sans être persuadée que le champ était parfaitement libre.

- " Bon faut y aller maintenant " Me chuchotais-je à moi-même.

J'étais assise sur le rebord de ma fenêtre au premier étage. 

Depuis ma fugue j'étais bien entendue privée de sorties jusqu'à la fin de mes jours. 

Mais aujourd'hui, pour la première fois depuis 4 jours, j'allais sortir.

En douce. Dans le dos de ma mère.

Le sol était à une dizaine de mètres de ma fenêtre.

- " Au pire, je me fracturerai la cheville.. Et le cou avec " Rajoutais-je entre mes dents.

Chambre 3303 [ Pause ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant