Devenir l'océan.

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Je me souvenais de mieux en mieux. Il s'était relevé. J'étais encore sur le sofa. Il me parlait tout bas. Des menaces. Il me promettait la mort si je parlais. Si je disais qu'il avait osé prendre de force que je lui avait refusé. Il avait bu. Il buvait de plus en plus. Parce quelle s'absentait et qu'il sentait venir la fin de leur relation. Il buvait et il devenait lourd. J'avais manqué d'instinct. Quand on a tout, on apprend rarement à se défendre. On se montre rarement méfiant. I y a toujours quelqu'un pour arranger le tout. Et l'argent nous rend si impressionnants nous les gosses de riches. On n'en oublie que ce nest pas un bouclier. Il parlait de son amour pour elle. Puis il s'était approché encore. Là à quelques centimètres de mon visage, je sentais son haleine chargée. Je détournais la tête. Je ne parvenais plus à parler. Je voulais mourir.

Je me suis envolé très loin. J'ai volé vers l'océan. J'ai plongé dans les vagues. Je lui ai laissé mon corps sur lequel il pesait. J'avais fermé mes oreilles à ses grognements de bête. Mes poignets enfoncés dans la chair du canapé. Il ne m'avait pourtant pas semblé si fort. Je lui avais abandonné mon impuissance et j'avais quitté le port. Mon corps, frêle embarcation. Ce n'est pas comme ça que j'avis imaginé ma première fois. Mon corps déchiré. Mon corps m'avait trahi. Quand l'orage est passé, je suis redescendue. Il parlait en remontant son pantalon. Il employait les termes de dérapage, de dernière fois. Il avait l'air en colère contre moi. Contre ma peau, ma jeunesse. Il me foudroyait du regard en se recoiffant comme un homme bafoué dans sa dignité.

-Mais en même temps tu passes ton temps à me balancer ton cul et tes seins au visage! Je suis un homme moi! Pas un pantin!

Je n'avais rien fait de mal et j'étais la coupable. Il s'échauffait parce que je ne répondais pas. Je pense que j'étais entrain d'essayer de comprendre ce qui venait de se passer. je pense que je ne comprenais pas. je pense que j'étais sonnée et que mes réflexions, avaient été absorbée par la peau du canapé. Je ne le regardais pas. J'essayais de me dissoudre. J'essayais d'effacer ce qui venait de se passer. Je n'y apposais aucun nom. Alors il m'avait saisi à bras le corps. Il avait rapproché son visage du mien. Il postillonnait. Je savais bien qu'il était encore trop prêt. Il y avais une odeur qui me donnait envie de vomir. Un truc animal et humide qui flottait dans l'air et surgissait à chacun de ses mouvements. J'avais fermé les yeux. Je voulais prendre une douche.

Je me souvenais.

Il parlait de plus en plus fort. Et je le sentais durcir à nouveau contre moi. J'ai eu peur qu'il recommence. Alors je me suis réveillée. J'ai eu peur de sentir à nouveau son haleine alcoolisée et sa langue pâteuse entre mes lèvres. J'ai eu peur de sentir à nouveau son corps me plaquer contre le sofa alors que sa main se glissait dans ma culotte. Mais son corps qui s'agitait déjà et il frottait son membre frottait contre ma jambe. J'ai eu peur de crier à nouveau comme j'avais crié et que rien n'était venu me sauver. Alors je me suis débattue et il s'est répandu sur moi en écrasant ma bouche de sa main gauche. Son souffle sur moi, ses mains sur mes cuisses. Je me débâtais, il forçait. J'ouvrais la bouche, mais rien de sortait. Il appuyait comme si c'était normal. Il disait - Comme tu es bonne! Il m'avait mordu la lèvre parce que je refusais d'ouvrir la bouche. Ma gorge était si pleine de sang et de larmes que je narrivais quà déglutir.

Tout me revient.

Respirer. Je voulais m'en aller. Quitter mon corps, aller loin, au bord de la mer... Je voulais fermer les yeux. Je savais que si je les fermais suffisamment tout disparaîtrait. Ce serait de nouveau la paix Il y avait le ronronnement de la télé. Il y avait une fille qui hurlait quelque part loin. Il y avait comme un bruit sec, un craquement. Je me dissolvais enfin. Elle était là. Je sentais son parfum lourd comme une nuit sans étoile. Un voile qui enveloppait tout. Et jallais mourir et retrouver papa. Cétait ce que criait la fille: Papa!

Alors javais ouvert les yeux. Et cette fille cétait moi.

J'ai du manquer d'instinct.Where stories live. Discover now