General hospital?

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Un hôpital branché pour les gens branchés ou mieux, friqués. Ils y en a même qui sont là sous de faux noms. Les "Famous" anonymes ont le plus grand nombre de gardes du corps, histoire d'indiquer discrètement aux paparazzis où darder leurs appareils. Mais ici, si tu fais des vagues, on t'éjecte. Pas de blagues, on paie trop cher pour être emmerdés.

Il y a une constante ici qui donne l'impression d'être passé de l'autre côté du miroir, un zombie errant dans la "twillight zone": Le personnel en entier est magnifique. On doit les recruter sur catalogue à la rubrique sexy docteurs*oresses, bombasses infirmiers*ières ,affriolants*tes ASH et aide-soignants*tes, et renversants*tes brancardiers*ières. Dents saines, peau parfaite, teint frais, quelque soit leur âge, on en mangerait. Ils ont des voix qui rassurent, des manières délicates et des sourires de magazines.

Après une semaine assez tumultueuse au cours de laquelle, j'essayais d'arrêter de souffrir, J'ai commencé à comprendre. Une partie de mon torse était bandée. Mon bras aussi suivait la momie's fashion de rigueur ici. Mais personne ne pouvait ou ne voulait m'expliquer comment j'étais arrivée là.

Alors, je prends mon mal en patience. Les infirmières toutes belles dents dehors, me disent que pour l'instant les visites me fatigueraient. Et que si je n'ai pas de nouvelle de maman c'est par ce qu'elle souhaite que je guérisse au plus vite.

Oui, ça sent le moisi cette histoire. Mais pour le moment, je me détends. Je me demande ce qu'il y a sous mes pansements mais je me détends. Je me demande pourquoi on me regarde comme une bactérie qui a muté, mais je me détends. J'essaie de ne pas m'énerver. Je me détends.

Je suis là, en train d'attendre la diffusion d'un soap sur une chaîne privée. Je savoure ce moment. Mon cerveau déserte ma boîte crânienne et m'offre des vacances de choix. Je profite du néant en toute innocence. Cette fois ce sera l'histoire d'une jeune femme d'origine modeste qui finit par épouser un riche industriel. Pas très original mais très reposant. Les couleurs explosent sur l'écran. Le générique m'embobine déjà. La tévé joue parfaitement son rôle lénifiant. Mes jambes sont de coton, immobiles sur le drap immaculé. Une petite épilation ne serait pas de trop. Autre problème épineux que je soumettrai à mon cortex plus tard.

Et la porte s'ouvre. J'ai cru un instant que c'était maman. Le temps me paru très long entre la poignée qui tourne et la voix qui a suivi. Mon cur sest suspendu à cet espoir. En vain.

Un top model en blouse blanche débarque. Il a des poils qui font mine de s'échapper par l'encolure de sa blouse. Tout en lui crie "déshabille-moi!" Même droguée à mort, je peux entendre cet appel déchirant. Je voudrais sourire un instant mais j'ai la flemme.

Il regarde mon crâne rasé en connaisseur. Je ne suis visiblement pas la seule cinglée qu'il rencontre. Il sourit. Ses implants sont magnifiques. Ça met du baume au cur de se dire qu'on les paie pour quils se fassent encore plus beaux. Japprendrai par la suite quil sagit dun sourire authentique. Aux temps pour moi. Il est "typé" comme disent les vieilles gens qui font la pluie et le beau temps des médias à travers le monde. Ceux qui ont environ vingt ans de décalage temporel mais qui prennent l'esthétique et le bon goût en otage. Je n'ai rien contre les seniors. J'abhorre les vieux qui restent arrimés aux rivages de leur bon vieux temps. La diversité est l'essence de la vie, tas de fossiles! Larguez les amarres il est encore temps! Mélanésien? Les yeux clairs, les cheveux longs épais et noirs, le teint café au lait,, les épaules larges et solides. Voici le docteur yummy.

Docteur Makary. Même son nom a un beau sourire. Quand il ma dit "bonjour", je reconnais la voix qui m'a sortie de la brume. Même comateuse, jai bon goût. Bravo moi. Je souris en retour.

Je sens que je vais beaucoup aimer rencontrer le docteur Makary. Je me suis demandé un moment si le docteur Makary faisait partie des trouvailles de maman. Elle pouvait avoir commencé à se diversifier et après les peintres et les gourous, décider de faire dans le médical. C'est cool entre copines de se refiler l'adresse d'un psy sexy.

Il y a un hic tout de même. Mon film commence. Et docteur bombasse me tient la jambe. je suis partagée. Ce doit être la morphine. Pour ponctuer ses phrases il me tape doucement sur le tibia gauche. Ce n'est vraiment pas évident. Il me dit que je peux lui dire ce qui me passe par la tête. Alors je regarde droit au fond de ses yeux magnifiques. ça lui coupe la chique. Je lui dis posément que comme le mentionne mon dossier, je suis là pour un bon moment. J'ai au moins pu comprendre ça. Que donc, vu le montant que verse ma mère dans un élan de générosité totalement intéressé ( Sil vous plaît gardez là le plus longtemps possible!), je pense avoir le droit, d'absorber ma dose quotidienne d'absurdité romantico-comique ,sans être dérangée. Trop crevant à dire. En réalité je lui demandais simplement de repasser dans cinquante-quatre minutes. Pubs comprises.

Il a fermé la bouche. On dirait que le soleil se couchait. Il a regardé sa montre. Encore une généreuse donation, ça sent la célébrité reconnaissante. Et il a conclu par un " à tout à l'heure" qui me soulagea et me fendit le cur tout à la fois. Je pouvais me sentir un peu coupable. Mais je n'ai jamais eu de remords.

Donc la jeune fille, revenons à notre soap, est serveuse dans un restaurant. Là elle est lamentablement exploitée par un patron arrogant aux mains dangereusement baladeuses. Elle pauvre objet de convoitise, se sent comme un oiseau pris au piège de cet univers si peu délicat comparé à sa grâce naturelle. On le sait l'héroïne se démarque de la plèbe par sa noblesse naturelle. Bref, elle croise notre homme d'affaire quand il la défend contre un consommateur qui avait tendance à commander ce qui ne figure décidément pas au menu. Mais la voilà sans emploi. Elle qui doit s'occuper seule de son petit frère handicapé, si attendrissant avec son zeuzeutement subtil. Alors notre héro part à sa recherche, la retrouve et lui propose de travailler pour lui. Mais elle a sa fierté et refuse. Elle frôle le caniveau la bougresse...Puis ils se marient et pour les enfants on verra. II y a déjà le frère et ce nest pas un cadeau.

Le docteur revint. Le soleil aussi.

Est-ce que je l'avais fait? Est-ce que c'est pour ça que je gisais là allongée le corps à moitié couvert de bandages? Est-ce pour ça que tous les jours une infirmière venait avec un masque sur le visage et une pince de l'autre détacher délicatement des lambeaux de moi qui partaient avec les compresses. Est-ce pour ça qu'il se dégage une odeur fade?

Est-ce que je l'ai fait?

J'ai du manquer d'instinct.Where stories live. Discover now