CHAPITRE 11

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22 août

Presnel était bien décidé à aller voir le jeune défenseur allemand. Évidemment, il le faisait pour Julian mais s'excuser, c'était encore autre chose.

Il devait être 9h du matin, la plupart des joueurs avaient déjà pris leur petit-déjeuner et Presnel n'avait pas croisé la personne qu'il recherchait. Se dirigeant vers la chambre de son rival, il entra sans frapper.

-Décidément, tu ne frappes jamais toi. Fit Thilo en se remémorant de la soirée où Presnel avait failli lui mettre son poing dans le visage avant de réprimer son geste.

-T'as vraiment un humour à tomber par terre... C'est grâce à ça que tu as réussi à avoir ce que tu voulais de Ju ?

Le regard de Thilo devint plus sérieux, moins provocateur.

-Tu veux quoi Presnel ?

-Comprendre ce que tu veux de lui.

Kehrer, allongé sur son lit, soupira d'exasperation.

-Si tu crois que je l'ai embrassé juste pour m'amuser tu te trompes. J'en avais envie, tout comme lui, et c'est toujours d'actualité.

-Il te plaît ? Demanda Presnel, les poings serrés.

-Pour te répondre sincèrement, oui, beaucoup même. Et j'ai l'impression qu'il ne te laisse pas indifférent non plus...

Presnel se mit à rire nerveusement pour cacher sa surprise. Il ne pensait pas que c'était aussi évident mais venant de Thilo ce n'était pas surprenant puisqu'il les observait à longueur de temps.

-Jaloux, Kehrer ?

-Jaloux, possessif, protecteur... Appelles ça comme tu veux.

La manière qu'avait Thilo de répondre à ses questions était plus qu'énervante mais surtout déstabilisante.

-Tu... Tu l'aimes ? Fit Presnel difficilement, redoutant la réponse qui allait suivre.

Le sourire en coin de Thilo disparu et il regarda Presko dans les yeux, essayant de déchiffrer l'émotion qui submergeait le Français.

-Ouais... Depuis Schalke. J'ai encore jamais eu l'occasion de lui dire mais je me suis dis que des actes valaient plus que des mots.

-Et ta langue dans sa bouche c'était obligatoire ?

-C'est bon t'es son pote pas son père, alors je pense pas devoir te demander ta bénédiction.

La colère monta à l'intérieur de Presnel. Julian était son ami depuis très longtemps et ce n'est pas Thilo qui allait tout foutre en l'air et éloigner son babe loin de lui.

Lui qui parlait de bénédiction, il allait être servi...

À l'entraînement, Kehrer semblait étonnamment proche des Brésiliens, entre autre Marquinhos et Neymar. Il ne se gênait pas pour les toucher, rire avec eux alors qu'il avait avoué avoir des sentiments pour Julian. Presnel ne comprit pas le petit manège de l'Allemand mais en voyant la tête dépité de Ju, tout devint plus clair. Attiré quelqu'un en le rendant jaloux semblait fonctionner, surtout avec son meilleur ami au vu de sa réaction.

Mais personne n'avait le droit de se jouer de son babe sans conséquence alors de retour aux vestiaires, le Français empoigna son téléphone et pianoter malicieusement sur le clavier de son téléphone avant de le ranger.

Il avait eu le temps de réfléchir à une bonne vengeance. Le plan dans sa tête semblait impeccable. Grâce à lui, il pourrait énerver le petit Thilo mais le problème c'était Julian. Julian qui semblait s'attacher d'heure en heure à ce demi manipulateur. Comment séparer deux personnes qui commençaient à tomber amoureuse l'une de l'autre ?

Soudain Presnel se sentit honteux de vouloir gâcher la chose qui allait rendre heureux la personne la plus importante de sa vie...

23 août

Le lendemain matin, les interrogations des joueurs à l'égard des «fêtards» devenaient de moins en moins récurrentes. Seul Thilo était obligé de justifier l'hématome sur son épaule à longueur de temps.

-T'es sûr que c'est pas un suçon Thilo ? Tu peux nous le dire si une fille t'a sauté dessus pendant la soirée... Fit Kurzawa plein de sous-entendu.

-Vous voulez pas le laisser tranquille ? Demanda Kevin par solidarité.

-Non je suis sûr que c'est pas ça Layvin...

-Pourquoi ? Parce que c'est toi qui prend les devants, hein Kehrer ?

-C'est ça ouais. Avoua Thilo en riant avec quelques gars alors que Julian était en train de s'étouffer.

Le sourire du défenseur allemand ne s'effaça pas et il continua de lancer des petits regards dans la direction du milieu de terrain alors que Presnel chuchota quelque mot à l'oreille de son ami et ils quittèrent la pièce sans rien dire.

-T'es sûr que ça va babe ? S'inquiéta Presko.

-Ouais, c'est juste...

-Kehrer ? Je sais pas ce qui lui prend mais je vais lui faire passer son envie de faire le malin tu vas voir ! Dit-il avant de se tourner vers le réfectoire.

-Non pas ça, s'il te plaît.

Le regard suppliant de Julian dissuada le Français de tenter quoi que ce soit.

Pourquoi fallait-il qu'il s'éprenne de quelqu'un comme ça ?

-Je te comprends pas... Ça se voit clairement qu'il joue un double jeu. Une fois il fait le mec timide et après il agit comme un tombeur ! Laisse-moi lui montrer que ce qu'il s'est passé entre vous était une erreur et qu'il n'a pas le droit d'utiliser ça contre toi.

Les yeux de Julian se remplirent d'incompréhension et de pitié.

-Je pensais que t'avais compris Presko... Toi qui me connaît si bien, ne me dit pas que tu ne vois pas ?

-Qu'est-ce que je vois pas ?

Draxler fit une pause, cherchant les mots justes pour expliquer à Presnel ce qu'il ressentait.

-Oui j'étais bourré ce soir-là mais... C'est grâce à l'alcool que j'ai eu le courage d'aller de l'avant et de faire ce que je devais faire depuis longtemps pour passer à autre chose...

L'Allemand se tut face au visage dépité du métisse qui ne savait pas quoi répondre.

Les secondes paraissaient interminables pour le numéro 23 qui redoutait la signification de ce silence si pesant.

-Tu ne peux sans doute pas comprendre mais dis-moi que tu ne m'en veux pas ? Parle moi Presnel !

Une amitié chamboulée *DRAXEMBE*Où les histoires vivent. Découvrez maintenant