Chapitre 24

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Pour Nora, la nuit avait été aussi courte que la pluie avait été battante. L'endroit

regorgeait d'humidité. La terre battue était imbibée d'eau et les couvertures

commençaient à sentir le renfermé. Il était tant de partir d'ici, se disait Nora alors qu'elle

ruminait dans son coin tandis qu'Emy semblait dormir à point fermé.

Nora enviait la capacité qu'avait son amie à dormir en toute circonstance. Elle se

souvint d'une nuit où le volcan était entré en éruption – fort heureusement les dégâts

avaient été minimes – et elle et ses parents avaient débarqué en quatrième vitesse chez

Monsieur Bob, savoir si ses stocks avaient été endommagés. Si Nora n'était pas monté

dans la chambre d'Emy, elle aurait dormi jusqu'au petit matin.

Un sourire orna le visage de la jeune Jenkins alors qu'elle regardait son amie dormir.

Pourquoi elle-même n'arrivait pas dormir ? À cause de leurs retrouvailles ? Ou est-ce le

fait que Stephen tarde à mettre son plan à exécution ? Ou alors, peut-être était-ce à cause

des confidences de ce dernier ? Dans un lourd soupir, Nora déduisit que c'était un

mélange d'un peu tout ça à la fois, mais de tellement d'autres choses encore. De sa main

droite, enfouie au plus profond de sa couverture tellement le froid l'assaillait, elle tenait

fermement la photo – la précieuse photo – que Stephen lui avait remise. Nora se sentait

investie d'une mission d'une importance vitale, et c'était réellement le cas, si bien que

lâcher ce bout de papier était au-dessus de ses forces : elle avait peur de ne pas tenir sa

promesse si la photo s'éloignait d'elle. Cette pensée n'était pas fondée, il y avait peu de

chance que la photo ne se retrouve hors de la cabane, mais la paranoïa de Nora devenait

intense ces derniers temps et ses nerfs étaient susceptibles de lâcher à tout moment.

Nora ne supportait pas la pression, en tout cas, en dehors de son travail, et

dernièrement, sa vie se résumait à une pression constante : de la part de Stephen qui

comptait énormément sur elle, de la part de ses compères, même indirectement

puisqu'ils ne savent pas qu'elle est UnFortunéum, et aussi et surtout, elle s'imposait à

elle-même une lourde pression et elle avait terriblement peur de ne pas être à la

hauteur.

Lâchant la photographie un moment, Nora joignit ses mains entre elles afin de les

faire glisser dans son dos, dans une tentative d'étirements laborieuse. Dormir à même le

sol n'avait pas arrangé sa souplesse semblait-il. L'instant qui suivit, elle emprisonna de

nouveau la mère de Stephen dans sa main droite en attendant désespérément l'arrivée

de la lumière du jour. De mémoire, elle essayait de se souvenir du sourire discret de

cette femme, mais aussi de son nez aquilin et de ses pommettes saillantes. Ses yeux ?

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