Chapitre 16

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Un poids vint s'abattre subitement sur la poitrine de Nora. Son cœur se serra. Une sensation de bile la parcourut avant de rester coincer dans sa gorge. Des perles de sueur provoquèrent une fine pellicule grasse sur son corps endolori par les conditions climatiques. Nora se redressa subitement, ouvrit les yeux et suffoqua.

Sa respiration était anormalement rapide, son pouls battait des records de vitesse. La main sur le cœur, elle essaya de se contenir, sans succès. La couche de sueur s'épaississait au fil des minutes, et bientôt, son t-shirt fut trempé. De son autre main, elle essuya son front, puis sa nuque. Rien à faire, la sueur venait immédiatement se réinstaller sur son corps. Alors, elle la laissa de côté pour se concentrer à nouveau sur sa respiration.

Il faisait nuit noire dehors, et ce réveil brusque perturba Nora. Elle mit un instant avant de comprendre où elle se trouvait, ce qu'elle y faisait ainsi que de se remémorer les derniers jours.

En un déclic, elle plaqua sa main sur sa bouche et comprit. La sensation qu'elle venait de vivre était, en tous points, la même que celle qu'elle avait ressenti la veille lorsque Stephen lui avait couvert les lèvres de sa main droite, pour faire taire son cri de douleur dans sa paume.

Il avait fait croire à ses parents qu'elle était morte, et il lui avait interdit toute manifestation de chagrin.

Elle voulait hurler. Elle souhaitait le haïr. Mais elle n'y arrivait pas. Il était son seul espoir de réussir, et elle était plus déterminée que jamais à se battre pour ses droits, et surtout, pour ceux de sa famille restée au quartier Central.

Sa mère, son père, Emy, Monsieur Bob, Paco... Visualiser leurs visages calma doucement Nora. Son rythme cardiaque se régularisa et sa respiration se fit moins forte.

Quand elle se sentit prête, Nora se leva et se plaqua contre un des murs. Ses yeux cherchèrent une fente pas trop étroite entre les lames de bois et elle se mit à regarder les étoiles. Le ciel était dégagé si bien qu'une multitude d'astres s'offrait à elle. Alors, elle en désigna cinq. Cinq des étoiles les plus brillantes de cette nuit-là et elle les attribua à chacun des êtres qui lui étaient le plus cher, avant de se promettre de regarder les étoiles, chaque soir, avant de se coucher.

Une bourrasque de vent la fit reculer de plusieurs pas. Elle empoigna alors l'une des plus grosses couettes et s'emmitoufla dedans. Ses dents claquaient, désormais, et ses jambes tremblaient. Elle s'assit au centre de la pièce, la terre aussi, était fraîche. Elle prit plusieurs racines et ses habitudes de couturières l'envahirent.

Elle était incapable de se rendormir, alors elle allait tresser, faute de mieux.

***

Nora ne fit pas la même erreur deux fois, elle avait réussi à étendre sa portion de nourriture jusqu'au coucher du soleil. Elle avait vu là une certaine fierté, et ce sentiment était la seule chose positive à laquelle elle pouvait se rattacher.

Peu après la tombée de la nuit, un déluge avait frappé l'île et bientôt, le bois de la cabane était infiltré d'eau et une odeur d'humidité chatouillait les narines de Nora. Lorsqu'elle vit que la terre commençait à s'imbiber, elle ne put retenir un juron :

— Eh merde !

Rapidement, Nora fouilla du regard la cabane presque vide, afin de trouver une solution. Elle s'empara alors de la caisse qui avait renfermé les couettes le jour de son arrivée, puis l'installa au centre de la pièce avant d'y déposer tous les draps. Avant de s'asseoir sur son nouveau meuble de fortune, Nora prit le temps de disposer son seau d'eau vide sous la plus grosse fuite. Ainsi, elle s'installa et écouta les gouttes d'eau frapper le fond du seau en métal jusqu'à l'arrivée de Stephen.

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