Chapitre 23

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Peu de temps après la promesse de Nora, Stephen était parti, dépité.

Cela devait faire approximativement deux heures que les deux meilleures amies

étaient seules. Aucune retrouvaille pleine de joie et d'émotion n'eut lieu durant ce laps

de temps. Ce fut en silence que Nora avait divisé le nombre de couverture en deux pour

qu'Emy ait une couchette. Dans un sourire amical, cette dernière remercia son amie

avant d'être rapidement accueillie dans les bras de Morphée.

Installée sur son lit de fortune, Nora ne trouva pas le sommeil. Son esprit cogitait

dans un nombre incalculable de directions et elle était bien incapable de calmer ses

pensées. Les révélations de Stephen l'avaient bouleversée si bien qu'elle remettait ses

croyances en question : et si certains riches n'incarnaient pas le mal ? Et s'il y avait une

part de bon chez certains d'entre eux. Après tout, elle avait bien fait confiance à Stephen,

alors pourquoi serait-il le seul riche avec un bon fond ? Il doit bien en exister d'autres.

Une autre pensée vint se superposer à celle-ci. Stephen avait souffert de la montée au

pouvoir de Carter Rosenbach, peut-être n'était-il pas le seul... À force de voir le quartier

Central mourir à petit feu, Nora n'avait jamais émis l'idée que les quartiers

périphériques aussi avaient souffert suite à l'instauration du nouveau gouvernement.

Si la mère de Stephen n'était pas la seule que l'on avait gentiment guidé vers les

tréfonds de la société. Et si le quartier Central comptait parmi ses murs, d'anciennes

personnes aisées dont la volonté de se venger de Carter était plus forte que tout le

reste ? Tant de questions, tant d'hypothèses... Nora qui pensait tout savoir sur Baltivia

et ses conditions de vie se révélait être bien ignorante. Quoiqu'il advienne, les

révélations de Stephen avaient confirmé une chose qu'elle savait pertinemment :

Monsieur Carter Rosenbach était à l'origine de tous ces bouleversements et, par

conséquent, Nora s'était judicieusement attaquée à la bonne personne. Le visage plein

de complaisance de Carter s'était immiscé dans le cerveau de Nora, mais celle-ci balaya

cette image en un froncement de sourcils. Un autre visage vint alors le remplacer : celui

de la photo, celui de la mère de Stephen.

Il lui était globalement inconnu, pourtant, une facette de ce visage lui était familière.

Elle crut déceler quelque chose dans le sourire de cette femme, mais, après tout, n'était-

ce pas simplement le sourire de Stephen qui faisait écho à cette photographie ? Il était

son fils, il était donc normal que certains traits lui disent quelque chose, elle les avait

simplement vus chez Stephen... Cette découverte la démoralisa et elle se promit de ne

rien dire de tout cela à son allié : il serait brisé.

Nora rangea la photo dans sa poche, le plus délicatement possible. Elle était fatiguée,

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