Chapitre 12

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Nora resta figée sur place quelques instants, le temps que le calme reprenne possession de la place. Elle ne savait plus quoi faire, ni quoi penser. Elle n'en était pas certaine, mais cette intervention des forces de l'Ordre avait sûrement un lien avec son pseudonyme et, si tel était le cas, cet agent venait de la couvrir.

Pourquoi ?

Cette question lui tortura l'esprit durant tout le reste du chemin. Tellement d'émotions se battaient en son for intérieur qu'elle ne savait pas laquelle prenait le dessus. La peur ? La surprise ? L'inquiétude ? L'incertitude ? Nora n'en savait rien et elle essayait de ne rien laisser paraître devant les autres passants. Ses membres inférieurs tremblaient, son front suait, mais elle préférait ne pas écouter les suppliques de son corps et avancer, tête baissée et esprit tourmenté.

Arrivée sur la place où elle vivait, elle aperçut les lumières du bar, allumées. Elle crut un instant rêver, mais plus elle avançait, plus la lueur du plafonnier lui éblouissait les yeux. Un sourire niais orna son visage et ses jambes se mirent à courir à grandes foulées pour rejoindre le café.

Essoufflée, Nora entra dans le commerce et ne prit pas la peine de saluer les clients. Elle reprit sa course en direction du comptoir pour aller prendre Monsieur Bob dans ses bras.

— Monsieur Bob, vous êtes revenu ! s'exclama-t-elle pleine de joie tandis que les larmes perlaient aux coins de ses yeux.

— Doucement, ma Grande, rit le vieil homme en répondant à l'étreinte de sa voisine. Je ne suis plus tout jeune.

— Quand est-ce qu'ils vous ont relâché ? reprit Nora sans écouter les dires de son aîné.

Monsieur Bob prit la jeune Jenkins par les épaules pour l'écarter et lui offrit un verre d'eau. Il désigna un tabouret pour qu'elle puisse s'asseoir et cette dernière ne se fit pas prier après la journée éreintante qu'elle venait de passer.

— Un peu après l'heure du midi, affirma le propriétaire des lieux. J'ai pu ouvrir le bar pour treize heures !

— Vous auriez dû vous reposer au lieu d'ouvrir, Monsieur Bob, le réprimanda la jeune Jenkins. Ce n'est pas raisonnable !

— C'est exactement ce que je lui ai dit, déclara Emy alors qu'elle sortait de l'arrière-cuisine.

— Tu ne vas pas t'y mettre toi aussi, ma Grande. Je suis en pleine forme et si j'ai envie d'ouvrir le bar, personne ne pourra m'en empêcher !

— Ce que vous êtes têtu, Monsieur Bob. Vous avez été arrêté hier soir et vous reprenez déjà le travail ? Vous êtes un sacré phénomène, s'exclama Nora en riant.

— Sans mon travail, je ne suis plus rien, avoua le vieil homme. Autant crever !

Emy n'attendit pas une seconde pour frapper son grand-père sur l'avant-bras.

— Je t'interdis de prononcer à nouveau ces mots, s'énerva-t-elle.

Monsieur Bob leva les yeux au ciel en guise de réponse et tourna le dos aux jeunes femmes pour s'attaquer de nouveau à sa vaisselle.

— Il faut que je te parle, chuchota Nora à l'oreille d'Emy. C'est urgent !

Son ton se faisait pressant, ce qui fit hausser les sourcils de la jeune Clarks.

— Moi aussi, j'ai des choses à te dire... Et pas seulement des bonnes nouvelles, ajouta cette dernière après un court laps de temps. Allons ailleurs.

Sans un mot, Nora suivit Emy à l'étage et se retrouva rapidement dans la chambre de son amie. La jeune Jenkins eut l'impression de revenir quelques heures en arrière, et cela ne la rassura guère pour la suite des événements.

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