« Face à face, elles se regardaient d'un air vide. De l'extérieur on ne verrait que ça, ce regard indifférent.
Sans apercevoir qu'à l'intérieur, ces deux femmes tremblaient de peur. »
ıяеиə
_____________________Comme une habitude, ce masque invisible se déposa délicatement sur mon visage. Empêchant le moindre petit trait inquiet se montrer face aux autres et trahir cette fausse confiance en soit que je me forçais à exposer aux yeux de tous chaque jours dans ce pensionnat.
Car oui, j'étais terrifiée.
Perdre ne serait pas un grand enjeux pour moi, personne ne m'en voudra. Le sport n'était pas le domaine dans lequel j'excellais et c'était une information connue de tous.
Perdre cette fausse expression d'assurance lorsque l'écran affichera : Irène : lost / adversaire : win.
Qui pourrait me valoir de laisser ma réputation se brûler en une flamme, n'était rien non plus. Je savais pertinemment que ça n'arrivera pas
étant habituée depuis bien longtemps à faire régner cette aura que rien ne pourrait atteindre autour de mon être.Non, en rien tout ceci ne me faisait peur. Ce que ma personne craignait était ce poid lourd rongeant chaque fois, un peu plus, ma conscience lorsque la gloire m'entourait même quand je venais d'échouer lamentablement. Et pourquoi ?
Juste pour un beau visage.
Juste pour une fausse expression.Juste parce que je semblais posséder à la perfection les plus grands standards appréciés ici.
Juste pour le mensonge que je suis.
Juste pour eux.
Il m'était imposé d'être aimée pour mon apparence et ce qui en ressortait, non pour mes capacités.
Chose de plus en plus difficile à supporter pour mon âme qui détestait de jour en jour voir son reflet à travers un miroir.Le jour viendra où ce poid l'aura entièrement engloutis, et que tout explosera.
Voilà ce qui m'effrayait.
γεяı
___________________Dans un silence pesant le seul bruit atteignant nos tympans était les roues du cadi s'écrasant circulairement sur le sol lisse du gymnase.
Joy et Wendy firent avancer ce "véhicule" rempli de toute sorte d'objets vers moi qui ne voulait qu'une seule chose : que le jeu se termine au plus vite.Stressé ? Non, ce n'était pas le bon mot pour qualifier la guerre mondiale qui se tramait à l'intérieur de mon corps, aucun ne l'était d'ailleurs.
Ces cours, ces élèves, ces compétitions constantes : je n'aimais pas ça, j'en étais même terrifiée. Mais on finissait toujours par se retrouver au milieux de nos craintes, ma peur et moi.
Essayant de paraitre la plus calme possible, ma main se dirigea vers le tas d'objet et en prit un au hasard.
Le son du sifflet résonna dans toute la salle, signalant que le jeu pouvait enfin commencer.
Une fois, juste une fois.
Positionnée face à Irène qui attendait.Placée entre Wendy et Joy qui me regardaient.
Devant la classe entière qui se moquaient.
Mes mains n'avaient toujours pas bougé, je n'avais toujours pas bougé. Regardant mon adversaire dans le blanc des yeux, je n'osais pas lui jeter ce que je possédais dans les mains à la figure.
Une fois, juste une fois.
Ce qu'elle était épuisante cette pression qui me prenait à chaque événement de ce genre, cette voix me disant de ne pas tout rater une fois de plus devant eux, eux qui se servaient de toute occasion pour me mener au plus bas.Mais ce n'est rien, Kim Yeri s'en moque, elle est plus forte que ça.
Une fois, juste une fois.Et soudain plus rien.
Ce fut le temps d'un instant,
en fermant les yeux pour sombrer dans un trou noir que je sentis monter cette pression en moi.Lorsque je repris conscience : je vis l'objet du jeu se faire propulser droit dans la ligne de mire, par moi.
Touché.
Il eût un long silence, où personne n'a su comment réagir. Observant simplement la scène et me regardant ouvrir les portes du gymnase et disparaître derrière celles-ci.
Je venais de gagner. Mais une voix régnait au fond de ma conscience, me murmurant que je venais de perdre.
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General Fiction« Dans tous les contes que j'ai lu, les histoires qui commencent mal ont toujours une belle fin. Même s'il y a des obstacles, les héros s'en sortent. Nous ne sommes pas des héros. Alors quelle sera la fin de ...