08 | Russian Roulette

412 55 17
                                    

« Elle ne disait rien, mais observait de loin.
Elle ne disait rien, mais avait un sourire en coin.
Derrière ce regard, elle savait ce qui s'y cachait. »

jøγ
____________________

Des lumières tamisées, une odeur de bois vieillit et ce silence lugubre.
Tout ce que j'aimais regroupés dans l'endroit que je détestais le plus au monde après ce pensionnat : bienvenue dans la bibliothèque.
Qui se trouvait aujourd'hui désert à cause des événements passés plus tôt dans la matinée, pour mon plus grand bonheur.

Habituellement cette pièce serait remplie de ces indésirables, assoiffés de savoir pour obtenir le pouvoir et devenir le ou la meilleur(e) d'entre tous.

En d'autre termes, des élèves comme Son Wendy.

D'ailleurs cette dernière avait disparu de la surface après le cours de ce matin. Normalement, elle serait la première assise au fond de la salle entourée de bouquin.
Mais que voulez vous, la jeune fille doit sûrement être en train de se lamenter sur sa défaite écrasante.

Un sourire narquois ne pu s'empêcher de se placer sur mes lèvres à cette pensée.

Aurais-je oublié de mentionner que cette journée a été de loin, la meilleure ?

C'est fou comment en à peine quelques petites secondes, tout peut changer.
La plus prestigieuse élève détrônée de sa place par la plus discrète d'entre tous.
La plus détestée soudainement devenue moins détestée.
Et la plus populaire...toujours aussi populaire.

Certaines choses ne changent pas. Du moins, pas pour l'instant.

Et cette dernière se trouvait justement ici, le visage ferme, un livre à la main et son regard perdu à l'intérieur.
Elle semblait paisible, comme-ci se faire achever par Yeri ne l'avait pas atteint, telle la femme intouchable qu'elle était.

Enfin ce qu'elle voulait nous faire croire.

Une menteuse en reconnait une autre.

Derrière ce regard neutre règne de la peur, je le sais. Je le sais et je l'ai vu avant que le ballon ne la touche, cette angoisse. L'angoisse que tout le monde découvre la vérité : sans ce masque feignant la perfection, Irène n'est rien.

Mais j'applaudis sa faculté à contenir autant de mensonges.
Je me dis également qu'elle doit vraiment avoir l'esprit occupé pour ne pas sentir ce regard pesant
-qu'était le mien- sur sa personne.
Ou bien fait-elle une fois de plus semblant de ne pas avoir remarqué.

Comme je le fais depuis que je suis entrée dans cette bibliothèque avec cette présence inconnue -que j'ai préféré ignorer jusque là- et qui me fixait encore maintenant.

Je sentais son regard brûler mon dos, et bientôt mon visage lorsque je décidais de me retourner. Mais lorsque cette action fût faite : personne.

Mes sourcils se froncèrent, c'était vide et pourtant je me sentais toujours observée par quelque chose émanant au fond de cet endroit.
Ne cédant pas aussi facilement je m'y aventurai, parcourant ces étagères bleues d'un pas léger. Je m'arrêtais à l'avant dernier rayon et resta un long moment sans bouger, essayant d'entrevoir un semblant de forme humaine à travers les espaces entre les livres empilés, mais rien.
Il n'y avait personne derrière, même lorsque j'y ai finalement mis un pied.
Et soudainement cette sensation d'être épier s'est envolée, étrangement.

J'observais cette place, les murs, les livres, chaque recoin. J'en suis sûre et certaine il y avait quelqu'un ici.

Quelque chose clochait.

Je restai plantée là avant qu'une voix ne me coupe de mes réflexions.

« - Que faites-vous ici n°9603 ?

Je sursautai de peu et me retournai vers la bibliothécaire.

- Pardon ?

- L'accès aux derniers rayons de livres est interdit.

- Et depuis quand ? Demandais-je irritée.

- Depuis toujours, vous devriez le savoir, vous qui passez la moitié du temps à glander dans le coin de cette espace de travail. Maintenant veuillez sortir d'ici.»

Sans dire un mot je la fusillais du regard avant de m'en aller.
La colère montant d'un cran dans mon être, elle fut de suite redescendu quand je vis devant moi le plus beau des tableaux.

Elle a dû croire que j'étais partie, car sous mes yeux je la voyais, agrippant sa chevelure rosée, respirant lourdement pour évacuer son stress, et son visage ayant perdu cette façade impassible.

Nos regards s'étaient croiser, restant un long moment sans s'en détacher, et je vis dans ses prunelles tout ce que je voulais voir.

Elle faisait vraiment semblant.

Et ce fût là, à ce moment précis, qu'elle comprit son erreur; pendant qu'un grand sourire vint embellir mon visage.

Ô Bae Irène si tu savais à quel point je te connais toi et tes démons.




Tu sais pourquoi ?

Car au fond, on était pareille.


Car au fond, on était pareille

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

game | eyes'on'you

russian rouletteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant