Chapitre 4

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Le blond arqua un sourcil, maintenant face à elle. Uranie le toisa du regard tandis qu'il posait son sac à dos sur Fonty. « Je m'appelle Lucien. Et ... Voilà. Tu es seule, aussi ?

- Ouais. Elle s'étira dans un soupir, époussetant au passage l'arrière de son jean. Uranie, j'ai 17 ans. J'aime pas trop ton prénom.

- Euh... Il mima un sourire. D'accord. Moi non plus, je trouve pas le tiens terrible, je suppose ?

- Passionnant, mais peu importe. Tu sais ce qu'il se passe ?

- Pas du tout. L'adolescent pointa derrière lui la ville de son pouce. Je sais même pas où on est, Google maps ne marche pas.

- Ah ? Bon à savoir. Elle attrapa son sac à dos. Dis-moi, tu as quelque part où aller ?

- Non. Je ... Je crois que je me suis réveillé dans ma Fac et je l'ai quittée. Depuis, introuvable.

- Je vois. Uranie resta silencieuse un instant, semblant peser le pour et le contre. Bon, je vais m'introduire dans une maison, tu viens avec moi, Machin ?

- Et bien... »

Il retint un soupire. Cette fille n'avait l'air d'avoir agréable que le visage, mais elle était peut-être avec lui la dernière personne vivante ici, alors ce n'était pas le moment de faire le difficile, quelque part.

« C'est parti. »

Le choix de leur future maison fut décidé en trois étapes.

D'abord, ils avaient listé les plus proches de la fontaine, parce que Uranie s'y était attachée. Ensuite, ils avait inspecté leurs intérieurs, et pour finir, il s'étaient installés dans la plus luxueuse et spacieuse avant que le nuit ne tombe.

Et donc, enfin seule dans sa chambre, Uranie se laissa tomber sur son nouveau matelas. Il était moelleux comme un matelas de l'avait jamais été. Jamais des draps n'avaient été si doux, jamais un lit n'avait été si divin. Il était à l'image de cette chambre ; stupidement luxueux et esthétiquement plaisant.

Même la corbeille qui trônait au pied du bureau semblait valoir plus cher que n'importe quel organe au marché noir. Elle arqua un sourcil. Cette comparaison était peut-être un poil glauque.

Peu importe, il était vingt et une heures, elle avait raté l'heure du bain. Cela ne comptait plus vraiment puis ce qu'elle ne risquait pas d'aller au lycée le lendemain mais tout de même, elle n'aimait pas déranger son organisation.

Elle toqua à la porte du blond. Après une petite minute d'attente, il lui ouvrit la mort dans l'âme. - Qu'est ce qu'il y a ....

- Je me couche bientôt. Je vais me laver ! Rentre pas dans la salle de bain ou je te tue.

- Cool. À demain. Honnêtement, il aurait pu et voulu lancer un débat sur le fait qu'il n'avait jamais pensé à rentrer dans la salle de bain pendant qu'elle se lavait et qu'il n'en avait aucune envie, mais à quoi bon. Il levait donc simplement la main pour la saluer grossièrement mais s'avisa, perplexe. Mais ? Il est même pas vingt deux heures ?

- Et alors ? Elle pointa son visage du doigt. Je me suis levée tôt et j'ai besoin de sommeil. »

La porte claqua. Lucien soupira. À cet instant, le fait qu'Uranie était au-delà de lui la dernière personne sur terre et sa peur de la solitude furent les seules chose qui le retinrent avec elle dans cette maison. Le confort de son matelas, aussi.

Ainsi, Uranie actionna l'unique interrupteur de la salle de bain, curieuse de son contenue. Décevant. La salle était plutôt simple. Un miroir, un évier, un placard, une baignoire et une douche. Un bidet, aussi, mais Uranie ne s'en soucia pas. La seule chose qui éveilla son intérêt fut peut-être le tapi de sol qui était plutôt mignon. Aussi, cela serait hypocrite de dire qu'elle hésita un instant à aller dans la douche, car elle s'empressa de tourner l'évier de la baignoire avant même de commencer à se déshabiller. Que dieu bénisse l'inventeur des baignoires.

Lorsqu'elle fut pleine, Uranie l'observa un instant. Elle avait une impression de déjà vu étrange, mais elle prenait souvent des bains après tout. Avant de rentrer dans la bassine, elle lança rapidement l'application musique de son portable et éteignit l'écran. Le volume sonore était pitoyable, mais elle avait fait l'erreur de laisser son enceinte chez elle, alors tant pis. De toute façon, le garçon de la chambre d'en face aurait entendu et il se serait permit de juger ses goûts musicaux. Quelle horreur. Plutôt mourir que de vivre un tel scénario.

« ♪♫ Can you save, ♪ Can you save my, ♫ Can you save my heavy dirty soul ? ♪♫ »

Paisible, elle fureta lentement la pièce du regard. La porte du placard était déjà ouverte ; elle avait chargé Lucien d'inspecter la maison à leur arrivée. Bien sûr, il ne l'avait pas fermé. Un travail bâclé, pour sûr.

À l'intérieur gisaient des babioles de salle de bain banales ; du parfum, des produits de beauté, du gel douche... Du gel douche ?

Elle fit volte face. Il y avait bien aussi du gel douche sur le rebord de la baignoire. Bien.

Nul besoin de traverser la pièce, tout allait bien.

Dans le dernier compartiment, une machine à faire fondre la cire dépilatoire était ensevelie sous d'autres appareils électriques. Un lisseur et un sèche cheveux étaient même emmêlés entre eux.

Le cœur d'Uranie rata un bâtiment. Ou vu son état de santé actuel, bien plus, pour être réaliste. C'était ça. Elle l'avait enfin, le détail qui pouvait faire prendre sens à cette journée insensée. Elle se leva d'un bond et se jeta sous une serviette pour tambouriner à la porte de Lucien. Il l'ouvrit lentement dans un soupir avant de crouler sous l'incompréhension.

« Non mais tu fais quoi, tu trempes tout le couloir ! T'as aussi besoin de me demander de pas rentrer quand tu te sèches, c'est ça ? À chaque étape tu fais un rappel ?

- Non ! Tais-toi ! Elle fixa le blond avant d'attraper sa main pour prendre son poud. Je crois qu'on est mort ! Enfin moi oui ! »

Mérite-le.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant