Chapitre 32

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Un puissant cri traversa la presque Église. Uranie sursauta avant de maudire son nouveau quotidien sans le moindre sens. Dire que pour une fois elle avait enfin réussit à prendre le temps de se poser pour se faire quelque chose de bon à manger. Il faut toujours que quelqu'un ait un problème ou traumatisme, décidément. Elle éteignit le mixeur et quitta sa chambre. C'était incroyable comme vivre ici l'avait rendue curieuse. Auparavant, elle n'en avait qu'à faire de la vie des autres. Cela était probablement dû au fait que quand tu te retrouves dans une ville vide et fantôme sans internet et réseau, la vie des autres devient la seule chose intéressante autour de toi.

Ainsi, le cri venait de la chambre de Gabriel, si elle ne se trompait pas. Il était visiblement rentré de sur terre et cela ne semblait pas l'enchanter tant que ça. Uranie hésita un instant à rentrer lui demander pourquoi. Peut-être que la fameuse Leïla avait simplement hurlé avoir vu un fantôme et ne l'avait pas laissé discuter avec elle. C'était à anticiper, après tout. On ne revient pas d'entre les morts comme si de rien était.

Un instant plus tard, il semblait entretenir une discussion plutôt enflammée avec Epiales. C'était pas mal, cela lui ferait les pieds, à cet esprit de malheur. Aller, il était temps de se mêler de ses affaires. Elle trottina jusqu'à sa chambre et ralluma le mixeur. Plutôt que de se créer sa propre télé réalité sur les gens avec qui elle vivait, elle ferait mieux de réfléchir à ses vœux à elle. Lucien devait déjà être en train d'y réfléchir, la dernière fois qu'elle l'avait vu assis sur les marches. Elle était en retard sur les autres, et dieu qu'elle haïssait cela.

Mais bon. Elle soupira et éteignit une nouvelle fois le mixeur pour tomber sur son lit.

En fait, elle n'avait rien à souhaiter de spécial. Vraiment pas. Sa vie semblait vraiment loin, désormais. Elle n'en avait plus vraiment grand-chose à faire. La seule chose qui pouvait la préoccuper en ce moment était simplement le fait que bientôt, si elle le méritait, elle serait réincarnée. En soit, c'était ce qu'elle souhaitait et c'était parfait, mais tout de même. Commencer une nouvelle vie, cela voulait dire tout oublier de l'ancienne. Vu comme ça, peut-être qu'elle devrait choisir des vœux pour avantager la nouvelle Uranie et s'assurer de son bonheur, mais ... La prochaine Uranie, elle ne s'appellera probablement même pas Uranie, elle n'aura pas de souvenir de tout ce qu'elle a vécu, peut-être même pas le même caractère qu'elle. Cette Uranie version 2.0, ça ne sera pas vraiment elle. Uranie, elle allait disparaître, en fait. Pourquoi sacrifier tous ses vœux pour une inconnue ? Elle soupira. C'était terrifiant, de se dire qu'elle allait simplement être effacée de ce monde.

C'était peut-être pour ça qu'elle se refusait inconsciemment de réfléchir à ses vœux ? Après tout, tant qu'ils n'étaient pas tous formuler, elle était sûre de rester ici.

Non, ce n'était pas ça. Cela ne servait à rien de s'imaginer plus intelligente ou torturée qu'elle ne l'était vraiment. Elle avait juste aucune idée de quoi demander. Et on ne pouvait pas lui en vouloir, si ? Contrairement à Gabriel ou Lucy, elle n'avait tissé des liens suffisamment forts avec personne dans sa vie précédente pour souhaiter le revoir et lui dire adieu, n'avait pas de bourreau à qui demander des comptes ... Elle n'avait même pas spécialement de rêve inachevé resté en suspend. Ou si ? Elle plissa les yeux. En arrivant ici, il lui semblait bien qu'elle avait réfléchi à ce qu'elle aurait voulu faire si elle avait survécu, oui. À quoi est-ce qu'elle avait pensé, déjà ?

Avoir son Bac et le fêter avec Angelina. Franchement plus d'actualité. Qu'est-ce qu'elle ferait d'un Bac ? Et puis Angelina ... Non, elle n'avait plus vraiment envie de la voir. C'était mieux pour elles deux.

Trouver quelqu'un à aimer ? C'est vrai qu'elle y avait pensé. Bon, cela semblait aussi un peu périmé. Lucien ne voulait plus lui parler alors elle n'avait déjà plus d'amis, alors l'amour, c'était fichu. Quoi qu'est-ce qu'elle pouvait dire qu'elle était amie avec Lucy ? Elle l'énervait foncièrement, mais bon. Hors sujet. L'amour donc ? Non. Pourquoi perdre son temps à faire tomber quelqu'un amoureux d'une morte ? Elle n'avait pas la tête à vivre un quelconque idylle, de toute façon.

Faire le tour du monde et rencontrer suffisamment de personnes pour ne plus pouvoir compter ses amis sur les doigts d'une de ses mains ? Putain, Uranie du passé, ça aussi c'était trop tard. Elle soupira. Évidemment, c'était les vœux de ce qu'elle aurait voulu faire si elle n'était pas morte. Tout cela ne servait à rien.

Aller à beaucoup de concerts, écouter encore des centaines de musiques et tester une nouvelle recette de brownies. Obsolètes aussi, non ? Quoi que. Un concert ? C'est bien un concert. Elle aimait encore la musique, et cela ne durait qu'une soirée. Elle gardait l'idée de côté.

Avoir un groupe d'amis suffisamment grand pour aller à la plage avec tout le monde et avoir son permis pour voyager la nuit en voiture ou aller camper ; Avoir quelqu'un avec qui faire le décompte du nouvel an aussi. Et c'était tout, non ? Elle observa silencieusement le plafond un instant. La plage, c'était fait, en tout cas, elle pouvait cocher. C'était déjà ça. Le nouvel an, c'était mort, par contre. Le permis aussi. Aller camper ? Elle venait de dormir à la belle étoile, est-ce qu'une tente valait vraiment encore le coup ? Cela ne serait pas un peu répétitif ? Si.

Il ne restait donc plus que le concert. Mais le concert de quoi, quel groupe, quel artiste ? Elle soupira. Quelle merde. Elle n'en savait rien. Tout ce cheminement de pensée et voilà qu'elle était encore au point mort. Elle était définitivement le boulet du groupe.

« Uranie ? »

Elle sursauta et se leva d'un bon. C'était Lucien. Elle n'avait pas entendu la porte s'ouvrir. Vivre ici allait vraiment la rendre cardiaque. Enfin, si son cœur battait encore, cela aurait pu.

« Qu'est-ce qu'il y a, t'en as enfin marre de m'ignorer ? Ou de mentir ?

- Non, je ... Il parcouru la pièce du regard. Tu te faisais à manger ?

- Oui, enfin non. J'ai voulu, mais je me suis distraite toute seule. Et change pas de sujet !

- Désolé. C'est juste que, on dîne, avec Léna et Lucy. Elles m'ont chargé de venir te chercher.

- Gabriel est pas avec vous ? Il nia. Bah pourquoi vous vous faites chier alors, c'est lui qui nous force à manger ensemble, de base.

Le blond soupira. - Uranie, s'il te plaît soit pas conne et viens manger avec nous, ça ferait plaisir à Lucy.

- C'est quoi cette remarque ? Tu me racontes des mensonges depuis le début, tu m'as ignoré toute la journée et à chaque fois que j'ai voulu t'aider et maintenant tu viens me dire de pas être conne ? Si tu veux rien me dire je veux pas te voir. Dis à Lucy et Léna que je viendrais à table quand tu n'y seras plus.

- ... Uranie leva les yeux au ciel. Il n'avait même pas quelque chose à répondre.

- Aller dégage, il faut que je me trouve un vœux, moi.

- C'est le dernier repas de Lucy ici. Elle voulait que tu sois là.

- Oh. Une sueur froide traversa son dos. On disparaît vraiment, lorsqu'on a fait tous nos vœux. Je ... Elle aurait dû dire oui. Après un tel discours, elle ne pouvait pas changer d'avis, c'était humiliant. Foutu orgueil. Je viendrais la voir après manger, j'ai ... J'ai déjà commencé quelque chose. Désolée.

- D'accord. »

Uranie mima un sourire gêné. C'était drôle comme on peut lire en un Homme simplement de par son regard. Vraiment. Juste dans les yeux de Lucien et en un instant avant qu'il ne reparte, elle avait parfaitement eu le temps de voir à quel point elle l'avait déçu. Mais il le méritait bien, non ? Et Gabriel aussi ne venait pas. Elle baissa les yeux vers son début de repas. L'envie de manger lui était passée.

Bordel.

Elle avait franchement peur de ce dîner avec les autres. Elle ne voulait pas que Lucy parte. Cela marquait le début de la fin de leurs vies à tous ici.

Mérite-le.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant