Chapitre 33

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« Je t'aime pas beaucoup. Mais t'es une fille super. Prends soin de toi. ... Ou alors non. Elle va quitter le monde, si il y a bien un truc qu'elle va plus avoir besoin de faire, c'est prendre soin d'elle, c'est con. »

Uranie soupira et termina sa soupe d'une traite. L'ennui et la panique la réduisait vraiment à préparer un discours d'adieu à cette petite peste de Lucy ? Elle aurait vraiment dû ravaler sa fierté et suivre Lucien. Putain même cette soupe était dégueulasse. Ou alors elle transposait juste sa frustration dessus. Oui. C'était plus que sûr que c'était ça, si elle devait être honnête avec elle même. Bon.

« T'es cool. La vie c'est cool. Je suis contente que t'y retournes. Eh, ça le fait. ... Non. C'est naze. Ouh, c'est nul. J'ai honte, je veux mourir. Et en même temps, je suis morte. Elle jeta son bol dans son évier et soupira longuement. Quand je te regarde, j'oublie que t'as buté quelqu'un, et c'est cool. Ça veut dire que t'es super, pour que j'arrive à oublier un truc si glauque. Elle grimaça. Non. Elle veut pas que je lui rappelle qu'elle a tué quelqu'un ...

- Qu'est-ce que tu fous, Albator ?

- Ah mais bordel ! Pourquoi vous rentrez tous sans frapper, comme ça !

La petite rousse étouffa un rire. Est-ce que tu me préparais un petit discours d'adieu ?

- Non ! Soit pas égo centrée ! Poil d.. Sale gosse !

- Merci, Uranie. On sera peut-être copines, dans nos prochaines vies !

- Oh putain, j'espère pas.

- Mais roooh ! Elle pouffa. Pourquoi t'es jamais gentille ? Je préférais l'Uranie de la plage. Elle me susurrait des mots doux, que je méritais d'être heureuse, c'était beau.

- Pourquoi t'as demandé à être rousse dans ta prochaine vie ?

- Parce que je suis Lucy putain de Stéphane, et que c'est super cool. J'adore mes cheveux. C'est d'un ennui, d'être brune.

- Eh, vas te faire voir !

- Je blague, je blague ! »

Elles échangèrent un sourire.

« Tu pars quand ?

- Pour minuit. Dans quelques minutes, du coup. Elle inspira profondément. Tu crois que ça va aller, cette fois-ci ?

- Je crois que t'es la seule qui peut décider de ça.

- Ouais, t'as raison. ... Bon, je ... Je dois rejoindre Epiales devant l'Église. Léna et Lucien sont là bas aussi, pour me dire au-revoir ... Je sais que tu lui fais la tête, mais ... T'es sûre que tu veux pas venir ? S'il te plaît.

Uranie soupira et enfila une veste. - Si, si ... Je viens, c'est bon. Lucien est un crétin, on s'en fout, c'est son problème si il veut rien me dire, je perds mon temps. On se connaît même pas tant que ça ; sa vie, je m'en fiche ... Oui, ça oui. Quel idiot. Lucy acquiesça silencieusement, ouvrant la porte de la chambre avec un air amusé. Quoi ?

- Non, je ... je me disais juste que ... Tu l'aimes bien, Lucien.

- Hein ? Non, j'ai dit que c'était un con, tu suis pas !

- Si, je suis mieux que toi, je crois même.

- C'est-à-dire ?

- On regardera Doremi magique ensembles, dans nos prochaines vies ?

- Ça répond pas à ma question !

- Pirikala Paporina Pékélatou Pépélato ! Cercle magique !

- Lucy tu te fous de ma gueule ?! Eh ! »

Elles coururent vers l'extérieur du bâtiment en riant. C'était étrange, d'être ici.

C'était étrange, l'impression d'être à l'aube de quelque chose, d'enfin se sentir vivre, alors que l'on est déjà mort.

La vie à la presque Église n'était pas simple, mais elle était précieuse.

Lucy serra une dernière fois Léna dans ses bras avant de courir dans ceux de Lucien. Uranie mima un sourire, légèrement en retrait. D'accord. Elle était contente d'avoir rencontré Lucy, elle l'aimait bien, finalement. Quel ennui. Elle était chaque jour plus niaise que le précédent.

« Salut, Albator.

- Bonne chance pour la suite, Miimé. »

Minuit sonna.

Un visage se dessina dans l'obscurité. Le longues boucles blanches tombèrent en cascade sur le corps de la jolie rousse. Des bras l'entourèrent.

Lucy disparu.

Léna retourna dans sa chambre immédiatement après, silencieuse. Les deux cadets du groupe restèrent eux plantés longuement en haut des marches, un peu perdus. Lucy avait quitté ce monde pour toujours. Uranie avala sa salive.

« Epiales. Qu'est-ce-qu'il se passe pour elle, maintenant ?

- Elle part vers sa nouvelle vie. Uranie acquiesça vaguement.

- D'accord. Est-ce que je peux gâcher un vœu pour qu'elle soit longue et heureuse ?

- Tu es sûre ?

- Je sais pas quoi foutre de ces vœux de merde, de toute façon.

- C'est d'accord. »

Son premier vœu se dessina sur le grand mur blanc. Elle fondit en larmes comme une enfant et s'écroula à genoux. Le blond soupira et s'accroupit face à elle.

« Ça va ?

- ... J'veux qu'elle soit heureuse ...

Il sourit. - Je croyais que t'aimais pas Lucy ?

- Ta gueule ! Elle leva les yeux vers lui avec un air offusqué tandis qu'il riait aux éclats sans sembler pouvoir s'arrêter. C'est pas drôle, le mythoman !

- Désolé ! T'as cette façon de dire les choses...

- Quoi ? J'ai vraiment envie que tu fermes ta gueule, j'y peux rien... »

Le blond haussa les épaules et se leva, la laissant faire de même. Ils marchèrent jusqu'au dortoir sans prononcer un mot. Uranie soupira. Lucy était déjà partie. Tout cela touchait bientôt à sa fin. Est-ce qu'elle avait vraiment autant de temps à perdre à réfléchir et laisser les choses ainsi ?

« Dis-moi, Lucien, tu sais conduire ?

- Hein ? J'ai pas le permis, non.

- Oh. Moi non plus.

- Pourquoi tu me demandes ça ?

- Parce que finalement, je m'en fous de ta vie. J'ai plus ou moins toujours rêvé de partir en road trip mal organisé avec quelqu'un, tu viens avec moi ?

- De ... quoi ? Tu veux, c'est ton deuxième vœu ?

- Ouais. Elle sourit. T'as mieux de prévu ?

- Non, bien sûr... Je viens, mais ... Attends, tu pleurais il y a deux minutes, tu ...

- Ta gueule ... Je veux juste pas avoir de regret, comme Lucy.

- ... On y va quand ?

- Maintenant. Elle retint un rire et essuya ses larmes, satisfaite d'elle même. Cela lui avait manqué, de faire tourner Lucien en bourrique. Cela dit, est-ce que cela se dit encore, tourner en bourrique ? Peu importe.

Ils disparurent de devant la presque Église.

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