Chapitre 5

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Lavée et enfin habillée, Uranie lança un regard perplexe au blond. « Donc, tu as des souvenirs d'avant ton arrivée ici, toi ?

Il haussa les épaules. - Bah .... Je ... je crois que j'étais dans les couloirs de ma Fac.

- T'es à la Fac ? Mais t'as quel âge ? Je pensais que t'étais plus jeune que moi ?!

- 19 ans ? Il observa avec une pointe d'exaspération la jolie brune le dévisager, déjà habitué. Tu sais, je te l'ai déjà dit que j'étais à la Fac ...

- ... Peut-être. La suite ?

- Je ... Il plissa les yeux. Je descendais les escaliers et c'est tout. Je me suis réveillé au rez de chaussé.

Uranie sembla réfléchir un instant puis inspira profondément pour retenir un rire aux éclats. - T'es mort en tombant des escaliers ?

- C'est probable ouais. Elle pouffa. T'es morte à poil dans la mousse de ton bain, je te signale, t'as pas le droit de rire !

Elle leva les yeux au ciel. - Peu importe, peu importe. On en parle en dînant ? Il est déjà vingt-deux heures trente, normalement je dors, là ... »

Lucien haussa les épaules. En absence de réponse négative, elle fila vers la cuisine en lui ordonnant de venir l'aider s'il voulait manger. Uranie aimait faire à manger, mais pas pour les autres, rappelons-le.

Après avoir fouillé les placards de la cuisine, ils jetèrent les premières pâtes qu'ils trouvèrent dans une casserole d'eau chaude avant de mimer un sourire plat. Il ne leur restait plus qu'à s'ennuyer une dizaine de minutes.

« Tu crois qu'on est où ? Elle éteignait le gaz, l'air distraite. Dans un genre de paradis ?

Le blond haussa les épaules, attrapant la casserole pleine qu'elle lui tendait. - Je pense pas. Enfin, je peux pas savoir, mais je pense pas que le paradis ressemble à ça. Ici c'est ... Un peu trop vide, quoi.

Uranie attrapa une grande cuillère en bois et se servit avant de lui tendre. Tu crois qu'on est sur un genre de salle d'attente du paradis ?

- Peut-être. Il sourit. Mais pourquoi nous ?

- On est mort le même jour, donc on est arrivé en même temps.

- Sans vouloir être négatif, rien qu'en France il y a bien plus que deux morts par jour... »

Uranie haussa les épaules. Il avait beau ne pas être très intelligent, il n'avait pas tort sur ce point. Mais si leur théorie était juste, ils n'étaient donc effectivement pas les seuls êtres humains ici. Cela ne paraissait pas impossible que bien qu'ils ne soient pas seule, ils n'aient croisé personne, vu la taille de cette ville labyrinthe.

La suite du repas fut rythmé par des théories étrange de la part de Lucien qu'elle n'écouta que d'une oreille. Lorsqu'elle eu finit de manger, elle laissa son assiette dans l'évier et l'abandonna face à lui même. Elle avait oublié à quel point discuter avec quelqu'un était épuisant et inutile. Dire qu'elle avait envie de voir un être humain un peu plus tôt, désormais elle rêvait qu'il disparaisse. Enfin non, mais un mode «Off» serait appréciable ; ne l'avoir qu'en cas de besoin ou d'ennui... On ne se change pas, vivante ou non, Uranie n'aimait pas les Hommes.

« Vingt trois heures. Si je veux avoir huit heures de sommeil il faut que je me lève à ... Neuve heures. Ça va. »

Elle régla le réveil de son portable et le posa sur la table de chevet de la chambre après avoir éteint la lumière. Exceptionnellement, elle ne s'endormit pas immédiatement, alors elle n'eut pas ses huit heures de sommeil. Peu importe à quel point ce matelas était confortable et cette maison luxueuse, elle se sentait très mal à l'aise. La journée avait été riche en rebondissement.

On ne meurt pas tous les jours, après tout.

Minuit sonna lorsqu'elle fixait le plafond de la pièce, les yeux clos. C'était un sentiment étrange, amer ; Elle n'était pas réellement triste, parce qu'elle n'était pas sûre de tout comprendre ou d'encore réaliser.

Elle était morte.

La nouvelle ne l'avait pas retournée, son monde ne s'était pas arrêté, elle ne s'était pas effondrée de chagrin, les regrets et les remords ne l'avaient pas envahie. Rien ne lui manquait de façon insurmontable, pas de raison de se mettre à genoux, pleurer pendant des jours.

Rien.

Elle se sentait juste un peu assommée. Tout était loin, et elle était là, pour une durée incertaine. C'était étrange. C'était le mot : étrange.

Sa vie était finie, pour toujours, et elle ne savait pas encore vraiment quoi faire de cette information. Elle avait juste envie de dormir pour ne pas se coucher trop tard, peut-être de déjeuner. Peut-être d'aller en cours, mais en fait, elle ne pouvait pas.

Elle était juste frustrée parce qu'elle ne savait pas trop quoi faire maintenant que tout était apparemment subitement terminé.

La seule chose qui l'obséda, cette nuit là, c'était qu'elle n'allait jamais rentrer chez elle.

Mérite-le.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant