« J'ai tout.
Lucy lui adressa une moue hostile ridicule, quatre paquets de céréales dans les bras. - Parfait !
- Parfait. »
Uranie plissa les yeux. Ce n'était pas la première fois qu'elle se retrouvait avec quelqu'un qui la déteste, mais cette fois ci elle n'avait pas le droit de la provoquer. Si cela venait à arriver, Lucien allait la gronder. A ne pas oublier qu'en cas de crise, elle aurait besoin de Lucy. Mieux valait rester diplomatique.
« Tu veux que je t'aides à porter tes céréales, Lucy ?
- Nan, Albator. » Correction ; elle haïssait cette gosse de malheur. Personne n'avait jamais eu l'occasion de lui répondre de la sorte auparavant.
Elles ne prononcèrent pas un mort sur le chemin du retour. Seul le bruit des bottines d'Uranie sur le gravier et des céréales de Lucy se secouant contre son torse résonnaient dans la nuit. Uranie huma l'air extérieur. Au bout de quelques minutes, elle avait presque oublié Lucy. La nuit, la ville était paisible. Elle l'était pour sûr également de jour, mais elle n'avait jamais prit le temps de le remarquer. A chaque fois qu'elle avait traversé ces rues, elle avait toujours eu quelque chose d'autre à quoi penser. Sans nouvelle découverte ou rencontre ni personne avec qui débattre, elle se sentait bien vide. Sa vie semblait déjà bien loin. Dire qu'elle allait passer l'éternité ici.
Lorsqu'elle arrivèrent devant l'Église, les deux garçons du groupe étaient dehors, assis sur les marches écarlates. Le regard dans le vide, Gabriel fumait une cigarette. A quelques mètres, Lucien mangeait des pistaches avec l'air d'un adolescent puni collé au visage. Apercevant les filles, son visage s'éclaira et il accouru vers elle pour aider la rousse. Uranie esquissa un léger sourire en coin qu'il aperçu mais ignora.
« Vous revoilà, on vous attendait ! On a vu un feu d'artifice plus loin dans la ville ! On pense que c'est Célestin qui essaie de nous faire un signe ! On a acheté un au truc de farce et attrape et maintenant on attend, il va peut-être venir !
Uranie hocha la tête, blasée. - J'vais ranger mon sachet de pain de mie ... »
Elle passa lentement devant les garçons et commença à courir une fois dans l'Église. Célestin arrivait ! Il était le plus âgé, sa présence allait être décisive pour le groupe. Uranie rangea en hâte le sachet dans le petit placard à gauche de sa cuisinière et trottina hors de la chambre pour claquer la porte. Devant, elle rentra dans Lucien et leva les yeux vers lui, surprise.
« Qu'est ... qu'est ce que tu fais là ? »
Il s'éloigna, ce qui rassura la brune. Elle n'aimait pas beaucoup Lucy et avait confiance en Lucien, mais elle devait avouer qu'elle était nerveuse depuis le discours de la rousse sur l'aller du supermarché.
« Rien, rien, tu veux une pistache ? Elle le dévisagea, l'air exaspéré. Me lance pas ce regard ! On avait rien à se dire avec Gabriel, mais il a voulu qu'on attende ensemble ! C'était l'enfer !
Elle le toisa, mauvaise. - Fallait m'accompagner.
- Oui, oui. Ça a été avec Lucy ?
- C'est une peste.
- Je vois. » Il laissa apparaître un large sourire pour se retenir de rire. Cela serait mentir de dire qu'il ne s'attendait pas à une réponse comme celle-ci.
Ils attendirent longuement dans la nuit l'arrivée de Célestin. Personne n'osait aller se coucher et laisser l'Église sans surveillance maintenant qu'il savait leur position. D'abord, pour faire passer le temps, ils jouèrent tous ensemble au Monopoly, mais Uranie en eu rapidement marre. Tout le monde vaguait alors à ses occupations. Lucy dessinait en s'éclairant avec la lampe de son portable, Uranie écoutait de la musique et Lucien terminait le paquet de pistaches. De son côté, Gabriel observait les étoiles.
Dans l'au delà aussi il y avait un ciel. C'était un détail plutôt étonnant. Comme la ville était vide et ne semblait n'être entourée que par le vide, il n'y avait aucune lumière parasite pour polluer la vision du ciel étoilé. La voix lactée se dessinait au dessus de leurs crânes, entourée d'un nuage d'étoiles lumineuses. C'était impressionnant. Le brun mima un sourire. Jamais il n'avait eu l'impression d'être si proche du ciel. L'ironie de ce spectacle résidait peut-être en le fait qu'il était mort et donc monté au ciel dans inconscience collectif.
Lorsque le clocher de l'Église sonna vingt deux heures, Uranie était déjà endormie sur les marches, blottie dans une couverture et le paquet vide de pistache en guise de table de chevet sur laquelle poser son portable. A côté d'elle, Lucien évita de la regarder pour ne pas rire. Elle était véritablement réglée comme une horloge ; Un genre de robot destiné à tomber de sommeil à vingt-deux heures toute son existence.
Finalement, une lumière apparu dans la pénombre, puis une voix se fit entendre. Elle hurla plusieurs fois, demandant si il y avait quelqu'un ici. Gabriel se leva d'un bond et hurla en retour en agitant ses bras. Lucy s'accrocha au bras d'Uranie, le secouant légèrement afin de la réveiller. Quelque chose n'allait pas avec cette voix.
La lumière s'éteint finalement, laissant place à une ombre qui avançait lentement vers eux. Au bout de quelques secondes encore, la silhouette du nouvel arrivant se dessina face à eux, laissant les quatre adolescents déconfits.
Affichant un sourire chaleureux sur ses lèvres rosées, l'inconnu saluait en retour Gabriel et s'approchait lentement, ne pouvant pas courir en talons. Il avait de longs cheveux bruns qui virevoltaient à travers la brise nocturne. Uranie et Lucien s'échangèrent un regard perdu tandis que la robe bordeaux de l'étranger se reflétait dans leurs pupilles.
« Bonjour ! Je croyais bien ne jamais croiser personne ! Je m'appelle Léna ! Et vous ? »
Les quatre adolescents restèrent muets. Oui, il y avait bien quelque chose d'étrange avec cette voix. Elle avait beau ne pas être aussi aigu que celle de Lucy, ce n'était pas du tout celle d'un homme. Cette femme n'était pas Célestin.
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Mérite-le.
Teen FictionUranie n'est pas une bonne personne. Si elle devait mourir aujourd'hui, elle irait probablement en enfer.