Bon sang, le réveil est la chose la plus énervante jamais créée. Si jamais je chope celui qui a inventé cette connerie, je promets que...
— Hope, lève-toi !
Je grogne, repousse les draps me lève finalement. J'enfile un jean ainsi qu'un T-shirt de skate un peu trop grand. Descends lentement les escaliers, j'essaie de profiter des dernières minutes de demi-sommeil qu'il me reste. Mon père, déjà en uniforme, attend dans l'entrée. En me voyant, ce dernier prend une mine attendrie.
— Je sais que tu n'aimes pas te lever tôt, ne me le répète pas, mais je ne veux pas que tu sois en retard. L'année dernière, tu as déjà séché assez de cours comme ça. Mais au fait, tu ne devais pas dormir chez Zara, hier ?
— Si, mais j'ai préféré rentrer tard, en fin de compte.
— Entendu. J'y vais, bonne journée, trésor.
— Bonne journée, Papa.
La porte claque, et le moteur de sa voiture de fonction démarre. A deux doigts de me rendormir en attendant mon toast devant le grille-pain, je me force à boire un verre de jus d'orange. Des vitamines, vite. Autrement, la journée promet d'être longue... Une fois préparée, je ferme la porte d'entrée à clé et prends la direction de l'arrêt de bus. Par chance, je n'ai pas à attendre longtemps, ce dernier arrivant rapidement. Et miracle : il reste quelques places assises. Je jette mon dévolu sur celle près de la fenêtre, enfonce les écouteurs dans mes oreilles et regarde le paysage défiler. Il y a déjà tellement de monde dans les rues. Mes paupières se ferment peu à peu, et- tiens ? Pourquoi le bus est-il arrêté ? Rouvrant les yeux à temps, je remarque que je suis arrivé à la fac. Et les portes du bus ne vont pas rester éternellement ouvertes ! M'emparant de mon sac, je me rue vers les portes, qui se referment juste après m'avoir laissé passé. J'ai eu chaud, un autre arrêt m'aurait forcé à marcher pendant une dizaine de minutes. Consultant mon téléphone, je constate qu'il me reste à peine deux minutes pour rejoindre la salle avant le début des cours. Hâtant le pas, je constate que d'autres personnes de ma promo sont avec moi, dans les couloirs. Tant mieux, je ne suis pas la dernière arrivée. En rentrant dans la salle de classe, quelle ne fut pas ma surprise de trouver Mr Motard, un stylo à la bouche, les bras croisés et les pieds posés sur le dossier d'une chaise. La pose de cancre par excellence, tiens. Et apparemment, je ne suis pas la seule à être étonnée par la ponctualité du motard, puisqu'Adrian Coleman, rentrant à l'instant dans la salle, exulte et lui saute dessus.
— T'es venu ! J'y crois pas, t'es pas en retard !
— En effet, Coleman, ce jour est à marquer d'une pierre blanche.
Le prof toise Adrian, amusé. Il sort un cahier de son sac et lance joyeusement, sur le ton de la plaisanterie :
— C'est tellement incroyable que je vais le marquer dans mon agenda !
Tout le monde éclate de rire, ce sont des scènes auxquelles on a peu l'occasion d'assister. Sauf Kelan, qui grimace et peste.
— Aha, excellent. Si vous êtes venus pour vous foutre de ma gueule, je peux partir dès maintenant, si vous préfér...
Sans attendre, Adrian lui assène son cahier sur la tête, histoire de le couper dans son élan. Un discret sourire aux lèvres, il prend plaisir à charrier son ami.
— Merde ! Pourquoi t'as fait ça ?!
— Non, tu ne sécheras pas !
Les éclats de rire redoublent, mais le prof a compris, lui aussi. Sur un ton ferme, il lâche :
— Bon, maintenant qu'on a bien rigolé, on se remet au boulot. Tout de suite.
Tout le monde se replonge dans son ordinateur, et le silence regagne la salle. Brisé par Kelan, quelques secondes plus tard.
— Adrian, tu me dois dix dollars.Après une bonne matinée de cours, je sors du réfectoire, repue et joyeuse. Il faut dire que ce repas m'a aussi permis de revoir une amie de longue date, Kalista. On se croise rarement, en raison d'horaires de cours différents, alors c'est toujours agréable de passer du temps ensemble. Sur demande de mon amie, je sors dehors pour lui rouler une cigarette. Fumer ne m'a jamais attirée, bien que j'ai plusieurs fois eu l'envie d'y goûter. M'y prenant à plusieurs reprises, j'arrive cependant à rouler une allumette à peu près propre. La glissant entre mes lèvres, j'attrape dans ma poche le briquet de Kalista lorsque je remarque une silhouette familière, penchée sur une grosse Honda, les mains tâchées d'huile et de cambouis. Prenant mon courage à deux mains, je m'approche de lui.
— Salut.
Surpris, Kelan se redresse brusquement, se cognant au carénage de la moto. Portant une main à son crâne, il se retourne, agacé.
— Putain... Préviens, avant d'arriver comme ça !
— Désolée... Je t'ai vu au run, hier.
Il arque un sourcil, et s'essuie les mains sur son T-shirt, avant de reprendre son activité.
— Et ?
— Et, euh, bravo pour la course.
Sans répondre, il se penche encore davantage sur sa bécane et ajuste différents écrous. Frappée par sa froideur, je déglutis. Tu parles d'une interaction agréable.. Sa voix est... limite glaciale.
— Ça fait longtemps que tu fais de la moto ?
— Plutôt.
— Tu ne risques pas de te faire arrêter en la conduisant ?
— Qu'est-ce que t'en sais ?
— Je ne m'y connais pas en moto, mais je sais que t'as au minimum besoin d'une plaque d'immatriculation. Et à vue de nez, ça m'étonnerait que tu en aies une dans le coffre, vu que tu n'as pas de top case...
— Alors ça me fait une belle jambe, parce que c'est pas la seule à rouler sans plaque. T'as d'autres reproches à me faire ?
— Non, je...
— Parfait, parce que je suis un peu occupé, là.
Ok, message reçu. Il veut que je lui foute la paix. En même temps, quelle idée de lui faire la morale... Je m'éclipse discrètement, pestant contre mes piètres talents sociaux, lorsqu'il me rappelle. Ne te retourne pas avec trop d'entrain, Hope.
— Oui ?
— Tu devrais retirer cette clope de ta bouche. Ça se voit quand quelqu'un fume, et je peux t'assurer que tu ne fumes pas plus qu'un gosse.
Je me retourne, les joues cramoisies. Merde, je suis découverte. Mal à l'aise, je bats en retraite loin de lui. Avisant Kalista en train d'arriver dans ma direction, je la rejoins sans tarder.
— Eh bah, pourquoi t'es toute rouge, ma belle? D'ailleurs, tu fumes, maintenant ?
— Non, c'est celle que tu m'as demandé de rouler. Tiens.
Kalista la porte à ses lèvres puis l'allume, prenant une longue inspiration. Soufflant lentement la fumée dans ma direction, elle me lance un sourire lubrique. Je secoue la tête, hilare. Non, on ne se chopera pas aujourd'hui, Kali. D'ailleurs, pour me faire oublier le moment de gêne que je viens de vivre, je lui vole sa cigarette et tire à mon tour dessus. Aussitôt, je recrache la fumée en toussotant, ça brûle la gorge ! Grimaçant de dégoût, je rends la cigarette à sa propriétaire.
— Je te l'avais dit.
Hein ? Je me retourne et constate que Kelan vient me dépasser, remontant en direction des bâtiments. Un sourire moqueur aux lèvres, il s'essuie les mains sur son T-shirt. Un chiffon aurait été plus à même de remplir le job, mais bon.
— C'est qui, ce mec ? Tu le connais ?
— Il est dans ma promo.
— Et t'as pas encore son numéro ? Dépêche-toi, sinon c'est moi qui lui demande !
— Ça va... Ok, il est pas mal. Mais je connais des gars plus sympas.
Rejointes par Zara, celle-ci remets de l'ordre dans ses cheveux et soupire.
— Eh bien, c'est compliqué de vous mettre la main dessus ! Vous venez aux runs, ce soir ?
— Mmmh, je passe. Pas trop mon truc. Et toi, Hope ?
— Yup.
— Tiens, toi aussi tu t'y mets ?
— Je sais pas, je crois que ça me plaît. L'ambiance est agréable et c'est assez plaisant de voir les gens parler et exercer leur passion.
— C'est ça qui te plaît ? Ou bien tu y vas parce que tu sais que Kelan y va aussi ?
— N'importe quoi. Et puis je suis loin d'être intéressée par ce mec, je te laisse champ libre. Il est aigri.
— Oh, je suis sûr que tu exagères. Mais vu son physique, je suis prête à subir son caractère autant qu'il veut.
— Faut te faire soigner, ma vieille... Hope, je passe te chercher avec Lino à 21h, sois prête.
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One More Hope
Teen FictionOriginaire de Chicago, Kelan a déménagé l'année suivant la mort de son père. Depuis, il reconstruit progressivement sa vie à New York, où il vit seul avec sa mère tout en essayant d'éviter les problèmes. Mais chassez les ennuis, ils reviennent au ga...