Patient Séraphin Slade Entretien enregistré N°1

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« Azraël, c'est bien ça ? »

« ... »

« Je suis le docteur Alden. Mais vous pouvez m'appeler Anne. »

« ... »

« J'ai besoin de savoir si vous m'entendez. »

« ... »

« Séraphin a accepté cette entrevue. Il sait que je viens à vous. »

« Qu'est-ce que vous lui voulez ? »

« Je vois que j'ai trouvé un sujet qui vous est sensible. »

« Sans blague ? »

« Vous savez pourquoi nous sommes là, n'est-ce pas ? »

« Vous voulez me faire disparaître ? »

« Pas en premier lieu. »

« Alors quoi ? Vous allez m'utiliser pour l'atteindre ? Hors de question. »

« Je veux le bien de Séraphin autant que vous. Non, en réalité, ce que je voudrais, c'est savoir comment vous êtes né. »

« Je devais le protéger. »

« Le protéger de qui ? »

« Vous me promettez qu'il ne risque rien là où nous sommes ? »

« Je vous en fais la promesse. »

« Vous devez savoir avant tout qu'il est quelqu'un d'extraordinaire. Les ordures s'en prennent toujours aux gens comme lui. »

« Quelqu'un lui a fait du mal ? »

« Je l'en ai empêché. Je refusais qu'il vive ça. »

« Expliquez-moi. »

« Après l'accident de voiture, Calliopé n'a pas tout de suite eu la tutelle pour garder séraphin près d'elle. Ça n'a duré que quelques mois, mais quelques mois durant lesquels Séraphin a vécu en famille d'accueil. »

« Ça s'est mal passé ? »

« Le père de famille était un porc. J'ai mis de la mort au rat dans son plat avant qu'on ne doive partir. »

« Qu'est-ce qu'il a fait à Séraphin ?

« Il est venu dans sa chambre un soir, tard. Il faisait nuit noire, Séraphin regardait les étoiles, il adore les étoiles, alors il ne faisait pas attention à ce qu'il se passait derrière lui. La seule chose qui l'a alerté, c'est ce souffle dans son cou. Ce porc lui caressait le bas du dos tout en respirant l'odeur de ses cheveux. »

« C'était anodin ? »

« Vous croyez que je serais là si ça l'avait été ? »

« Excusez-moi. Poursuivez. »

« Le premier soir ça c'est arrêté là. La seconde fois, il est arrivé dans la chambre complètement nu et a ordonné à Séraphin de se déshabiller à son tour. Il n'avait pas le droit, je refusais. Mais Séraphin ne me laissait pas agir, il me bloquait le passage. Heureusement ce soir là, il n'a pas été aussi loin que les autres. Il s'est contenté de le forcer à le masturber. »

« Séraphin ne m'en a jamais parlé. »

« Il n'en a aucun souvenir, j'ai pris soin de cela. »

« Et vous êtes arrivé quand ? »

« La fois suivante. Cet enfoiré avait bu et a commencé à devenir violent. Trop violent. J'y ai mis toute ma force et j'ai réussi à forcer le barrage. Ce soir là, le corps de Séraphin s'est fait violer, mais pas son esprit. J'étais là pour ça. Je ne voulais pas qu'il vive ça, je refusais qu'un être si innocent et attachant se sente sali de la sorte. »

« Vous avez accusé un viol pour lui ? »

« J'en ai subi des dizaines. Presque chaque soir il revenait, et recommençait son manège. Je suis né pour protéger Séraphin des sévices sexuels d'un malade mental. »

« Je suis désolé pour lui. Et pour vous. »

« Ne le soyez pas. J'ai fait ça pour lui. Pour lui par contre... J'ai veillé sur lui aussi longtemps que je l'ai pu, mais lorsqu'il a retrouvé Calliopé tout a été mieux à nouveau. Pas à merveille, mais mieux. »

« Comment vous êtes revenu ? Moïra a dit vous avoir vu régulièrement. »

« Je savais qu'ils pourraient bien s'entendre, alors j'ai amorcé les choses. J'étais là régulièrement, pour que Moïra s'attache à nous et lorsque Rafa s'en ai senti capable, il a pris le dessus. »

« Et vous deux ? »

« Séraphin et moi ? C'est une histoire compliquée. Mais en réalité, personne ne lui a jamais fait autant de bien que moi alors. Je savais que seul moi pourrais le rendre heureux. »

« Il croit en vous. »

« Et il a raison. Ce n'est pas parce que c'est dans sa tête que ce n'est pas réel. »

« Il a besoin de s'épanouir sans vous. »

« Je ne peux pas le laisser seul. Plus maintenant. »

« Nous sommes là pour veiller sur lui désormais. »

« Et s'il revenait ? »

« Je vais personnellement veiller à ce que ça ne puisse pas être le cas. Je vous le promets. Mais en contrepartie, vous devez me promettre de partir. »

« Pour toujours ? »

« Pour toujours. »

« Vous me permettez de... Lui dire au revoir ? »

« Je ne peux pas faire ça Azraël. Vous voir le renforcerait dans sa paranoïa et il refuserait de croire que vous n'êtes qu'un leurre. Je comprends que vous soyez attaché à lui, mais vous voir ne le plongera que plus au fond du gouffre. »

« Je comprends... »

« Je ne devrais pas vous dire cela, mais je suis sincèrement ravie que vous ayez été là pour lui. »

« S'il en avait eu besoin, j'aurais toujours été là. Toujours. »

« Je n'en doute pas. »

« Je l'aime sincèrement vous savez. »

« Je crois l'avoir compris aussi. Vous êtes prêt à partir, maintenant ? »

« Je ne serai plus là à son réveil. Je le laisse tranquille. Seul. Vivre sa vie, sans moi. »

« Il rencontrera quelqu'un de bien Azraël, ayez confiance en lui. »

« J'ai confiance en lui. Mais pas en les autres. »

« Alors ayez confiance en moi. Je ne le laisserai pas tomber. »

« Dites lui que... »

« Je ne peux pas. »

« Pardon, j'avais oublié. Adieu, alors, je présume. »

« Adieu Azraël. »

« Prenez bien soin de mon bébé bouclé. »

SublimationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant