Chapitre 11

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1957.

« Salut toi. » Dit-elle sans la moindre douceur, comme une constatation. Le petit garçon aux lunettes rondes attrape la main de la femme, qui l'aide à se relever, elle ramasse aussi les petites lunettes aux verres brisés.

« Viens avec moi. » Dans une boutique un peu plus loin, elle lui achète une paire neuve. En le regardant de plus près, on voit que l'enfant a un œil qui regarde vers l'intérieur.

« Alors, où on va maintenant ?

-Je dois rentrer à l'orphelinat, sinon, Madame Williams va encore me punir. » Il baisse la voix pour lui confier :

« Elle croit que c'est moi qui ai cassé son horloge.

-Ce n'est pas le cas ? » Il secoue la tête avec une grimace. Elle enchaine :

« Ça fait longtemps que tu vis là-bas ?

-Depuis que mes parents sont morts pendant la guerre.

-Ça fait des années qu'elle est finie. Tu avais quel âge ?

-Quatre ans.

-Et maintenant, tu en as dix. » Il hoche la tête. Devant la porte du manoir, la vieille femme s'exclame en les voyant sur le perron :

« Qu'est-ce que tu as encore fait Etan ?

-Il est venu me chercher, vous avez une horloge en panne, je crois. » La coupe Elizabeth. Elle n'attend pas de réponse pour se présenter :

« Mademoiselle Albert, l'Horlogère. » Elle entre à la suite de la mégère et fait un clin d'œil au gamin.

« Allez viens binoclard. » Il entre, lui aussi, tout sourire.

L'HorlogèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant