Aujourd'hui
« Tu en as mis du temps.
-J'ai eu du mal à me concentrer. Vous étiez obligée de disparaître comme ça ? J'ai eu peur qu'elle vous soit tombée dessus.
-Et même si c'était le cas, tu dois pouvoir me retrouver. Si ça arrive, tu es la seule à pouvoir le faire. Je dois pouvoir te faire confiance. Maintenant, tu travailles sans filet. Une erreur peut te tuer. Alors fais attention à toi. » Sa conscience rit à l'intérieur d'elle. Bien sûr qu'elle la protège. Elle le fera toujours. Mais il est hors de question que tout le monde sache qu'en réalité, c'est une véritable guimauve. Elle l'aime beaucoup, la petite Marilyn, elle lui rappelle sa petite sœur, Will. Même si elle ne l'avouera sans doute jamais, tous les membres de sa famille lui manquent terriblement. Elles sont à présent silencieuses toutes les deux. Elles marchent tranquillement dans la rue, dans cette atmosphère confortable, encore quelques minutes.
«Vous ne souriez pas souvent. » La remarque lui étire les lèvres, et elle répond, simplement :
« Ça fait longtemps que tu y penses. Je me trompe ?
-Non. » Elle rit doucement en secouant la tête et Elizabeth la regarde un instant. Marilyn poursuit :
« Avouez que vous en avez envie plus souvent que vous ne le voudriez. » Cette fois, c'est au tour de la brune de rire.
« C'est vrai.
-Vous êtes réellement un iceberg. Pas dans le sens que tout le monde entend, mais... comme lui, vous ne montrez qu'une infime partie de ce que vous êtes. A quoi ça sert de vivre seule comme ça ?
-A moins souffrir. » Elle s'arrête devant la Tamise et s'appuie contre le muret en béton.
« Je me protège. Je perds moins de personnes que j'aime. Et je protège une bonne quantité d'innocents. Même si parfois, la solitude est lourde à porter. Et je suis fatiguée de vivre de cette manière. Etre toute seule c'est... ce n'est pas une vie, et je commence à m'ennuyer.
-Mais vous m'avez moi. Et vous avez Peter aussi. Vous pourriez... entamer une autre relation que celle de garde du corps à protégé ? Vous tomberez peut-être amoureuse encore une fois.
-De Peter ? Il a... il a déjà quelqu'un.
-Un quelqu'un que vous avez balancé contre un mur, sans qu'il ne lève le petit doigt. » Argumente-t-elle. Elizabeth reprend sa marche en soupirant.
« Je ne suis pas ce genre de personne. » Déclare-t-elle froidement en guise de réponse. Marilyn soupire à son tour et la suit, jusqu'à l'ancienne maison londonienne.
« On est rentrées ! » S'exclame la jeune fille dans l'entrée. La brune lui lance un regard en biais explicite et l'autre s'excuse sans un mot. L'équipe au complet est dans le hall en moins de trois minutes.
« Où étiez-vous ? » S'enquiert prudemment Nicolas, les sourcils froncés, et les bras croisés. L'Horlogère l'observe calmement et croise les bras à son tour :
« Nous avons fait un petit tour et poursuivit son apprentissage. Et vous ? Où êtes-vous en ce moment même ?
-A Londres.
-Non. Là, tout de suite, vous êtes chez moi. Alors soit vous arrêtez cette attitude tout à fait hostile et négative envers moi tout de suite, soit vous prenez vos affaires et vous sortez de chez moi ! Mais bon courage pour trouver un hôtel pas cher dans le coin. Je ne vais vous prévenir qu'une fois, je suis fatiguée et j'ai les nerfs momentanément fragiles.» Le noir et la brune se toisent une minute, peut-être deux, et il finit par reculer.
« Je m'en vais. Ça vous fera plus de place dans votre maison de bourge.
-Je ne vous retiens pas Nicolas. Mais faites-moi plaisir : dormez plus la nuit et arrêtez de boire douze cafés par jours, vous aller finir avec un cancer. » Elle entre dans le salon, prend un livre et le feuillette, dos à la cheminée. Nicolas ne part pas ce soir-là, mais Sasha a fait ses valises sans regrets.
« Tu es sûr de ne pas vouloir venir ? » Peter secoue la tête, les mains dans les poches. Les bras croisés, la petite rousse le regarde. Il l'a aidée à ranger ses affaires, et à vider la chambre, sans toucher à ses propres affaires.
« Non. Je reste ici. Où veux-tu qu'on ailles ?» Un rire sans joie sort de la bouche de la femme.
« Sasha, vous ne vous entendez pas toutes les deux, et ce n'est pas mon cas. Si tu ne la supporte pas, tu peux partir. Mais peu importe ce que tu fais, je reste. Je ne comprends pas. Je ne sais pas, c'est vrai, pourquoi tu ne peux pas la supporter ?
-Et elle ? Pourquoi elle m'en veut ?
-Peut-être parce que tu lui parle mal depuis le début. Ou bien parce que tu fais ta garce quand elle est là ? Honnêtement, tu as bien changé depuis que je suis partit la chercher.
-Toi aussi tu as changé. Le Peter d'avant n'aurait jamais accepté son aide. Et il se serait encore moins entiché d'elle ! » Peter la regarde, surpris.
« Tu peux ranger ta jalousie mal placée Sasha. Si tu crois que je n'ai pas vu votre petit jeu, à Nicolas et toi, tu peux te mettre le doigt dans l'œil. Je sais que tu a eu quelqu'un d'autre. Je n'aime pas Elizabeth plus que je t'aimais toi. » Il ouvre la porte et sort de la pièce, il sort même de la maison, histoire de marcher, pour reprendre un peu ses esprits. Dans la nuit noire et sans étoiles, il marche sur ses questions, dans l'espoir de découvrir leurs réponses un jour.
Sasha appelle un taxi, qui l'emmène chez une femme. Une personne particulière, qui a su la placer au bon endroit.
« Ça y est. Ils ne s'entendent plus. J'ai fait ce que vous m'avez dit.
-C'est parfait Sasha. Maintenant, il faut faire de sorte, à ce que tu sois la seule personne en laquelle ils auront confiance.
-D'accord. »
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L'Horlogère
ParanormalDepuis longtemps, elle veille à l'équilibre du monde, guerre après guerre, horloge après horloge, sans jamais se défaire de sa bague, ni de son passé. Mais au fond, qui est réellement Elizabeth Albert? Si vous avez joué avec le temps, sachez qu'il e...