Chapitre 12

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Aujourd'hui.

Dans le vieux bar, elle s'assoit au comptoir et demande un verre. Une sorcière s'approche d'elle.

« J'ai entendu dire que vous avez mis une bonne raclée à Sabrina. C'est remarquable. Puis-je avoir votre nom ? » Estomaquée par tant d'assurance, Elizabeth se méfie. Mais rapidement, elle est obligée d'admettre que le petit bout de femme qui vient la voir peut devenir quelque chose de très grand avec un peu d'aide. Pour commencer, la jeune femme décide de la faire redescendre sur terre. Elle lance un neutre :

« Puis-je savoir à qui je m'adresse exactement ?

-Marilyn White. Mais vous pouvez m'appeler Mary. »L'Horlogère ne prend pas cette liberté.

« Bonsoir Marilyn. Que veux-tu exactement petite sorcière ? »La dite Mary ne répond pas. En réalité, elle a finit par perdre tout courage. Fière d'elle-même, elle tourne la tête lentement vers elle et murmure une deuxième fois sa question :

« Qu'est-ce que tu veux ?

-Je suis bannie et... je... je cherche un professeur...

-Je ne suis pas intéressée. Trouve-toi une autre personne qui pourra perdre son temps dans ton éducation. » La sorcière perd un peu de valeur à ses yeux. Elle retient à grand peine une grimace. Si la Marylin savait qu'il suffisait de demander, mendierait-elle de cette manière ?

« La seule chose dont je peux me servir, c'est le grimoire de ma mère et les sortilèges sont vraiment bas-de-gamme... » Elle retient cette fois un soupir. Les voilà dans l'étape typique de la plainte.

« J'ai connu une femme comme toi, très ambitieuse. » La coupe la brune. L'autre sorcière la regarde et commence à sourire.

« Tu ne peux pas savoir à quel point cette personne a mal tourné, et à quel point je regrette maintenant de ne pas l'avoir tuée avant qu'elle ne fasse ce qu'elle fait de mieux aujourd'hui : détruire des vies d'un seul haussement de sourcils. » Le sourire de Marilyn disparait rapidement. Elle n'en n'est pas fière mais après tout, cette femme n'est peut-être pas assez solide pour se mesurer à des monuments comme Catherina et elle.

« Waw. Vous avez une façon de dire « non » ... » L'Horlogère lui adresse un regard qui la fait taire de nouveau. Elle déglutit.

« Qu'est-ce qui vous dit que je vais finir comme elle ? » En se mordant la lèvre, elle ment à demi :

« Tu as cette lueur dans les yeux... que je n'oublierais jamais. Je n'ai pas la garantie que tu ne te feras pas manipuler à la première occasion, par le premier venu.

-Vous avez perdu quelqu'un de cher à cause de cette femme ? » A-t-elle envie de répondre à cette question ? Non. La jeune fille a-t-elle besoin de le savoir ? Non. Cette information peut-elle lui porter préjudice ? Oui. L'idée d'une réponse est-elle donc souhaitable ? Non. Alors pourquoi le fait-elle ?

« Mon frère et ma sœur. Cette sorcière qui a participé à la destruction de ma vie et de mon cœur, et c'est ma sœur aînée. Je ne vous fais pas confiance. » Elle tombe finalement dans le mensonge pur et dur. Pas question cependant de perdre un talent comme celui-ci. Avec le caractère que Mère Nature lui a donné, il se peut fortement que seule, elle parvienne à trouver le moyen de devenir une excellente sorcière. « Et en même temps, non. » Pense-t-elle. Elle va gâcher l'avenir de cette fille si elle ne s'occupe pas d'elle, elle en est persuadée.

« Vous ne pouvez pas me juger sans me connaître. » Pour ne pas faire trop de dégâts émotionnels, elle décide de couper court à l'entretient :

« Non. Mais je peux encore prendre mes décisions. Au revoir Marilyn. » La femme finit son verre et paye avant de sortir du bâtiment, calmement. Comme si l'orage qui avait éclaté, était resté dans sa tête et que seul le vent, avait le droit de souffler. Dans la rue, elle regarde à droite, puis à gauche, sans savoir vraiment où aller. Le fait que la nuit soit tombée depuis près de deux heures accentue la fraicheur, et elle frissonne. Pourtant, elle garde les manches de sa chemise retroussées, ses pensées vers la jeune sorcière. Sans réfléchir, elle se dirige vers un bâtiment familier. Elle frappe. Sasha ouvre. Elles se regardent quelques secondes. La femme en face d'elle a l'air épuisée, peut-être sort-elle du lit, quoi qu'il en soit, ses cheveux sont en bataille, ses yeux rougis par la caféine et ses vêtements froissée. L'Horlogère n'a pas le temps de se demander à quoi elle-même ressemble que celle qui a ouvert la porte ouvre à présent la bouche, une fois la surprise passée :

« Vous. » Elle aurait put cracher, la petite rousse n'aurait pas fait preuve de plus de politesse.

« Vous voulez quoi ? La lune ? » Ajoute-t-elle devant le silence emplit de détresse de la brune. Elizabeth attend un instant avant de secouer la tête pour reprendre ses esprits.

« Je voulais juste savoir si vous aviez du nouveau.

-On n'a rien. C'est pour ça que vous venez me voir à vingt-trois heures passées ? » Elle ne lui répond pas et lui tourne le dos, résolument décidée à ignorer les insultes de la petite femme. « Non, ce n'est pas vous que je venais voir... »

Elle déambule sans but réel plusieurs heures par manque de sommeil surtout mais aussi par manque de courage d'affronter les démons qui lui rendent visite dans ses songes. Au milieu de la rue, elle s'arrête net. Le vent qui vient lui caresser le visage n'est pas le même que d'habitude. Celui-ci lui glace le sang, malgré qu'elle n'ait pas peur de grand-chose. Mais la personne qui se trouve derrière peuple ses cauchemars, est l'origine de tous ses changements de vies, et sa seule et unique peur. « Catherina. »L'atmosphère elle aussi a changé. Tout comme l'odeur, l'odeur macabre de la peur.

« Coucou ma Lily. Ça fait longtemps ! Tu m'as tellement manqué, ça me fait plaisir de te revoir. En vrai, je veux dire. On ne te voit que sur quelques photos floues d'habitude, ces trente dernières années... » L'Horlogère se retourne pour lui faire face. Devant elle, sa sœur, ne semblant pas avoir plus de dix-sept ans, l'observe, un sourire mauvais sur ses lèvres pourpres.

« Si tu savais ... » Son visage devient froid et Elizabeth sait qu'elle ne va pas aimer du tout ces retrouvailles. Elle n'attend pas pour se mettre en position de défense : on ne sort pas d'une bataille sans avoir fait la guerre.

L'HorlogèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant