Chapitre 18

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Aujourd'hui.

Elizabeth sort de l'horloge, une autre horloge en main.

« Qui vivait ici ? » Demande la jeune apprentie postée devant un lit. La jeune femme regarde à son tour le petit coin surélevé, où s'étend une couverture épaisse rose. Elle soupire.

« C'était moi. »

« Bonne nuit Charlie chérie. Fais de beaux rêves.

-Bonne nuit ma petite maman. » Le sourire aux lèvres, elle l'embrasse sur le front avant de se décider à la laisser dormir.

« Avec Charlotte. » Elle lui tend plusieurs objets. Elle ne lui en dira pas plus.

« Et pourquoi aucune horloge ne fonctionne ici ?

-Parce que... Parce que chaque horloge représente une personne et à la mort de celle-ci, l'horloge s'arrête. Elles ont toutes fini par s'arrêter. » Termine-t-elle en désignant l'ensemble des appareils autours d'elle. Elle prend finalement une pile d'objets et les rajoute sur celle que l''apprentie sorcière a déjà en main.

« Mets-les dans le coffre de la voiture s'il-te-plait. Et dis à Peter que j'arrive.

-D'accord. » La jeune sorcière sort de la grange rapidement. Les mains posées sur l'établit, elle revoit sa fille courir entre tous les objets volumineux de la pièce, le sourire aux lèvres.

« Maman ! Maman ! Regarde ce que j'ai trouvé ! Je peux jouer avec ? » La jeune femme la regarde distraitement et reporte son regard sur son travail de nouveau.

« Mais... ! » Elle regarde à nouveau et prend l'oiseau métallique à sa fille d'un geste brusque.

« Ce n'est pas un jouet Charlie. Je ne veux plus que tu y touches. » La petite blonde baisse la tête, dépitée.

« D'accord maman. C'est promis. » Elizabeth s'agenouille et pose la main sur le petit visage de l'enfant.

« Ce n'est pas grave ma chérie. Fais-moi un beau sourire. » La petite s'exécute.

« Voilà, va jouer maintenant.

-A tout à l'heure Maman! »

L'oiseau en main, la brune se perd dans ses pensées et une larme se forme au coin de ses yeux. Elle la chasse puis prend sa veste.

« Dis maman, tu reviens vite, n'est-ce pas ?

-Oui ma chérie, je reviendrais toujours pour toi. » Elle se retourne et s'éloigne, mais la petite la rattrape.

-Attends ! » Elle lui met dans les mains l'oiseau fragile.

« Tu allais l'oublier.» L'oiseau oublié sur l'établit. Elle fait demi-tour pour aller le chercher, s'arrête, sent le sol vibrer, avant d'entendre le bruit qu'elle avait entendu tant de fois dans l'abri près de chez elles.

« HARRY ! » Elle sort de la grange en courant le plus vite possible. Mais trop tard, elle n'a pas fait cinq mètres que le souffle de l'explosion la cloue au sol. Elle se relève rapidement, regarde une seconde la maison en flammes et cette fois, quelqu'un la plaque au sol pour lui éviter le choc de la seconde explosion, celle de la grange derrière elle. Assommée sur le coup, elle reste immobile, les yeux écarquillés. « Harry ! » Elle se relève, chancelle, mais Peter la rattrape les bras enserrés autour d'elle.

« Harry ! » Elizabeth se débat et hurle, sans relâche :

« Harry ! Harry ! » Elle se met à pleurer et bouge de moins en moins, dans les bras du jeune homme qui commence à fatiguer aussi. La pluie se met à tomber, de façon torrentielle.

« Comment oublier une fille comme toi Lizzie ? »

« Prends soin de Charlie. N'oublie pas de lui dire tous les jours à quel point je l'aime. » « Harry. » L'Horlogère tombe à genoux. Elle va retenir ce jour, comme les autres, ceux qui l'habitent la nuit. Ce jour appartiendra à ses souvenirs, souvenirs ineffaçables, qui la brisent à chaque qu'elle ferme les yeux le soir. Elle se sent tellement vide qu'elle pourrait pleurer tout le reste de sa vie. Encore une personne dont elle parlera au passé. Une vive douleur se réveille lorsqu'une personne la prend par le bras. Au bout de quelques minutes, le feu s'éteint et Elizabeth garde les yeux fixés sur la maison de son meilleur ami, tandis que Marylin lui parle et lui bande le bras. Elle ne saisit que quelques mots parmi tant d'autres :

« Cassé...cicatrices...ça ira ?... douleur ?... Peter... personne... morts... désolée... Elizabeth ?... Elizabeth ? » Pour la seconde fois, l'oiseau d'Etan lui revient en mémoire. Elle sort de l'arrière de la voiture précipitamment. Peter la laisse fouiller les débris un peu avant de sortir à son tour.

« Elizabeth, vous ne voulez pas rentrer dans la voiture ? Au moins le temps qu'il ne pleuve plus. » La pluie s'arrête net et les nuages paraissent moins noirs. Il s'accroupit près d'elle.

« Qu'est que vous cherchez ? » Elle ne répond pas, absorbée dans sa tâche et il insiste :

« Je peux peut-être vous aider. Elizabeth ... Il comptait aussi pour moi.

-Il compte toujours pour moi. » Déclare-t-elle froidement. Il perd patience et se relève.

« Vous pouvez jouer les icebergs quand vous voulez, mais là, ce n'est pas le jour. Alors soit vous gardez vos sarcasmes pour vous, soit vous vous débrouillez. J'en ai marre de devoir supporter vos sautes d'humeurs. » Elle murmure sans relever la tête :

« Il faut que je retrouve mon petit oiseau ...c'est celui qu'Etan m'avait offert.

-Qui est Etan ? » Demande-t-il en se rapprochant.

« Un petit garçon très doué en mécanique, que j'ai abandonné, il y a longtemps. Tout ce qu'il voulait, c'était de rester avec moi. Mais à l'époque, j'avais déjà Charlie et je ne voulais pas le mettre en danger. Au final, je l'ai juste laissé tomber. » Il s'accroupit de nouveau. Il remarque à quel point elle est fragile sur le coup et à quel point elle a dû souffrir durant sa longue existence. Il laisse échapper :

« Mon grand-père aussi s'appelait Etan. Tenez ». Il lui tend l'objet de métal, qui s'en sort, avec une aile froissée. Elle le prend comme s'il était la chose la plus précieuse du monde à ses yeux.

« Merci beaucoup. » Marmonne-t-elle d'une petite voix, comme une enfant. Ils remontent en voiture, direction la Nouvelle-Orléans.


L'HorlogèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant