Aujourd'hui.
Peter et un autre homme entrent dans un bar, à l'enseigne lumineuse. Ils se dirigent vers une femme assise à une table et commencent une conversation. Sous l'œil vigilant d'une personne accoudée au comptoir, un chapeau feutre noir sur la tête. Cela fait deux jours que le visage qu'il cache surveille le duo. Elle les a vus se retrouver, discuter et chercher, travaillant tous deux pour la même entreprise. « La SPI et ses résultats pitoyables. » Mais ses membres s'accrochaient. Mal, mais ils s'accrochaient aux mauvais résultats. Ce sont ces résultats qui les ont conduits ici. Ils possèdent des informateurs qui trahissent toutes les personnes possibles pour recueillir seulement quelques renseignements foireux. C'est de cette manière qu'ils sont venus à la conclusion que cette femme, devant laquelle ils venaient de s'arrêter, avait une quelconque information à leur donner. Ce qui risquait fortement de les décevoir puisqu'elle ne savait rien que l'Horlogère ne sache déjà. Exaspérée, elle les attend depuis plusieurs heures maintenant, dans ce bar à l'odeur de poussière et grouillant de sorcières.
« Quelle perte de temps. » Marmonne-t-elle en finissant son verre d'une traite. Le prénommé Nicolas, un grand à la peau noire, hausse le ton :
« Tu peux nous aider, alors réponds. Comment s'appelle-t-elle ? » Les « habitantes » des lieux observent la scène, désormais immobiles et silencieuses. En son fort intérieur, Elizabeth les maudits d'être aussi stupides. Depuis quand deux humains faisaient le poids face à une vingtaine d'êtres magiques en colère ? L'ami du gamin se tient brusquement la gorge et tombe à genoux. Peter reste un instant inébranlable mais peu à peu, la confiance disparait de ses yeux. Quelqu'un se place devant la sorcière et rompt le contact visuel.
« Répond à sa question. » Il reconnait l'inconnue à son ton froid et sans appel. La sorcière murmure quelque chose et un vent violent frappe Elizabeth. Elle lâche piteusement son chapeau sur la table.
« Comment oses-tu ? » Elle répète plus fort :
« Comment oses-tu ?! » La température de la pièce semble baisser de plusieurs degrés, la sorcière métisse pâlit. L'Horlogère explose :
« Comment peux-tu penser une seule seconde que tu peux me balancer un sort de mutisme ?! » Terrifiée, la jeune sorcière ne répond pas de son échec.
« Tu t'en prends à la mauvaise personne. » Tonne-t-elle, comme une sentence. L'autre femme en face se met à hurler. Les larmes plein les yeux, elle supplie en tombant de son tabouret :
« Je vous en prie... je vous en prie... rendez-les-moi... » Toute puissante, la brune sourit narquoisement, tire l'une des lourdes chaises et s'assoit dessus, à l'envers.
« Qu'est-ce qu'ils t'ont demandé déjà ?
-Elle...elle s'appelle... Ca... Catherina... » Elle coupe court :
« Tu sais quoi sur elle.
-Elle... cherche trois bagues...
-Ensuite.
-Je... je ne sais rien d'autre...je ...je vous le jure... s'il-vous-plait...mes pouvoirs... » Elle se lève, remet son chapeau, puis commence à sortir.
« Voler les dons d'une sorcière est illégal ! » Lance une autre métisse en s'approchant de quelques pas à peine.
« Vous devrez payer pour ce que vous avez fait ! » Hurle une autre. Des murmures s'élèvent et elle déclare tout aussi chaleureusement :
« Je me contre-fiche de vos lois. Je ne suis pas des votre et je ne fais que ce que je veux. Vous voulez que je paye ? Je vous attends. Mais sachez que pour ceux comme votre amie qui jouent avec le Temps, l'heure est venue de payer l'addition. Et c'est moi qui m'occuperais de vous. » Elle passe la porte, les deux hommes sur les talons. Dehors, Peter se risque à lui demander :
« Qu'est-ce que vous faîtes là ?
-Tu la connais ? » Intervient le second jeune homme. Il hoche la tête. Elle ralentit un peu plus loin, avant de s'arrêter.
« Je me doutais que vous étiez une sorcière, mais pas aussi puissante. » Un agréable vent vient lui caresser la joue et Elizabeth ferme les yeux en souriant faiblement.
« On se connait depuis quatre jours, heureusement que vous ne savez pas tout. » Répond-elle doucement sans se retourner.
« Vous volez souvent les pouvoirs des autres ? Vous devez être très puis...
-Je ne vole pas. » Crache la jeune femme sèchement. Elle ajoute sur le ton de l'évidence :
« Je lui ai rendu. » Elle se remet en marche et tourne à l'angle d'une ruelle. Eberlué, Nicolas ronchonne, tel un enfant privé de dessert :
« Cette fille est un iceberg. » Peter éclate de rire.
« Peut-être, mais avec le temps, je pense qu'on s'y habitue. C'est une amie d'Harry.
-Ah ! Alors si c'est l'amie de Saint Harry...
-Tais-toi, tu n'as pas de respect pour tes aînés ? » Il secoue la tête.
« On a ce qu'on voulait. Viens, on rentre. Il faut le dire aux autres. » Au coin du mur, la jeune femme observe et les suit jusqu'à une bâtisse bonne pour la démolition et plus ou moins douteuse. Elle ne va pas à l'intérieur cependant, elle doit absolument dormir. Arrivée à son hôtel, elle se jette sur son lit et regarde le pendule de l'horloge. « Aller... juste une heure ou deux... Non. » Pense-t-elle. Décidée à ne pas entrer dedans, elle se rabat sur la salle d'eau, laissant son atelier là où ne pouvait pas l'épuiser d'avantage. Elle secoue la tête et se fait couler un bain. Elle se déshabille, découvrant ainsi son corps. Dans le reflet du miroir, elle peut distinguer son tatouage sur ses omoplates et les huit cicatrices éparpillées sur le reste de sa chaire. Elle se glisse dans la baignoire et somnole un peu. Quelques heures plus tard, elle se couche sur le ventre sur les draps de son lit, le regard posé sur le petit oiseau de métal exposé sur la table de nuit en métal. Au final, si Elizabeth s'endort, c'est un visage en tête et un nom sur le bout des lèvres : « Etan ».
Nicolas s'exclame en rentrant :
« On a trouvé la sorcière qu'il nous faut !
-A ta place, je ne compterais pas trop sur elle. Elle est... compliquée. Et j'ai trop de questions sans réponses sur elle.
-Tu ne lui fais pas confiance ? » Demande une femme. Peter avoue à voix basse :
« Si, un peu trop à mon goût en réalité... »
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L'Horlogère
ParanormalDepuis longtemps, elle veille à l'équilibre du monde, guerre après guerre, horloge après horloge, sans jamais se défaire de sa bague, ni de son passé. Mais au fond, qui est réellement Elizabeth Albert? Si vous avez joué avec le temps, sachez qu'il e...