Aujourd'hui.
« Vous savez qui sont ses deux personnes ? » Demande Sasha à la vieille femme. Elle hoche la tête avec un sourire mystérieux, mais ne répond pas de manière plus poussée. La petite rousse se retourne vers le tableau à nouveau, dans l'espoir de comprendre. Elle sursaute en entendant sa voix :
« Mon mari Alexandre à gauche, mon fils Antoine à droite. Vous m'avez sûrement reconnue au centre. »Effectivement, sur cette peinture, elle est de trois quart, dos à son époux, qui la tient discrètement à la taille et face à son fils, qu'elle regarde en tendant la main. Sur cette image, la petite famille a l'air heureuse, malgré le fond foncé, ou peut-être est-ce là la magie de l'artiste.
« Je ne suis pas sûre que vouliez me parler de cette peinture. Dites-moi ce qui vous dérange. » Nicolas passe sa main à l'arrière de son crâne et soupire, l'air embarrassé. C'est Peter qui répond ironiquement, en sortant de la cuisine :
« On ne vous fait pas confiance à la SPI. Ils ont fait un vote : vous devez leur donner toutes les bagues. Comment allez-vous ? » Demande-t-il plus sérieux.
-Un peu fatiguée, mais ça va. Je ne comprends pas, elles sont plus en sécurité là où elles sont.
-Ce n'est pas leur avis, ni le mien. Allez, ne faites pas d'histoires. Il ne manque que la vôtre dans la boite. » Réplique la petite femme. Elizabeth murmure :
« Il faut que je réfléchisse.
-C'est pourtant...
-Sasha. Laisse-lui quelques minutes. » Assise sur le canapé, Marilyn se lève pour dire :
« De toute façon, vous devez la laisser faire son choix. » Comme un automate, la brune monte les marches de l'ancienne maison. Donner sa bague ? Elle ne comprend pas la démarche de la SPI, entre leurs mains, les bagues sont encore plus dangereuses que dans celles de Catherina, les humains, ou même les immortels ne sont pas des êtres de confiance. Alors pourquoi ? Pourquoi l'obliger à rester sans défense face à l'une des plus grandes menaces planétaires ? Après avoir entendu une porte se fermer, elle s'exclame :
« C'est quoi le problème ?! Elle est dangereuse et le conseil a voté, elle n'a pas le choix !
-Tu oublies qu'elle t'a sauvé la vie, et que si tu lui retire sa bague, tu la condamne à mort !
-Et alors ? Depuis quand tu te soucies autant de cette sorcière ?! Elle va...
-Depuis le départ ! On ne peut pas sacrifier la seule personne qui a autant de savoir et de pouvoirs, sous la simple spéculation qu'elle va nous trahir. On est en guerre, Sasha et on doit gagner. On est chez elle, je te signale. Elle nous donne des informations sur elle, sans se cacher. Et elle aurait très bien pût se protéger dans l'avion et tous nous laisser mourir ! Ce sont ses choix et les risques qu'elle prend, qui font d'elle une personne de confiance. Dommage que je ne puisse pas en dire autant de toi. » Dit-il pour finir, en la regardant droit dans les yeux. Par la suite, il monte rejoindre l'Horlogère. En bas, Sasha reste figée et pantoise, face à la réaction de son compagnon.
En entrant dans la chambre, Peter ressent à nouveau un léger fourmillement à la main, droite. Le même que dans l'avion, lorsqu'Elizabeth était passée près de lui. Il regarde sa main, l'anneau à son annulaire est toujours là, il n'a pas à s'inquiéter. Il referme la porte derrière lui.
« Vous n'avez pas à lui donner.
-Je... je me suis dit un instant que je pourrais leur en faire une fausse et leur donner. Mais si Catherina a connaissance de l'existence de bagues et qu'elle commet un massacre pour les récupérer... Je ne sais pas... ces gens n'ont rien fait et ça reviendrait à les condamner à mort.
-Mais ce ne serait pas votre décision que les bagues leur reviennent. Ce serait la leur. » Elle tourne la tête vers lui.
« Vous ne semblez pas vous sentir concerné par les décisions qui ont été prises.
-Parce que je ne le suis pas. » Soupire-t-il en s'asseyant. Il croise les mains.
« Vous êtes surement notre meilleur atout, mais pour ça, il faut que vous restiez en vie.
-Sont-ils au courant que sans nos bagues, nous sommes plus dangereuses qu'avec ? On se contrôle pas sans. On... » Sa voix se brise.
« La dernière fois que j'ai touché une personne sans ma bague, j'ai faillit la tuer. A quoi rime une vie, ou une demi-vie, si on ne nous donne pas les moyens de la vivre ? Rester cachée, ne pas pouvoir toucher qui que ce soit, ne pas pouvoir aller dans des endroits trop peuplés pour ne pas trop détruire en cas de coup de colère... sans ma bague, je fais des malheurs. » Il regarde chaque détail de son visage.
« Il ne le comprendront jamais. Parce qu'ils ne pensent pas de cette façon, ou n'ont pas vécut ce que vous avez vécut.
-Vous n'avez pas vécut ce que j'ai vécut, et vous ne me condamnez pas pour autant. » Rétorque-t-elle les yeux emplis de larmes. Il hoche doucement la tête.
« Ne leur dites pas pour les faux et donnez-moi une copie de la vôtre. Ils savent dans quoi ils s'engagent. Ce sont leurs choix.» Répète-t-il.
« Le mien c'est d'avoir confiance en vous. » Elle lui sourit et lui tend, une pâle copie de la pierre. Il songe qu'elle n'est pas aussi belle que l'originelle, puis se lève.
« Vous venez ?
-Dans deux minutes. Il faut que je prépare un spitch bien salé.
-Je vous retrouve en bas.
-D'accord. » Il sort, après lui avoir adressé un regard, plein de gratitude.
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L'Horlogère
ParanormalDepuis longtemps, elle veille à l'équilibre du monde, guerre après guerre, horloge après horloge, sans jamais se défaire de sa bague, ni de son passé. Mais au fond, qui est réellement Elizabeth Albert? Si vous avez joué avec le temps, sachez qu'il e...