Chapitre 8

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Aujourd'hui.

« Vous savez de quelles bagues la sorcière parlait ?

-Non, sa copine ne l'a pas laissée continuer. Elle voulait juste savoir si elle savait autre chose.

-Et ?

-Et rien. » S'énerve Peter. Des heures que Sasha et Nicolas discutent de la scène et il n'y a plus rien à dire à la longue : Elizabeth n'a pas fait grand cas des bagues, donc elle sait tout dessus, sinon elle aurait posé des questions. Mais en quoi de simples bijoux peuvent-ils être si importants ?

« Qu'est ce qu'il y a ? » Demande la petite rousse en s'approchant de lui. Dire qu'ils vivent un amour passionnel serait un mensonge, mais il se sent bien avec la petite Sasha. Il lui répond doucement :

« Je pense qu'on a besoin d'elle.

-Et tu propose quoi ? D'aller la voir à genoux ? » Peter secoue la tête agacé. Mais son camarade continue :

« La supplier de t'aider ? Non mais franchement...

-Franchement, fermes-là. Je suis sûr qu'il lui suffit de demander. De dire simplement : s'il-vous-plaît.

-On gagne tout à être poli. » Le groupe se tourne vers la voix et bien malgré lui, Peter sourit à l'Horlogère.

« Quand on parle du loup. » Marmonne Nicolas, les épaules rentrées. La jeune femme demande :

« Alors, où en êtes-vous depuis hier ?

-Nulle part. » Répond sincèrement le jeune homme châtain clair aux yeux bleus. Elle arque les sourcils.

« Dans ce cas, pourquoi avez-vous besoin de moi ?

-Que savez-vous sur les bagues que Catherina recherche ?

-Tout. » Du regard, il l'incite à poursuivre.

« Je connais même son histoire de famille.» Elle se tait.

« Nous... vous écoutons. » Quémande Nicolas de mauvaise grâce. Elle reprend donc :

« Il était une fois, une femme qui ne pouvait avoir d'enfants. Désespérée par le mal être de son épouse, son mari pria jour et nuit, jusqu'à ce qu'un début de grossesse montre le bout de son nez. Ce couple heureux eu quatre enfants : une fille, un garçon, puis deux autres filles. Seulement, la magie a toujours un prix à payer. Ainsi ses enfants furent en partant de l'ainée, le Futur, le Présent, le Passé et l'Aiguille.

-L'Aiguille ? » Commente un membre du groupe. Elle fusille du regard l'homme et continue son récit sans répondre.

« Ils possédaient ce que vous pourriez qualifier de « pouvoirs » à la SPI et avaient la capacité d'interagir avec le Temps. Le père, pour les protéger de leurs dons leur créa chacun une bague, capable de maitriser leurs pouvoirs. Pourtant, le Passé prit peur de ce qu'elle pouvait faire et s'enfuit. En revenant, elle avait appris des sorts et avait pratiqué la magie pour se stabiliser en partie. Sa sœur, le Futur, se sentie trahie et enrôla l'Aiguille dans son armée contre le Passé et le Présent. » Elle se perd un instant dans ses pensées avant de revenir à son histoire.

« Mais ce jour là... le Passé se fait tuer... Bien des années plus tard... » Elle s'arrête et semble cherchez ses mots.

« L'Aiguille meure en se battant avec sa sœur, le Passé, par accident. Depuis le Futur cherche les trois bagues de ses frères et sœurs pour maitriser le Temps, mais en gardant quatre pouvoirs pour elle, elle le détruirait et la Terre, la galaxie... un peu tout en fait. » Elle s'assoit dans l'un des fauteuils au vert velours usé. Peter croise les bras.

« Vous savez quoi d'autre ?

-C'est le Passé qui a trois des quatre bagues.

-Et comment sont-elles ? » Demande Sasha. Elle avait l'impression que la sorcière ne leur disait pas tout. Elizabeth croise le regard curieux du gamin et répond :

« Elles sont en argent, avec un rubis pour le Futur, une émeraude pour le Présent, un saphir pour le Passé et une améthyste pour l'Aiguille. » Elle croise les doigts sur son genou, lui-même croisé sur l'autre jambe. Peter se redresse :

« Donc si j'ai bien compris, vous êtes le Passé. N'est-ce pas ? » Elle finit par hocher la tête à la suite d'une brève hésitation.

« Oui, c'est moi. » Il enchaine :

« Pourquoi Catherina veut les bagues ?

-La bague absorbe l'énergie de son propriétaire lorsqu'il meure. Toutes les posséder la rendrait surpuissante.

-Vous avez donc en votre possession le Passé, le Présent et l'Aiguille. Pourquoi ne pas vouloir le Futur ? Pourquoi aurions-nous confiance en vous ? » Coupe Sasha, accusatrice. La brune se lève.

« Il va falloir nous convaincre. » Commente Nicolas sur la même lancée.

« Non. » Elle secoue la tête et regarde le « gamin » dans les yeux.

« Il ne me faut convaincre qu'une seule personne.. » Dit-elle plus pour lui que pour le reste. Elle ajoute :

« J'ai passé ma vie à la fuir. Aujourd'hui, je vous propose mon aide pour respecter ma promesse. J'ai dit à Harry que je prendrais soin de vous et vous protègerais. Peu m'importe que vous vouliez de moi ou de mon aide. Je ne fais pas de promesses à la légère. Vous pouvez lui demander. » Il la regarde dans les yeux, soupire, hoche la tête et tend la main.

« Je peux la voir ? » Elle la retire et lui donne. Il la tourne entre ses doigts. Peter jette un œil à ses camarades. Même Elizabeth comprend ce que la peur les incite à souhaiter. En son for intérieur, la sorcière se calme. « Je te fais entièrement confiance gamin. Fais le bon choix. » Elle entend son rythme cardiaque baisser et il lui prend la main délicatement.

« Elle est magnifique. » Après avoir remis la bague au doigt de sa propriétaire originelle, il la lâche.

«Vous avez beau devoir veiller sur moi, je préfère que l'on a confiance l'un en l'autre. » Elle sourit discrètement pour retrouver la ligne droite habituelle de ses lèvres.

« Donc, maintenant que vous vous êtes frottée à la sorcière la plus puissante de la Nouvelle-Orléans, on fait quoi ? » Demande le grand noir, agacé.

« Quelle est la plus grande force d'une sorcière ?

-Son cercle ? » Trouve Nicolas. Elle acquiesce.

« Un cercle magique ?

-Non Peter, on parle de l'entourage. Plus une sorcière est suivie, plus elle est considérée comme puissante. C'est en partie une faiblesse pour Catherina.

-Pourquoi ?

-Parce que les rumeurs se répandent comme une trainée de poudre. Si je vous disais que j'avais les bagues avec moi, combien de temps mettrait-elle à venir vous pensez ?

-Parce que vous les avez, là, ici ? » Elle répond à Sasha :

« On ne sait jamais. » L'idée est trouvée ingénieuse.

L'HorlogèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant