Aujourd'hui.
« Qui paye tout ça ? » Demande Elizabeth en s'asseyant sur son siège. Peter répond, vaguement amusé :
« La SPI.
-C'est la première fois que je voyage en jet privé. C'est très confortable. » Commente-t-elle en s'installant. Elle sort sans tarder de sa sacoche de nombreuses pièces et outils pour réparer l'aile froissée de l'oiseau. Elle se met au travail activement, sans trop se soucier du monde extérieur. Mais après plusieurs minutes de vol, elle suspend ses gestes, à l'affut.
« Il se passe quelque chose. » Déclare-t-elle. La jeune brune range ses affaires en quatrième vitesse et s'exclame pour couvrir les conversations :
« Je crois qu'on est suivi. » Le pilote s'exclame à son tour :
« Monsieur ! Je vois d'autres appareils sur mon radar ! » L'avion est secoué, et Elizabeth met quelques minutes à atteindre le micro pour parler au travers :
« Mesdames et messieurs, merci d'attacher vos ceintures, nous subissons actuellement quelques turbulences.
-Vous croyez que c'est le moment ? » La gronde Peter. Elle hausse les épaules et répond, le plus sérieusement du monde :
« J'ai toujours voulu le faire.
-Je perds les commandes, on va atterrir au fond de l'eau ! » Intervient le pilote. L'avion commence à piquer du nez et l'Horlogère reprend les choses en main. Les passagers sont doucement poussés vers leurs sièges respectifs et les ceintures s'enroulent autour d'eux. Debout, au milieu de l'avion, elle donne ses instructions :
« Eteignez tout. Les commandes, les turbines, tout.
-Je peux tenter de le redresser... Si j'éteins tout, on risque de...
-J'ai dit : arrêtez tout. » Réplique-t-elle d'une voix glaciale. Il s'exécute en frissonnant et Elizabeth ferme les yeux. Le temps est comme ralenti par la concentration extrême du Passé. Un genou à terre et les poings au sol, elle pousse un grognement à faire trembler les murs et se relève difficilement, sous le lourd poids de l'avion. Il se met à grincer, frôle les flots et remonte. Des cercles bleutés apparaissent autour de ses mains et elle semble s'y accrocher, comme à des poignées. A présent, elle dirige l'avion aisément, jusqu'à leur destination finale, en évitant les appareils qui les suivaient et en atterrissant doucement à l'aéroport. Un fois l'avion posé, elle s'écroule.
« Elizabeth ? Elizabeth ! » Assise, elle regarde le jeune homme de ses yeux bleus pâles, à la limite du blanc. Peter n'avait jamais vu ses iris aussi clairs, même le soir où elle avait cauchemardé, à l'hôtel.
« Elizabeth, vous allez bien ? » Elle secoue vaguement la tête en gémissant faiblement et ses pupilles ainsi que le reste de ses yeux retrouvent leur couleur originelle peu à peu.
« Fatiguée... » Nicolas, Sasha et Marilyn la regardent, impressionnés, tandis que le pilote sort à la hâte, secoué. Peter la rattrape, avant que sa tête ne touche le sol. Elle lutte pour garder les yeux ouverts et, donne l'adresse à demi- mots. Il acquiesce, puis soupire/ L'Horlogère ferme les yeux. Elle les rouvres dans la voiture. Elle se fait tout de même porter jusqu'à la porte d'entrée. Une vielle femme ouvre :
« Madame ?
-Annabelle...
-Vous pouvez me dire où se trouve sa chambre ?
-Madame... ? » La vieille femme interroge silencieusement sa maîtresse sans savoir quoi faire exactement.
« Ils sont avec moi. » Arrive-t-elle à marmonner. La prochaine fois qu'elle se réveille, c'est dans sa chambre.
« Oh... Il fait trop jour ! Coupez la lumière... » La luminosité baisse d'elle même quand elle fait fermer les rideaux et elle se laisse tomber sur le lit. Elle se rassoit brusquement, comme dans un sursaut de conscience.
« Annabelle !
-Oui madame ? » Demande la vielle femme, apparemment cachée derrière la porte. Elles s'approchent l'une de l'autre et se serrent dans leurs bras. Elizabeth s'écarte pour dire :
« Nous avons des invités.
-Je sais.
-Il faut rouvrir l'atelier. » Poursuit-elle dans a lancée.
« Vous pensez ?
-Je vais prendre une douche.
-Parfait. » La brune entre dans la salle de bain et en ressort la tête presque aussitôt pour l'interpeller.
« Annabelle ?
-Oui madame ?
-J'ai dormis combien de temps ?
-Quatre jours, madame. » L'Horlogère semble compter dans sa tête, les yeux en l'air.
« D'accord ! » Répond-elle avec un sourire, avant de s'enfermer dans la salle d'eau. La première chose qu'elle fait dans la pièce, c'est tourner les robinets du lavabo pour se débarbouiller. Devant le miroir, elle étudie son visage fatigué. Les nerfs la tiennent peut-être debout, vu l'image réfléchie. Elle hausse les épaules d'un geste las, elle se sent en pleine forme. Elle se déshabille sommairement, avant d'entrer dans la baignoire encore partiellement habillée. Tant pis, elle n'est finalement pas si bien réveillé que ça, pour le coup.
« Tant pis. » Soupire-t-elle en faisant couler l'eau.
« Annabelle les lavera dans les prochains jours de toute façon. »

VOUS LISEZ
L'Horlogère
ParanormalDepuis longtemps, elle veille à l'équilibre du monde, guerre après guerre, horloge après horloge, sans jamais se défaire de sa bague, ni de son passé. Mais au fond, qui est réellement Elizabeth Albert? Si vous avez joué avec le temps, sachez qu'il e...