L'Horlogère

Chapitre 35

1928.

Elles se battent depuis quelque temps déjà, et elles commencent à fatiguer.

« Tu peux tout arrêter Will. » Répète encore la jeune femme. Mais sa sœur secoue la tête.

« Non. Non, tu ne sais pas... je ne peux pas. » Elle lui redonne un coup au visage. Mais Elizabeth riposte et la fait tomber. La brune s'essuie le nez avec le dos de sa main. Elle commence à en avoir marre. Elle ne se bat pas contre la bonne sœur. Wilma se fait manipuler. En plus, elle commence à avoir mal partout.

« Où est-elle ? Où est la gamine que tu as emmenée ? » La cadette se relève, et lance, ironiquement :

« Tu crois que je vais te le dire ? » Elles se donnent encore quelques coups, et très vite, tout se passe. Wilma glisse et s'accroche au grillage de la passerelle, les jambes dans le vide. L'Horlogère se rapproche et agrippe ses mains.

« Dans ma poche, il y a une seringue... c'est le contre poison... pour la petite... » Elle regarde derrière elle, et voit la petite que le gouvernement américain voulait qu'elle sauve.

« Vas-y... » Elle prend la seringue et court, le plus rapidement qu'elle peut, bien qu'il lui semble que l'on lui arrache les jambes à chaque foulée. Elle parvient à injecter le sérum à l'enfant et se retourne vers sa petite sœur, la fillette dans les bras. Leurs regards se croisent et murmure, avant de tomber :

« Je te pardonne... »

Lorsque les agents entrent dans l'usine, ils voient en premier la petite fille, assise au sol, les genoux contre sa petite poitrine. Puis, l'Horlogère, qui se relève, en portant sa sœur.

« Vous auriez pu arriver plus tôt. » Dit-elle froidement. L'agent soupire, et sans qu'il ne puisse ajouter un mot, elle termine, sur le même ton :

« Vous auriez pu la sauver. » Elle poursuit sa route, jusqu'à la camionnette noire avec, dans la main gauche, une chaîne, avec au bout la bague mauve de l'aiguille, chaine que Will avait accrochée à la rambarde avant de la lâcher.

21 Mars 1928