L'air Humide Qui Caressait Mon Dos Cette Nuit Là

Chapitre I : Mielleux souvenirs

"Norvège." dit la monitrice sur un ton calme et agréable.

La jument qui arborait une robe grise, parsemée de légères tâches blanches portait donc ce nom. Avec tout l'optimisme et la naïveté d'une enfant de six ans, je tirai le bras de mon père pour lui montrer le cheval que je voulais. Je pensais vraiment qu'elle deviendrait mienne. Qu'on passerait nos journées d'été à nous balader en forêt. Je n'ai jamais revu la bête.

Pour l'instant j'avais dû me contenter d'un poney qui allait être mon compagnon pour la leçon. Pas, trot, galop, et ainsi s'enchaînaient les différentes allures. Les cheveux au vent, un sourire rayonnant, une petit fille normale de sept ans. Mon père passait également un bon moment sur son cheval bai nommé Jeremy, j'avais toujours trouvé ce nom étrange pour un animal. Il me semblait trop assimilé aux humains, pas assez compatible avec la douceur des animaux.

Je rangeai la selle, le tapis, conduis mon camarade dans un paddock, et lui tendit une friandise. On en achetait toujours car j'aimais offrir un cadeau à ces amis poilus que j'affectionnais tant autrefois. J'avais l'impression d'être quelqu'un de bien, qu'ils adoraient, leur véritable copine, l'illusion d'un monde où tout le monde avait bon fond me confortait dans ma naïveté de gamine.Fin de la matinée au centre équestre, retour à la maison.

J'aurais pu citer tant d'autres bons moments passés avec mon père, notre journée à Disneyland Paris à attendre trois heures pour prendre une photo avec Mickey, autrement dit, avec un homme banal qui joue un rôle à la con. Les multiples attractions, comme le vaisseau de Star Wars, ou celle d'Indiana Jones, un univers féerique loin des soucis d'adultes, mais si hypocrite en réalité. Un instant éphémère où tout semble si beau, si parfait, mais où tout est joué, calculé. Et puis vînt La Tour Eiffel, Dame de fer qui nous offre une vue à couper le souffle sur la ville Lumière. Enfin, le Jardin des Plantes, endroit préservé du bruit des voitures, de la pollution étouffante, du stress parisien. En province, j'ai pu visiter les châteaux de la Loire, magnifique architecture, mais sans intérêt pour la petite fille que j'étais. C'est lui, c'est mon paternel qui m'a fait découvrir ce magnifique pays qu'est la France, du Nord au Sud en passant par l'Est et l'Ouest.

Les après-midis à faire des gâteaux, pépites de chocolat, carré de Milka, Nutella, noix de coco, arôme de citron tout était bon pour les rendre originaux.

Vélo, je pédale, je suis essoufflée, j'ai mal, je veux boire, c'est urgent. Quinze kilomètres pour l'allée dont un en montée. C'était devenu une activité estivale qu'on faisait en famille et aussi avec une amie. À l'arrivée, on mangeait des biscuits, buvaient des jus de fruits. Dans ce fort où on allait, il faisait frais, il y avait de l'ombre, on pouvait y jouer à cache-cache, glisser dans les toboggans brûlants, s'accrocher à la longue tyrolienne.

Avec ma mère, on adorait jouer aux jeux de société. Je perdais souvent, je boudais toujours après, mais on avait passé du temps ensemble à rire et à nous amuser en s'empiffrant de chocolats et de bonbons.

Même si on ne voyageait pas avec ma mère on trouvait des moyens de faire passer le temps. C'était des vacances banales, rien d'extraordinaire comme mes amis qui partaient en Guadeloupe, en Angleterre ou encore en Namibie. Mais je les aimais comme ça, sans artifices, sans paillettes, simples. A l'époque, tout me paraissait parfait, mon innocence était restée à mes côtés, mais combien de temps ça allait encore durer ?

Tout s'opposait entre mes parents, leur façon de penser, leurs revenus, les activités qu'on faisait avec eux, les endroits où on allait...
Cet équilibre idéal, ou du moins, c'est comme cela que je le voyais, nous faisaient à la fois découvrir du paysage et l'Histoire du pays au drapeau tricolore, mais également nous prélasser dans notre lit ou dans un parc.

Il était bien le temps-là.