Chapitre XXVI: A la fin ils meurent tous.

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J'ai mal et j'ai peur que cette fois il n'y ait personne pour me sauver.

La perte de l'homme que j'ai le plus aimé. Sa disparition à cause de cette putain de maladie qui me ronge la vie, elle emporte mes proches uns à uns. Mon oncle, ma mère, mon homme. Qui sera la prochaine victime ? La victime de trop, celle qui me fera m'effondrer, celle qui va m'emporter.

Allongée sur mon lit, je sais qu'il l'est aussi dans le sien à l'hôpital. Il me dit qu'il a mal, qu'il souffre, qu'il ne va pas y arriver, mais qu'il s'accroche. Il a été opéré pour une infection, il est désormais très fatigué. Les médecins lui ont annoncé qu'il ne pourrait certainement pas guérir à cause de ses nombreuses chimiothérapies qu'il a déjà vécu, s'il dépasse une certaine dose, cela va le tuer. Il va commencer un traitement qui ne pourra alors jamais être complet. A deux on espère qu'il pourra vivre encore longtemps, car l'espoir fait vivre, mais tout les deux, on sait très bien comment cela va se terminer. Pas de maison au soleil, pas de piscine, pas d'hôtel en Grèce, rien de tout ça, juste des rêves qui s'envolent avec lui.

Il nous reste quelques mois, ensuite les jours défileront sans qu'il soit là. Pour lui le diagnostic est définitif, il ne pourra pas rester plus longtemps à mes côtés. Alors que le temps coule entre nos doigts, je retombe amoureuse de lui a chaque fois que je le vois, j'aimerai qu'il m'embrasse une dernière fois, mais puisque c'est impossible je remplace ses lèvres par de la vodka.

Le désespoir s'est installé dans nos vies, les rendant noires comme la nuit. Dans mon lit je cherche encore ses bras, avant de m'endormir seule dans mes draps. Quand l'aube arrive, mes cauchemars continuent de vivre. Les mauvaises nouvelles s'enchaînent, l'angoisse m'enchaine, prisonnière des acteurs d'une tragédie, j'assiste à la pièce passivement. Alors que j'avais la rage de me relever je subi le destin, je subi la vie, les coups deviennent de plus en plus durs à encaisser, mais je ne veux pas abandonner, reste à savoir combien de temps je pourrai résister.

Je dois me résigner à perdre l'homme que j'aime à jamais. Mais je refuse de perdre ma mère après ça. Pour elle il y a plus d'espoir, c'est ce que je pensais il y a encore une semaine, avant qu'elle soit victime d'une infection du sang. Elle va changer son traitement actuel pour un plus lourd. Après nos vacances elle sera hospitalisée plusieurs jours, et chaque semaine on devra lui dire au revoir à l'entrée de l'hôpital en sachant qu'elle va souffrir à en mourir. Malgré ça elle garde le sourire, elle essaie de nous faire rire. L'inquiétude a posé sa tête sur mes épaules. Depuis je ne cesse d'appréhender, elle va encore perdre beaucoup de poids, et si elle n'arrive pas à en reprendre elle ne reviendra pas à la maison, elle devra rester là bas.

Si seulement tout pouvait redevenir comme avant, à l'époque où notre famille était encore soudée, cette époque si lointaine mais qui paraît pourtant si douce.

J'avais promis de prendre ma revanche sur la mort, mais elle a arraché mon coeur avant de le déchirer. Désormais mes battements deviennent de moins en moins forts. Un jour ils cesseront, et plus jamais on ne pourra m'enlever les gens que j'aime puisqu'il seront avec moi pour l'éternité.

L'air Humide Qui Caressait Mon Dos Cette Nuit LàOù les histoires vivent. Découvrez maintenant