Chapitre III : Routine extraordinaire

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La cinquième, année de collège inutile et ennuyeuse. Ma moyenne générale est bonne, très bonne. Ma classe est plutôt sympathique, j'ai même un petit copain. Mon premier amour. Ça n'avait duré que trois petits mois, car comme pour les fois suivantes, la peur d'une relation sérieuse, de l'engagement me gangrenait.

Je rentre à la maison, il est seize heures, accompagnée par mon grand frère, je traverse le premier passage piéton. Une présence me perturbe, un homme nous suit, je commence à paniquer, mais ne montre rien, après tout peut être était-ce juste une personne qui allait dans la même direction que nous, il n'y a pas de mal à cela, si ? Il est toujours là, sont visage me hante, mes pieds frappent le sol, mes pensées heurtent ma tête, ce visage, je le connais. Vraiment ? Ou juste le fruit de mon imagination débordante ? La paranoïa de ma mère m'envahirait-elle ? Connue pour ma discrétion, je me retourne brutalement et le regarde, puis reprends ma marche normalement, c'est certain je le connais. Je recommence, pour avoir une vision plus nette et plus longue, stupeur.

Tout le monde s'arrête, le temps également. Le souffle coupé, les mots coincés dans ma gorge, nos yeux se rencontrèrent. Papa. Un rêve, un cauchemar ? Non. Non, c'était vrai, j'avais beau me pincer, je ne m'étais jamais réveillée. La petite fille sans père que j'étais avait disparu, cet homme que je pensais décédé, il m'avait retrouvée.

Mon frère avait repris contact avec lui en cachette, tout les deux, ils avaient organisé cette rencontre dans le plus grand des secrets.

La joie et l'effroi se querellaient dans mon esprit. Était-ce une bonne idée ? Devais-je fuir en courant, appeler la police, prévenir ma mère ?
Je ne me rappelle plus exactement ce que l'on a fait, j'ai juste souvenir du croissant acheté à la boulangerie et de maman inquiète.

C'était le début de longues retrouvailles. D'abord des échanges téléphoniques, puis des rendez-vous au restaurant ou dans sa collocation pour jouer à la console comme autrefois. Et puis vînt le moment de partir en vacances comme à la bonne époque, laissant à la maison mon petit frère et ma mère. Tout était allé si vite, j'avais oublié mon passé d'enfant rejeté.

Chaque vacances nous les passions désormais chez lui, hormis celles de Noël, et pour les grandes vacances c'était un mois chez lui et un mois chez maman.
Tout se passait bien, des souvenirs incroyables, des moments géniaux.
Il m'avait tant manqué, j'attendais cela depuis si longtemps. Enfin j'avais mes deux parents, retour à une enfance normale.

Personne n'avait rien compris de ce qu'il se passait, de pourquoi maintenant, de comment exactement. Personne ne savait si c'était une bonne idée, ou bien les prémices d'une énorme déception. Mais j'avais été si frustrée de ne pas le voir pendant toutes ces années, il m'avait tant manqué, j'avais attendu pendant une éternité, espéré chaque soir face à la lune illuminée.

Plus jamais, ne me laisse plus jamais, pensais-je dans ma tête en plongeant dans ces bras. 

L'air Humide Qui Caressait Mon Dos Cette Nuit LàOù les histoires vivent. Découvrez maintenant