Chapitre IX : Infernal système

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J'ai senti mon corps abandonner, j'ai vu ma vie devenir de plus en plus terne, sombre, maussade. Plus aucune envie de mener cette bataille, de lutter contre mes parents, et contre ces démons qui me hantaient.

Ces derniers mois avaient ruiné ce que j'avais construit en une dizaine d'années, plus de motivation, plus d'ambition, plus de confiance, plus d'espoir. En fait, plus rien.

Chevilles brisées.
Luxation des genoux.
Cœur arraché.

C'était comme ça que j'avais été laissée. J'ai débuté le lycée dans cet état là, agonisante.

Je plaçais mes espoirs dans cette putain de rentrée. Je pensais que ma classe serait géniale, mes professeurs admirables, et les leçons incroyables. L'AbiBac était fait pour moi, j'avais soif de connaître la langue de Goethe.

Fausse route. J'ai trébuché.Des notes médiocres, huit, six, quatre, onze. Résultats insatisfaisants, peut mieux faire.

Je ramais, j'essayais de trouver la bonne méthode pour travailler, des fiches cartonnées, aux vidéos explicatives, en passant par les corrigés internet qu'il faut payer.

Même ce qui faisait ma fierté n'était plus d'actualité. Je ne faisais vraiment qu'échouer. Des efforts. Des milliers d'efforts. Dans notre section le travail demandé est inhumain. Comment pouvoir apprendre une cinquantaine de pages par cœur en une semaine ? Comment est ce possible de profiter de ses vacances lorsque l'on doit lire trois livres, rendre six devoirs maisons, et faire neuf exercices de physique ? Je n'y arrivais pas, l'AbiBac n'étais clairement pas fait pour moi.

« Me voilà, je suis là, avec toi, et je ne te lâcherais pas » murmura Phobie Scolaire près de mes oreilles un beau matin.

Notre histoire a commencé avec quelques soupirs. Elle a posé ses yeux sur mon visage, jeté son dévolu sur moi. Elle m'a envoûtée, complètement charmée. On a fini par se voir en dehors du lycée. Elle est venue me rendre visite chez moi, on passait du temps dans ma chambre ensemble, elle était là quand je faisais mes devoirs, provoquant cette boule au ventre. Par amour je l'ai encore et encore invitée. On est vite passées à la vitesse suivante. Mon éternel amour est venu dormir dans mon lit. On était si proches, je la sentais à mes côtés. Parfois, elle me réveillait, on ne se rendormait pas, on passait des heures à contempler le plafond noir. J'avais abandonné le lycée pour passer du temps à lui parler, tant je l'aimais.

Un jour, j'ai essayé de me remettre à travailler. Elle a cru que je la trompais, elle était si énervée. Elle a entièrement changé. Elle ne me quittait jamais. Le soir, quand j'essayais de rejoindre les bras de Morphée, elle m'en empêchait. « On ne passe pas assez de temps ensemble je trouve » me disait-elle. Alors, on passait toutes les nuits ensembles, elle tenait fermement mes poignets, mes yeux brûlants la fixaient, terrorisés. Certaines fois elle me violentais, me giflait, et j'en pleurais. Mais plus elle devenait méchante, plus je m'y accrochais. On se réveillait ensemble, le matin quand le réveil sonnait, elle mettait ce foulard autour de ma bouche pour m'interdire de parler. Elle me faisait peur avec ses mots, j'avais la boule au ventre, les yeux humides, et quand une larme coulait, immédiatement elle la séchait, et susurrait « Rappelle toi que personne ne doit rien voir, sinon toi et moi c'est fini. ». Dans le bus je gardais une place pour elle, elle choisissait mes chansons dans ma playlist, des chansons tristes, souvent déprimantes. Devant la porte du lycée, elle me menaçait, me hurlait de ne pas entrer, et si quand bien même je le faisais, elle posait son couteau sur ma gorge, ses griffes sur mes épaules, elle me contrôlait totalement.

Elle invitait sa meilleure amie, chaque jour, elle se joignait à nous, un triangle amoureux, Phobie Scolaire, Pression, et moi même. Pression posait souvent ses mains géantes sur mon cou et appuyait de toutes ses forces, elle m'étranglait la plupart du temps, ou alors, me donner d'énormes coups de poing dans l'estomac. C'était d'autant plus violent lors des contrôles, au point d'oublier mes leçons, et de ne pas les réussir.

J'étais chaque jour un peu plus fatiguée, plus abîmée. Mais j'étais amoureuse, dingue de ces deux là. Quoi de mieux qu'un amour passionnel, remplit de souffrance, alors qu'au fond de moi, j'étais déjà décédée, morte, enterrée. 

L'air Humide Qui Caressait Mon Dos Cette Nuit LàOù les histoires vivent. Découvrez maintenant