Chapitre XVIII : Ton amour comme Morphine

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Allongée sur un brancard, je débarque dans cet immense hôpital, les murs sont blancs, les lumières agressives, les médecins pressés.

Chambre numéro cent quarante trois étage cinq bâtiment B. Cette infrastructure abrite uniquement les gens en détresse psychologique. Mes paupières sont lourdes, mes yeux fermés, je dors depuis des heures, un coma profond causé par cette souffrance interminable.

Mon crâne se brise, j'ai si mal. Je prends une inspiration et revient dans notre cher monde, ma vision est trouble, je scrute la chambre, ses moindres recoins. Et je tombe nez à nez avec une perfusion, sur la poche il est inscrit espoir à quatre vingt pour-cents et bonheur à vingt pour-cents. Ma phobie des aiguilles me rattrape, m'étouffe, je l'arrache rapidement, une alarme de déclenche.

Ta première apparition. Dans ton ensemble blanc tu es entré et t'es précipité vers mon lit. Avec ton sourire bienveillant, tu as pris ma main, tu t'es présenté. J'ai eu le droit à une leçon de morale pendant que tu tentais de remettre la perfusion.

Le même jour tu m'as apporté un délicieux repas, que je ne voulais d'abord pas toucher, mais tu t'es rapidement dévoilé à moi, bien sûr pas inconsciemment, c'est uniquement parce que dans mon dossier tu as vu la cause de ma convalescence. Ton histoire, la mienne, elles sont si similaires, j'avais l'impression de me parler à moi-même.

Avec ton regard azuré, tu m'as envoûtée, complètement charmée, j'étais admirative de ton courage, de ta force, j'avalais tes mots comme des pilules, j'en voulais encore et toujours plus, tu me passionnais. Au fil des injections, des perfusions, un vrai lien s'était tissé, j'ai commencé à m'attacher, mais je me voulais prudente, j'avais trop souffert à cause de l'amour, toi aussi après tout, mais je ne voulais pas t'aimer. Trop de choses nous différenciaient, ça ne pourrais jamais marcher me répétais-je. " Les sentiments ça ne se contrôle pas" m'avais-tu dis, je ne te croyais pas, j'espérais que tu aies tort.

La flèche de Cupidon a traversé mon cœur, c'était déjà trop tard.

Depuis que je t'avais rencontré, ma dose quotidiennement administrée diminuait de jour en jour, je retrouvais espoir, et envie de vivre, car chaque matin, je me levais en espérant te voir directement, tu étais très souvent déjà là, à m'attendre. Un infirmier particulier, mon infirmier. J'ai commencé à être jalouse des filles à qui tu parlais, c'était complètement stupide car pour toi, elles n'étaient rien d'autre que des amies. J'agissais comme si nous étions en couple, parce que c'est ce que je voulais, je t'aimais, terriblement...

Puis, on s'est projetés, on prévoyait de se voir en dehors de la clinique, cet été, passer une semaine ensemble. Je ne sais pas trop à quoi tu pensais, si c'était ambigu pour toi, la première fois qu'on en avait parlé, je ne voulais qu'un moment entre amis, toi aussi ? Notre relation a évolué, quand on parlait par messages, les cœurs violets étaient devenus rouge sang, parfois tu glissais un "je t'aime", je ne savais pas réellement si c'est ce que tu pensais, ou si c'était une expression dans un sens amical.

Or, un jour tu m'as dit que tu voulais prendre des congés, j'allais devenir quoi moi ? Tu m'abandonnais alors que je ne pouvais pas respirer sans que tu sois là, c'était toi qui me soignais, j'allais mourir je crois bien. On s'est séparés pendant une semaine, on s'est quittés en froid, je t'en ai voulu, infiniment voulu d'être parti. J'ai cru que c'était la fin entre nous deux, je ne voulais plus te parler, plus te voir, plus t'entendre, je te détestais. T'étais devenu un monstre dans ma tête, j'étais enragée parce que je t'aimais... Pendant un instant, j'avais ressenti comme de l'énervement dans tes paroles, ma colère s'était estompée, j'avais pris peur, peur que tu hausse le ton. J'ai rendu les armes, agité le drapeau blanc, je me suis excusée, car j'étais amoureuse, que je ne voulais pas que tu me haïsse, et que tu repartes... Tout a fini, doucement, par revenir dans l'ordre, on avait retrouvé notre immense complicité, qui allait à tout jamais être scellée, plus de retour en arrière, on serait liés pour l'éternité.

Nous deux ça avait toujours été caliente, je faisais beaucoup de blagues à connotation sexuelle, et ça s'est accentué par la suite. Je ressentais ta douceur, ta tendresse, ton respect dans ta voix, et c'est pour tout ça, parce que tu étais digne de confiance, charmant, et que je t'aimais, que j'ai voulu te demander l'ultime service. Tu m'en avais déjà rendu tellement, tu as été comme une bouffée d'oxygène lorsque j'étais en train de me noyer. J'ai eu du mal à te demander, je ne voulais pas, je désirais attendre la saison estivale pour te le demander en face à face. Trop excité à l'idée de savoir, tu me posais sans arrêt des questions pour tenter de deviner, et tu as trouvé. J'étais si gênée, mais toi tu es resté si calme, si doux, si attentionné, tu m'as écoutée. J'ai réalisé que tu étais vraiment la bonne personne, l'unique, le seul à qui je pourrais le demander, je ne regrettais pas de t'avoir demandé ça. Maintenant je patiente jusqu'à ce jour où tu exauceras mon souhait, où tu me feras l'amour, le jour de ma première fois, avec toi, et je te le dirais droit dans les yeux : "Je t'aime".

L'air Humide Qui Caressait Mon Dos Cette Nuit LàOù les histoires vivent. Découvrez maintenant