Chapitre XXVII : Ce monde sans moi

30 0 0
                                    


L'école recommence, plus qu'un an à passer dans cette prison où l'on est sans cesse assis, en train d'écouter, ou du moins d'essayer, des choses qu'on ne retiendra que jusqu'au contrôle. La terminale, l'année décisive, tout nos choix, nos actes, auront une conséquence, bonne ou mauvaise, sur notre avenir. L'un des passages les plus importants est Parcoursup : plateforme d'inscription aux études post-bac. On s'approche d'un point sensible. 

Tout le monde trouve sa place. Il y a des gens qui veulent devenir médecins, ou infirmiers, d'autres banquiers, comptables, ou encore traducteurs ou professeurs... Chaque personne trouve un métier qui lui convient, qu'il soit "classique" ou un peu moins commun. En ce moment beaucoup veulent devenir des ingénieurs, il parait que c'est un métier polyvalent, il y en a besoin dans tout les domaines, alors il y a une place pour tout le monde. La plupart des gens savent dès petits ce qu'ils veulent devenir, gamins, ils rêvaient d'un métier particulier, et ils l'ont choisi, ou alors un autre de la même branche. Dans d'autres cas, ils se reconvertissent, pendant, ou après les études, certains même après avoir exercé un métier plusieurs années. Mais quelque soit leur parcours, ils trouvent ce qu'ils aiment. 

Et moi je suis au milieu, noyée dans la foule, guidée par les envies de ma famille car incapable de trouver ce que je veux devenir. J'aime plein de métiers, mais aucun assez pour le faire toute ma vie. Je voudrais être libre, mais il n'y a pas un seul métier qui me le permet. Je voudrais suffisamment d'argent pour vivre, mais ce que j'aime sont mal payés. Je voudrais un emploi, mais le chômage touche trop les secteurs que j'affectionne. Alors je vais devenir quoi ? Je vais sûrement faire des études que je n'aime pas, et trouver un métier qui ne me convient pas, mais que je vais faire sans broncher parce que j'ai besoin d'un salaire. Les gens s'indignent quand je leur dit ça, ils me répètent "Ne dis pas ça ! Tu dois faire le métier qui te plait !", or quand je leur dis "Je veux être une artiste, écrire, dessiner, être libre, m'exprimer, faire passer des messages, clamer haut et fort les valeurs que je défend, mener une vie pas comme les autres", ils rigolent et me conseillent de devenir traductrice, avocate, ou encore professeure de langues. Qui écoute mes envies ? Qui les comprend ? Personne.

Donc ma vie est tracée, je vais devenir une citoyenne lambda, je vais devenir abrutie à force de me conformer aux normes de la société, je vais abandonner mes rêves, je ne vais jamais pouvoir apporter du positif au monde comme j'aurais souhaité, je ne vais rien devenir.

Je ne veux pas d'une vie comme ça, mais on m'étouffe, on veut me faire taire, alors je pars. Puisque je ne rentre dans aucune case, que je ne trouve pas ma place ici, le monde vivra sans moi. Personne ne va me pleurer puisque personne n'aura eu le temps de me connaitre. Désolée chère Terre, je voulais devenir révolutionnaire, mais ils ont tout fait pour me faire taire.

L'air Humide Qui Caressait Mon Dos Cette Nuit LàOù les histoires vivent. Découvrez maintenant